Du thé pour les fantômes – Chris Vuklisevic

Déguster un bon thé avec une cuillère de miel (celui de Lutin 82 est un régal) est un véritable plaisir. Le faire en lisant un bon roman est une merveille, notre esprit voyage en compagnie des saveurs du breuvage, dans des contrées lointaines en compagnie des personnages. Alors prenez le temps, posez vous autour d’une bonne théière pleine de thé et écoutez l’étrange histoire racontée par Chris Vuklisevic. Cette dernière est une conteuse hors pair, elle a d’ailleurs remporté le concours organisé pour les vingt ans de la collection Folio SF avec Derniers jours d’un monde oublié . Approchez, venez profiter du moment, laissez vous porter par les mots au milieu de la Provence, près de Nice, à une époque pas si lointaine où on offrait aussi Du thé pour les fantômes.

Maintenant que vous êtes assis bien confortablement, laissez votre esprit s’évader dans la Provence d’antan, dans un petit hameau perdu dans les collines lointaines de Nice appelé Bégoumas, charmant nom qui fleure bon le Sud de la France. C’est dans ce cadre particulier que deux sœurs jumelles, Félicité et Agonie, deux filles de berger, voient le jour. Les deux sœurs ont grandi dans ce coin pittoresque, mais malgré leur lien de jumelles tout les sépare, à commencer par la relation avec leur mère. Leurs vies vont être bien différentes, mais elles vont être réunies par le décès brutal de leur génitrice, 30 ans après s’être perdues de vue. Félicité est devenue passeuse de fantômes, elle aide les morts à terminer ce qu’ils voulaient faire ou dire pour leur permettre de disparaître réellement. Si elle veut aider sa mère à passer de l’autre côté, il lui faut trouver son fantôme, et pour cela requérir l’aide de sa jumelle. Ensemble, elles vont essayer de connaître cette femme mystérieuse, qui a aimé l’une de ses filles et rejeté l’autre.

Du thé pour les fantômes est un récit à déguster comme une tasse de thé. On en découvre les saveurs petit à petit, l’odeur en premier puis le goût tout doucement ( c’est très chaud au début), avant de nous envelopper de bien-être. L’histoire en elle-même est assez simple : il s’agit de la quête de 2 sœurs que tout sépare depuis leur naissance, de leur relation, de leur lien avec leur mère et de la vie de celle-ci. Mais ce qui fait le sel du roman est la narration si particulière et la plume de l’autrice. Chris Vuklisevic a choisi une narration non linéaire qui apporte beaucoup de charme à cette histoire. A cela s’ajoute les beautés des paysages du Sud, avec leurs caractéristiques bien particulières que fait si bien ressortir Chris Vuklisevic et dont elle tire parfaitement partie. Il suffit de fermer les yeux pour se laisser porter dans ces paysages si typiques de la région niçoise, d’arpenter les collines de Bégoumas. L’histoire des deux jumelles est aussi particulièrement touchante, pleine de non-dits, de sentiments refoulés. La plume de l’autrice se fait tour à tour poétique, envoutante, presque théâtrale par moments. Elle offre un récit très immersif en déployant un cadre si unique, plein d’étrange-thés, et porté par un narrateur mystérieux dont on se demande longtemps l’identité.

Du thé pour les fantômes est une histoire autour du lien familial, du passé, une histoire toute en nuances. Un roman porté par la superbe plume de Chris Vuklisevic et une narration qui brouille les pistes. Un récit qui s’infuse pendant quelques heures et offre une belle évasion, un superbe voyage tout comme une tasse de bon thé.

Autres avis: Boudicca,

Autrice: Chris Vuklisevic

Éditions: Denoël collection Lunes d’encre

Parution: 03/05/2023

Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes.
Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles.
Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre.
Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire.
Que voulait-elle révéler avant de mourir ?
Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ?
Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almeria, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux.

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