En passant par Omenana – Anthologie

En passant par Omenana est une anthologie dirigée par Patrick Dechesne. Elle est publiée par Les vagabonds du rêve, une maison d’édition associative, expérimentale et militante, au sein du label NiFi. Le livre contient 10 nouvelles issues du magazine Omenana fondé en 2014. Omenana publie des nouvelles de science-fiction, de fantasy et de fantastique écrites sur le continent africain, par des auteurs et des autrices africaines. En plus des textes, on trouve un entretien avec Mazi Nwonzu, rédacteur en chef d’Omenana. Chaque nouvelle est accompagnée d’une notice biographique de son auteurice.

Les 10 textes proposés sont très variés. Les auteurs et autrices viennent de différents pays africains : Zimbabwe, Nigeria, Kenya, Afrique du Sud, Ouganda. Les nouvelles sont toutes récentes, et témoignent de la richesse de la littérature de l’Imaginaire sur le continent africain. On retrouve notamment Tochi Onyebuchi présent au catalogue de Albin Michel Imaginaire avec L’architecte de la vengeance. Sur les 10 textes, j’en ai trouvé 2 légèrement en dessous des autres et les 8 autres vraiment très bons. C’est anthologie est une très belle découverte pour moi, et j’espère avoir l’occasion de lire d’autres textes des écrivains présents, tellement certains sont vraiment émouvants et bien écrits. Passons au détail des textes:

Mariage (mal)heureux de Tendai Huchu: Juste avant son mariage, un jeune homme rencontre un homme plus vieux qui le met en garde contre son mariage, le prévenant que ce sera un désastre. Ne sachant comment réagir, il est encore plus surpris quand 5 minutes plus tard, le même homme mais légèrement différent lui demande de faire le contraire. La nouvelle est courte sur un thème déjà, vu mais avec de l’humour. Et ça fonctionne très bien.

Quand tombe la pluie, une nuit de lune rouge de Gbolahan Badmus : changement de ton avec ce texte assez triste dont la légende présente fait penser à celle d’Orphée et Eurydice. Un couple est confronté à la tragique perte de l’un de ses enfants, et sa mère n’arrive pas à s’en remettre.

Panaché de Gabrielle Emem Harry : une nouvelle sur l’importance des ancêtres dans la vie au travers l’histoire d’un jeune couple qui doit se marier et dont les ancêtre se détestaient. On retrouve un peu d’humour, des personnages intéressants et des coutumes locales.

Petit Bout de courage de Ada Nnadi :changement de registre avec un texte orienté Sf et un sujet plus connu, celui des pouvoirs spéciaux. Un événement a entrainé des mutations génétiques chez certains fétus, faisant apparaitre des capacités hors du commun chez eux. La narratrice a la capacité de devenir invisible à volonté. Elle se trouve dans un institut pour apprendre à gérer ses pouvoirs en compagnie d’autres personnes dans le même cas qu’elle. Une très belle histoire avec ce qu’il faut d’émotions, de réflexions et des personnages très bien construits.

Ombres, Miroirs & Flammes de Sanya Noel : une nouvelle plus sombre, où il est question d’une jeune fille qui se retrouve à aller vivre chez sa tante après que son père ait fait un coup d’état. Sa mère était partie mystérieusement, tout comme sa sœur quelques années plus tard. Les horreurs de la guerre et des régimes fascistes sont décrits dans ce texte dur mais très juste.

La Courbe de l’eau de Tiah Marie Beautement : je suis un peu passée à côté de ce texte qui parle du passage de réfugiés au travers d’étendue d’eau. Il a été finaliste du prix Nommo en 2021 ( prix récompense les œuvres de fiction spéculative écrites par des auteurs ou autrices africains, définies comme « la science-fiction, la fantasy, les histoires de magie et de croyances traditionnelles, les histoires alternatives, l’horreur et les choses étranges qui pourraient ne pas trouver leur place ailleurs)

Hurlements de Tochi Onyebuchi : une histoire assez sombre sur fond d’enquête policière autour d’une vague de morts inexpliquées liées à des enveloppes mystérieuses porteuses de cris. L’histoire est très prenante et bien écrite.

Anges en origami de Derek Lubankagene : ce texte a été finaliste Nommo 2019 et c’est mon préféré du livre. Il raconte l’histoire d’amitié de 2 jeunes garçons dont un a des pouvoirs qui doivent rester secrets. Ils vont se lancer dans un projet fou autour de l’origami pour un concours à l’école. L’histoire est superbe, tout en nuances à la fois triste et émouvante. Une réussite!

Le Donneur de nom de Lillian Akampuripa Aujo: le sujet de ce texte est assez délicat et m’a mis un peu mal à l’aise m’empêchant de vraiment rentrer dedans.

Chaperon rouge de Tariro Ndoro: une excellente nouvelle pour terminer cette anthologie avec pour thématique la violence faite aux femmes. Une enquête a lieu sur des meurtres en série, commis sur des hommes dont la violence a causé la mort de femmes.

En passant par Omenana est une anthologie de grande qualité. Les textes sont variés, très bien traduits et permettent de découvrir des auteurs peu connus dans notre pays. Une très belle initiative de la maison d’éditions Les vagabonds du rêve. Il serait vraiment dommage de passer à côté de ce livre.

Autres avis:

Auteurs: divers

Éditions: Les vagabonds du rêve

Parution : 10 mai

Sommaire

  • Entretien avec Mazi Nwonzu, rédacteur en chef d’Omenana
  • Mariage (mal)heureux (Prix Nommo 2017 – Omenana n°6, mars 2016) de Tendai Huchu (Zimbabwe) – traduit par Patrick Dechesne
  • Quand tombe la pluie, une nuit de lune rouge (Omenana n°7, août 2016) de Gbolahan Badmus (Nigeria) – traduit par Naomi Kodo
  • Panaché (Omenana n°18, juillet 2021) de Gabrielle Emem Harry (Nigeria) – traduit par Naomi Kodo
  • Petit Bout de courage (Prix Nommo 2020 – Omenana n°14, octobre 2019) de Ada Nnadi (Nigeria) – traduit par Naomi Kodo
  • Ombres, Miroirs & Flammes (Omenana, n°2 mars 2015) de Sanya Noel (Kenya) – traduit par Sandy Julien
  • La Courbe de l’eau (Finaliste Nommo 2021 – Omenana n°15,Août 2020) de Tiah Marie Beautement (Afrique du Sud) – traduit par Naomi Kodo
  • Hurlements (Omenana n°8, novembre 2016) de Tochi Onyebuchi (Nigeria) – traduit par Patrick Dechesne
  • Anges en origami (Finaliste Nommo 2019 – Omenana n°11, avril 2018) de Derek Lubankagene (Ouganda) – traduit par Sandy Julien
  • Le Donneur de nom (Omenana n°10, septembre 2017) de Lillian Akampuripa Aujo (Ouganda) – traduit par Naomi Kodo
  • Chaperon rouge (Omenana n°21, avril 2022) de Tariro Ndoro (Zimbabwe) – traduit par Patrick Dechesne

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