Festin de larmes – Morgane Caussarieu et Vincent Tassy

Morgane Caussarieu et Vincent Tassy, auteurs spécialistes des vampires, avaient déjà collaboré ensemble sur le thème du vampire pour un pastiche humoristique Entretien choc avec un vampire en 2022. Ils reviennent pour un nouveau roman écrit à 4 mains, toujours chez Actusf, Festin de larmes. L’objet-livre est de toute beauté. Morgane Caussarieu signe l’illustration de couverture et les illustrations intérieures. De plus, l’ouvrage est proposé avec une couverture cartonnée, un superbe jaspage et un signet rouge. Il est également complété par une préface de Barbara Sadoul et une postface d’Adrien Party.

Le récit prend la forme d’une narration épistolaire, d’un témoignage offert à un destinataire inconnu par Aubrey Clare en 1856 à la Nouvelle-Orléans. Aubrey Clare va raconter différents événements qui se sont produits, avec pour point de départ le décès de sa sœur jumelle. Lors d’une séance de spiritisme en compagnie de sa mère, il fait la connaissance d’un homme fascinant, Tristan Vardalec, que tout le monde surnomme le marquis. Ce dernier va devenir intime avec la famille d’Aubrey, passant voir sa mère chaque soir. Peu à peu, cette dernière commence à dépérir et à présenter d’inquiétants symptômes d’une maladie qui a déjà fait des victimes.

La relation entre le marquis et Aubrey passe par différentes phases. Aubrey est inquiet, puis peu à peu fasciné par Tristan et ses mystères. Aubrey offre sa vérité dans ses lettres et explique tout ce qu’il a vu du marquis, ce qu’il a fait. Il y parle aussi de ses désirs dans une confession sous forme de mise en garde. Le marquis apparaît comme un être manipulateur et fascinant, profitant des autres sans vergogne. Au contact du marquis, Aubrey va changer, prenant conscience de ses désirs profonds.

Avec ce livre, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy rendent hommage aux classiques de la littérature d’horreur. On retrouve Dracula de Bram Stoker pour le format épistolaire et certains personnages (le maître de piano fait penser à Van Helsing). La relation entre Aubrey et Tristan évoque celles des vampires d’Anne Rice, ainsi que la ville où se déroule l’histoire. On pense aussi au Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde pour les soirées décadentes de la bourgeoisie.

Cependant, les deux auteurs arrivent à produire une histoire originale, en grande partie par la nature du monstre présent. Le mot vampire n’est jamais employé, on parle de créature, de mots anciens. Le monstre se nourrit des sentiments de ses victimes, de leurs larmes et de leurs fluides humains. Il est expert en manipulation, avec les mots, et trouve les faiblesses de tous pour mieux les exploiter. L’utilisation de la mythologie est aussi fascinante, et permet de réinventer les origines de la créature de très belle manière. L’entité de ce roman apparaît véritablement monstrueuse, mais aussi terriblement humaine par ses désirs et ses origines.

Un autre fait important du récit est la fiabilité de son narrateur. On découvre que Aubrey n’est pas la seule personne écrivant le récit du roman. Cette narration entraîne des questionnements sur la fiabilité de ce qui nous est raconté, sur les différents témoignages. Aubrey a des absences, met en garde son destinataire tout en vantant les qualités de Tristan, relate des faits qui sont niés par d’autres par la suite. Le lecteur peut ainsi douter de sa santé mentale, se questionner sur ses désirs et sur la réalité de ce qu’il raconte.

Festin de larmes est ainsi un ouvrage qui rend hommage aux classiques de la littérature gothique horrifique, tout en réinventant les codes et origines du vampire. L’esthétique et l’ambiance gothiques sont parfaitement maîtrisés, jusque dans les illustrations qui parsèment le livre. La violence est bien entendu présente mais elle n’est jamais gratuite et permet de caractériser le monstre et l’emprise qu’il exerce sur les autres. Une magnifique réussite du genre servie dans un superbe écrin.

Autres avis: Gromovar,

Auteurs: Morgane Caussarieu et Vincent Tassy

Éditions ActuSF

Parution:24/04/2025

Aubrey Clare a tout perdu. Sa sœur est morte de maladie, son père s’est réfugié dans des paradis artificiels et sa mère dépérit. Elle ne semble revivre que lorsqu’elle reçoit un bien mystérieux marquis le soir…

6 commentaires

  1. J’ai eu du mal à entrer dans le récit. Trop timide pour moi au début. Puis l’incident avec Dorothée arrive, la découverte du jardin de Tristan et l’intensification de sa relation avec Aubrey. J’ai adoré le mélange lettres / dessins. J’ai adoré la place des fluides et quels fluides ! Mais que c’était malaisant sur certaines scènes qui résonnaient avec l’actualité judiciaire… T.T

    Mais que c’était bon !

    Aimé par 1 personne

Répondre à Lullaby Annuler la réponse.