Et si Napoléon….

J’ai eu envie de lire ce livre beaucoup plus par curiosité et pour les auteurs proposés que pour l’attrait purement historique contrairement à Lhotseshar qui est un féru de l’époque et a de plus grandes connaissances historiques que moi. J’aime beaucoup l’histoire et la fantasy historique mais j’avoue que mes connaissances sur Napoléon flirtent avec le ridicule. Du coup, lire cette anthologie était un peu un défi pour moi. C’est aussi pour cela que j’ai trouvé intéressant d’en faire une chronique qui sera forcément différente de celle de mon chéri et apportera un point de vue à ceux qui ont des connaissances très relatives sur le sujet.

Et si Napoléon est une anthologie de nouvelles uchroniques dirigée par Stéphanie Nicot. Il y a 13 textes de 12 auteurs pour une autrice. Pourtant, Stéphanie Nicot a contacté d’autres autrices qui n’ont pas pu ou pas été intéressées. Les nouvelles sont regroupées en 3 thématiques majeures et une nouvelle à part, la dernière, de Michael Roch. Je ne parlerais pas en détail de tous les textes car certains m’ont assez peu marqué mais tous sont intéressants à lire pour découvrir une nouvelle plume ou voir à quelle sauce Napoléon sera mangé. En effet, parmi les 13 textes, il n’y en a aucun que j’ai trouvé inintéressant, ils sont tous agréables à lire, et montrent une facette historique particulière, bien que certains éléments reviennent forcément. Dans sa globalité, cette anthologie est vraiment d’un très bon niveau, l’objet livre est beau avec des éléments sur les différents auteurs. Mention particulière à la nouvelle de Jean-Laurent Del Socorro pour avoir donné des éléments d’histoire en parallèle de son texte, ce qui permet de savoir où se situe vraiment l’uchronie. J’aurai aimé que cela se retrouve sur d’autres textes, cela aurait été utile pour les novices comme moi.

La première partie est L’empire vainqueur et contient quatre textes. Laurent Poujois ouvre le bal avec Au service secret de l’Empire, un texte sympathique qui vaut surtout pour sa fin mais où l’empereur est somme toute assez secondaire. La dynamique de la révolution de Jean-Claude Dunyach est un excellent texte, un poil trop court mais très abordable, où Lavoisier est un inventeur de génie et change la donne du destin de Napoléon. Vient ensuite, la nouvelle la plus longue et une des meilleures sans conteste, La Nouvelle campagne de Russie de Fabien Cerutti. Quel plaisir de retrouver la plume de l’auteur qui nous donne un cours d’histoire sur une version alternative de la campagne de Russie. Là où c’est vraiment fabuleux, c’est quand l’auteur met en scène l’entourage de Napoléon avec sa sœur et Lafayette. Une belle manière de parler des dessous de la politique et de l’histoire. Franchement, j’en redemande! Johan Heliot conclu cette première partie avec un texte hors norme, L’empereur d’un autre monde, dans lequell nous offre de l’horreur historique. J’ai adoré le concept de l’histoire, vraiment génial mêlant horreur cosmique et histoire.

La seconde partie : L’empire toujours propose trois textes, elle m’a beaucoup moins convaincue. La nouvelle de Silène Edgar est émouvante mais ne m’a pas trop marquée. Je suis passée complétement à côté du texte de Jean-Philippe Jaworski à mon grand désarroi. La plume de l’auteur est toujours de qualité mais il faut de grandes connaissances historiques pour bien saisir le texte et du coup je n’en ai pas vraiment vu l’intérêt. La nouvelle Crassus et Auguste de Thibaud Latil-Nicolas demande aussi des connaissances historiques mais est beaucoup plus abordable. L’écriture est dynamique, l’auteur va loin dans l’uchronie en imaginant une Europe remodelée. Une nouvelle vraiment agréable à lire pour les connaisseurs et les moins connaisseurs.

La troisième partie L’empire s’efface contient cinq textes. Parmi ses 5 textes, je retiens surtout ceux de Victor Dixen et Jean-Laurent Del Socorro. Victor Dixen dans Cent-Jour sans lui change de registre par rapport aux autres textes et nous propose un texte fantastique plein d’émotion et de poésie qui tourne autour de l’idée des cent jours. Un très beau texte avec une belle idée. L’Horatius Coclès du Tyrol de Jean-Laurent Del Socorro est un exemple à suivre en matière d’uchronie, un texte abordable par tous et qui offre aussi un beau point de vue pour les plus aguerris. Napoléon est en concurrence avec le général Dumas, le papa du papa des trois mousquetaires dans notre histoire. Un texte toujours très bien écrit et construit, aux connaissances solides, un vrai régal!

Michael Roch avec Rêves d’égalité conclue cette anthologie avec un texte de science fiction sur les voyages dans le temps, l’abolition de l’esclavage et Haïti. Le texte n’est pas toujours clair mais est très original et agréable à lire. Les 13 textes sont complétés par une préface signée Stéphanie Nicot et une postface de Bertrand Campeis et Karine Gobled qui fait le point sur le sujet de Napoléon et l’uchronie.

Cette anthologie est ainsi une très agréable surprise pour moi. Les connaissances historiques sur la période sont certes un avantage indéniable pour mieux cerner les différents textes. Cependant, on peu prendre plaisir à la lire et à voir l’imagination des différents auteurs sur le thème, même sans trop de notions sur cette période historique. Il aurait été toutefois de bon ton de rajouter quelques faits historiques avec les textes, histoire de mieux comprendre le jeu avec l’Histoire.

Autres avis: Lhotseshar, Aelinel, Le post-it sfff, à la croisée des pages,

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En papier

Treize récits d’uchronies napoléoniennes : Ugo Bellagamba • Armand Cabasson • Fabien Cerutti • Jean-Laurent Del Socorro • Victor Dixen • Jean-Claude Dunyach• Silène Edgar • Jean-Philippe Jaworski • Johan Heliot • Raymond Iss • Thibaud Latil-Nicolas • Laurent Poujois • Michael Roch

Anthologie dirigée par Stéphanie Nicot.

Édition: Mnémos

Parution: 11/06/21

Né le 15 août 1769 à Ajaccio et mort le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène, Napoléon est une figure contestée, mais incontournable, de l’histoire de France. Douze auteurs et une autrice (les femmes ne lui ont pas pardonné leur statut d’éternelle mineure inscrit dans le Code civil !) ont donc relevé un défi digne du bicentenaire : raconter des histoires alternatives à celle que nous connaissons, qu’il s’agisse d’un Empire qui se survit un temps (« La Nouvelle campagne de Russie », « Crassus et Auguste », « Tout se distille », « Implacable Clio ») ou d’un songe qui passe (« L’Horatius Coclès du Tyrol », « Le dernier rêve de Napoléon », « Cent-Jours sans lui », « Dernier soleil »). Adepte des armes de destruction massive (« Au Service Secret de l’Empereur », « La Dynamique de la révolution »), mais aussi pharaon d’Égypte (« Mémorial de Philæ »), fan de rencontre du troisième type (« L’Empereur d’un autre monde ») ou défenseur des droits humains (« Rêves d’égalité »), Napoléon est vraiment, grâce à la fine fleur de l’uchronie, dans tous ses états !

Cette chronique fait partie du challenge estival S4F3

9 commentaires

  1. Ah! celui-ci, je le souhaite. En plus Napoléon…. Même si le regard porté sur l’Empereur aujourd’hui est teinté d’anachronisme (crasse), d’un détachement du contexte historique et des moeurs d’alors. Mais, le recueil semble fort captivant malgré mes toutes petites réserves.

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  2. En effet nos ressentis sont un peu moins proches que d’habitude mais on est tout de même d’accord sur la qualité globale de l’anthologie 😉 C’est bien aussi d’avoir le point de vue de quelqu’un qui ne connaît pas trop la période.

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  3. Chouette chronique, c’est vrai que la nouvelle de Fabien Cerutti est l’une des meilleurs, je l’ai encore en tête.
    Cette anthologie est vraiment est bonne idée, sur un personnage historique de l’histoire de France (que l’on n’aime ou pas d’ailleurs), sympa la photo sur les remparts de St Malo.

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