Le Chevalier aux épines t.3 : le Débat des dames, de Jean-Philippe Jaworski

Aspect très appréciable pour une série de roman, il aura fallu attendre moins de 1 an pour avoir l’intégralité des romans contant les aventures du chevalier aux épines, dans le Vieux Royaume. Bon point par rapport à la série roi du monde, qui quoique excellente, avait trop tiré en longueur de parution… J’ai donc lu les trois livres quasiment à la suite, et je classe cette série parmi les tous meilleurs titres de fantasy française de ces dernières années. J’avais déjà dévoré Gagner la guerre, Janua vera et Le sentiment du fer, mais je mettrai celui-ci encore au dessus.

L’histoire commence donc peu de temps après la fin du tome 2 (quelques jours à quelques semaines), enfin juste le temps pour l’ost ducal de Bromaël de subir une terrible défaite qui compromet leur offensive contre les Ouromands et échoue à délivrer la ville de Vekkinsberg. Le livre s’ouvre quand le chevalier aux épines, flanqué de ses gens et des chevaliers Geriant de Froëchs et du chevalier aux pies, va pour récupérer le fils du comte de Kimmarc, Claudas, fait prisonnier dans la bataille. Mais ils découvrent bien vite que parlementer avec les hommes de Ferbasach, le chef Ouromand, est voué à l’échec. Ils s’en retournent donc au travers de contrées ravagées par la guerre prendre de nouvelles instructions auprès du comte de Kimmarc, non sans avoir ramené avec eux un prisonnier bien singulier, un prêtre croisé dans le premier tome par Aedan de Vaumacel.

Après un tome 1 reposant sur la chevalerie, l’honneur, et le quotidien d’un moyen-age presque normal, un tome 2 laissant place aux fourberies, manipulations et autres forfanteries, quid du tome 3 ? Le cadre est beaucoup plus lourd, austère, lié à la guerre, aux raids, aux massacres lié à une guerre de territoire entre Ouromands et Bromaël, mais aussi à une guerre quasi fratricide menée par Méléagant de Vayre pour venger l’attentat contre sa mère. Les campagnes et villages sont désolés, pillés, la population survit à peine, les membres des cultes, spécialement celui du desséché, sont massacrés avec la plus grande cruauté. Les protagonistes se déplacent au gré des incendies, entre les places fortes, toujours sur leurs garde. Quant aux châteaux, ils grouillent de monde, de soldats, de problèmes d’intendance, dans le froid et l’humidité. Bien loin des images d’Épinal du moyen-âge! Au fait, on devine très vite quelles sont les deux dames du titre…

On redécouvre avec plaisir le chevalier aux épines, toujours aussi (trop?) droit, ses suivants, et quelques chevaliers croisés durant le tournoi de Lyndinas. On apprend à connaître les Oroumands, troupe de morceaux de bidoche musclés, impitoyables, et visiblement assez limités au niveau intellect, excepté leurs chefs, en particulier. De véritables barbares qui se moquent des calculs et stratégies des dirigeants du vieux royaume. On fait enfin connaissance avec le comte de Kimmarc, qui arrive à imposer le respect et confie une mission de la dernière chance à Aedan de Vaumacel. C’est lors d’une audience avec le comte que le prêtre libéré va s’ouvrir, et livrer une confession chamboulant l’histoire du royaume !

Jean-Philippe Jaworski arrive une nouvelle fois à nous immerger dans son univers tellement cohérent, et nous fait avancer plus avant dans son histoire, ses légendes, ses luttes ancestrales qui ont abouti à son organisation actuelle. Dans un style toujours aussi fluide que recherché, il image à la perfection le déroulement des scènes de voyage aussi bien que de combat. Les 100 dernières pages du livre sont d’une intensité assez rare. Au niveau de l’intrigue, le lecteur s’imagine souvent avoir compris telle ou telle chose, mais bien malin qui peut prévoir ce qu’il va se passer 50 pages plus loin : on se fait des hypothèses sur plein de mystères à élucider, mention spéciale au récit du prêtre, mais l’auteur va jouer avec son lecteur tout au long du livre. On peut même dire que le narrateur joue aussi avec ses lecteurs. Le roman lève le voile sur presque toutes les interrogations des tomes précédents, on en apprend plus sur le chevalier aux épines et les aventureux du bois oiselé, et les liens à leur dame. Alors certes on ne sait pas comment se passent les événements de l’Histoire de la guerre contre les Ouromands, mais l’essentiel n’est pas là… on sait pourquoi les événements ont eu lieu et qui tire certaines ficelles.

Ce tome 3 conclut donc avec brio une superbe série de chevalerie médiévale. On se laisse absorber par ce monde, ses personnages, ses guerres, et on découvre l’enchaînement des événements qui poussent le chevalier aux épines à composer avec des objectifs contradictoires, mais il reste toujours identique à lui-même : le chevalier droit dans ses bottes à l’éthique absolue.

Autres avis: Boudicca,

Auteur: Jean-Philippe Jaworski

Éditions: Les moutons électriques

Parution: 24 janvier 2024

La conclusion de la trilogie !

Profitant des querelles au sein de la famille ducale, les clans d’Ouromagne ont pris l’initiative de la guerre contre le duché de Bromael.

Le chevalier de Vaumacel, entraîné dans ces conflits, est impliqué dans les pourparlers entre les camps. Cependant, il n’abandonne pas le dessein de restaurer son honneur et celui de la duchesse déchue, au sujet de laquelle courent les rumeurs les plus contradictoires. Ædan de Vaumacel compte encore sur l’appui des Aventureux du Bois oiselé, qui se prêtent toutefois à un jeu équivoque entre les partis en présence…

Ceux-ci sont peut-être plus nombreux qu’il n’y paraît : dans l’ombre, sont tissés de subtils enchantements où transparaissent l’influence d’un culte interdit, la mémoire d’un mage disparu et la main d’une belle dame sans pitié.

3 commentaires

  1. Moi la fin m’a énormément frustrée, je m’attendais à en apprendre beaucoup plus sur le conflit en cours et j’ai trouvé ça trop abrupte (et puis je m’attendais à revoir un peu Benvenuto). Mais je suis d’accord avec toi sur tout le reste 😉

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    • Merci pour ton retour. J’avais vu ton avis déjà alors que je terminais ma lecture. Mais le manque de réelle conclusion pour l’arc historique était à prévoir, je m’étais fait à l’idée très tôt que l’on ne saurait pas plus comment la campagne militaire se terminerait. Benvenuto était plus pour moi un gros clin d’oeil, du fan service rondement mené. Et il a déjà fait assez de mal comme cela 😉
      Je pense que l’auteur en profitera pour réécrire dans les nombreuses éllipses et arcs ouverts par ces 3 textes. Une super lecture en tout cas pour moi.

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