Le privilège de l’épée de Ellen Kushner

En 2019, les éditions Actusf avait offert une très belle réédition au roman À la pointe de l’épée de Ellen Kushner en l’accompagnant de 5 nouvelles. Cette année, l’autrice est venue aux Imaginales et un nouveau livre dans le même univers est paru au même moment, Le privilège de l’épée, toujours chez Actusf. Le livre est paru en 2006 et a obtenu le prix Locus du meilleur roman de fantasy en 2007. Les deux livres sont parfaitement indépendants même si on retrouve des personnages. La traduction est de Patrick Marcel.

L’univers dans lequel se déroule ce roman est de la fantasy, mais sans magie, ni créatures surnaturelles, il est qualifié ainsi parce que c’est une invention de l’autrice. Elle s’est inspiré notamment de l’Ancien Régime français. La mentalité y est plus libre au niveau des mœurs, mais pas pour les femmes, dont le destin est de se marier la majorité du temps. C’est une société patriarcale. Dans cet univers, en cas de conflit dans la noblesse, il est courant de faire appel à des duellistes pour les régler, comme on a pu le voir avec le personnage de Saint-Vière dans À la pointe de l’épée. La ville principale où se situe l’histoire est divisée en 2 parties bien distinctes: la Colline où habitent les riches, et les Bords-d’eau, c’est à dire les quartiers mal famés. Katherine, âgée de 15 ans, habite à la campagne avec sa mère. Elles reçoivent une lettre du frère de sa mère qui va bouleverser sa vie, forçant sa mère pour régler des problèmes financiers à envoyer la jeune femme vivre chez son oncle en ville. En effet, celui-ci a des projets pour elle, le « Duc Fou de Trémontaine », comme il est surnommé, veut faire de Katherine une bretteuse, une duelliste et son garde du corps personnel. La jeune fille va alors découvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence, fait de luttes de pouvoir, de manigances politiques et de duels de rapière.

L’intrigue se situe après les événements racontés dans À la pointe de l’épée, mais on arrive tout à fait à comprendre les relations entre les personnages sans l’avoir lu auparavant. L’histoire se concentre surtout sur Katherine, mais le Duc a également une grande importance. J’avoue avoir beaucoup aimé son évolution depuis le précédent roman et la manière dont Ellen Kushner a construit ce personnage. Les personnages sont d’ailleurs la grande force de cette histoire, ils sont particuliers, proches de notre époque tout en étant bien dans la leur. Katherine est une femme forte qui évolue beaucoup tout au long du récit. Ainsi, c’est au début une jeune femme qui a grandi à la campagne, elle est bien éduquée comme une jeune fille doit l’être et innocente des mœurs de la ville. Puis elle va apprendre à connaitre la vie en ville, et devoir prendre des leçons d’escrime, ce qui va la faire considérablement murir.

Le privilège de l’épée est un roman d’apprentissage, de cape et d’épée. L’autrice traite de thématiques importantes de manière intelligente et subtile. Elle y aborde l’homosexualité sans tabou, parle également de viol et de folie. C’est un roman féministe qui montre que l’on peut concilier combat et le fait d’être féminine. Mais tout ne se joue pas du côté du personnage de Katherine. Artemisia Fitz-Lévy, une jeune femme du même âge que Katherine, est une mondaine qui rêve de trouver le mari parfait mais va se retrouver en fâcheuse posture, victime de comportement inqualifiable de la part d’un homme, mais aussi de ses parents. A travers ce personnage, on s’aperçoit que la femme à cette période n’avait quasiment aucun droit ou presque. Katherine apparait avoir encore plus un destin exceptionnel.

Le privilège de l’épée est ainsi une belle réussite à mettre au crédit d’Elle Kushner. C’est un roman brillamment construit et porté par une plume fluide et agréable. L’autrice dresse de très beaux portraits dans une société inspirée de l’Ancien Régime français.

Autres avis: Ombrebones,

Autrice: Ellen Kushner

Édition: Actusf

Parution: 20/05/2022

Derrière ses salles de bal et ses boudoirs, Bords-d’Eaux dissimule ses luttes de pouvoir, entre manigances politiques et duels de rapière. Katherine se retrouve plongée dans cet univers quand elle arrive de sa campagne chez son oncle, le « Duc Fou de Trémontaine » . Auprès de lui, elle va comprendre que les règles sont faites pour être brisées. Katherine délaisse alors la voie du mariage qu’on voudrait la voir suivre pour lui préférer celle de l’épée et de ses privilèges.
Elle Kushner est une autrice américaine de fantasy acclamée pour sa série Tremontaine. Avec Le Privilège de l’épée, prix Locus du meilleur roman de fantasy, elle nous offre un récit indépendant qui nous replonge dans l’univers de A la pointe de l’épée.

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