Érèbe de Rozenn Illiano

J’avais beaucoup aimé découvrir la plume de Rozenn Illiano avec la parution de Le phare au corbeau chez Critic. Cependant, l’autrice a écrit plusieurs autres romans en auto édition, ces livres ont la particularité de tous se situer dans le même univers appelé Le grand projet, un multivers mélangeant les genres de l’imaginaire sous plusieurs formes. La liste de tous ces ouvrages est disponible sur son site. Rozenn Illiano a récemment décidé de sortir ces livres en version numérique et a commencé par Érèbe, qui était paru en version papier en octobre 2020. La superbe couverture du roman est signée Xavier Colette, illustrateur de romans, de jeux, et jeux de rôles.

Cette fois-ci le roman nous transporte en 1888 à Paris, où l’on suit le destin de Lisbeth, jeune fille de bonne famille anglaise dont la famille a du fuir Londres quelques années auparavant. Elle vit seule avec son père après le décès de sa mère, et a l’impression d’être piégée par une vie morne dont elle ne veut pas. Mais survient alors un événement qui va bouleverser la vie de la jeune femme: d’étranges rêves qui paraissent bien réels dans un endroit étrange où elle rencontre un jeune homme prénommé Eliott. Celui-ci semble disposer des mêmes capacités que Lisbeth, et pouvoir ainsi se rendre à Érèbe, un royaume onirique qu’ils peuvent façonner selon leurs désirs. Hélas, leur rêve va virer au cauchemar quand ils se rendent compte de la malédiction qui touche leurs familles.

L’histoire met un peu de temps à se mettre en place, et la première moitié du roman se déroule sur un rythme un peu lent, presque langoureux. Ce rythme met peu à peu en place une ambiance faite de poésie, d’évasion, de froid, mais aussi d’éléments plus sombres comme si quelque chose était tapi dans l’ombre attendant son heure. Le décor est planté assez vite, c’est celui de la neige, de la solitude, des vieilles demeures familiales où on entend grincer les portes. Pour peu qu’on arrive à entrer dans cette atmosphère et ce faux rythme du départ, on s’y trouve très bien, un peu comme près d’une cheminée avec un bon livre.

Surtout que l’autrice n’a pas son pareille pour planter le décor et nous plonger insidieusement dans son histoire. Au premier abord, on pourrait se dire que tout cela a des airs de déjà vu, que l’histoire semble familière mais il n’en est rien. Rozenn Illiano tisse patiemment sa toile dans l’ombre pour mieux y emprisonner le lecteur dans son récit entremêlant les périodes de rêve et d’éveil, mais aussi les périodes. C’est cela que je trouve véritablement brillant dans ce roman, cette construction de récits imbriqués entre différentes époques qui donnent envie de comprendre, suscitent la curiosité et permettent de voir une belle galerie de personnages pris au piège.

La trame principale se déroule sur quelques mois, mais le roman dans son intégralité s’étend sur une très longue période avec des passages sur le passé des deux familles, mais aussi leur avenir probable. Ces bribes d’événements d’un autre temps permettent de mieux comprendre ce qui se déroule dans le présent, d’éclaircir certains faits, de connecter les différents protagonistes. Cette narration en forme de puzzle convient parfaitement au genre du roman, à son histoire. Le livre s’inscrit dans l’univers créée par l’autrice comme tous ses autres romans mais il est parfaitement indépendant. Ceux qui connaissent les autres ouvrages verront des liens, mais pour les autres (comme moi) l’histoire se suffit tout à fait seule.

Malgré sa relative lenteur, Érèbe est ainsi un roman qui a réussi à me séduire par sa narration et par ses inspirations qui oscillent entre Shakespeare et Edgar Allan Poe. Rozenn Illiano entremêle une belle galerie de personnages dans différentes époques assemblant le tout à la manière d’un puzzle. Une belle réussite qui donne envie de se plonger dans d’autres histoires de l’autrice.

Autres avis: le syndrome quickson, tasse de thé et pile de livres, l’ourse bibliophile, bulle de livre,

Érèbe par Illiano

Autrice: Rozenn Illiano

Auto édition

Parution: 31/10/2020, numérique décembre 2021

Paris, 1888.
Jeune fille de bonne famille, avide de liberté, Lisbeth se sent piégée dans une vie dont elle ne veut pas. Sa mère est morte quand elle était enfant, son père est froid et autoritaire, une étrange malédiction accable sa famille depuis toujours…
Alors que l’automne s’installe, des songes enchanteurs troublent son morne quotidien : elle entre dans un monde envahi par l’hiver éternel, un ailleurs où trône un splendide château blanc peuplé d’un unique habitant, Elliot, qui lui en apprend plus sur son pouvoir naissant, celui des rêves. Ainsi, chaque nuit, ils explorent Érèbe et ses merveilles, comme dans un conte de fées.
Mais les contes de fées, tout comme les rêves, peuvent vite tourner au cauchemar, et les malédictions rattrapent toujours ceux qui cherchent à les fuir…

17 commentaires

  1. je l’avais prévu pour mon ABC de l’imaginaire 2022, mais puisque tu dis qu’il est parfait pour être lu devant la cheminée, je vais me le caler pour février (sans cheminée mais je ferai comme si ^^).

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  2. Elle est chouette, cette chronique, elle rend parfaitement l’ambiance du roman ! J’ai été surprise au début de la lenteur des premiers chapitres, mais j’ai finalement été captivée par celle-ci et je suis totalement fan du puzzle qui se met en place, du jeu des personnages et des époques. Une très chouette lecture ! Et je suis impatiente de poursuivre l’exploration de son oeuvre…

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