Galeux de Stephen Graham Jones

Galeux (Mongrels en VO en 2016) est le premier roman de Stephen Graham Jones traduit en France. Pourtant l’auteur amérindien a écrit de nombreux romans depuis l’an 2000. Un nouveau roman de l’auteur sera traduit en France chez Payot et Rivage, Un bon indien est un indien mort, en septembre prochain. Galeux a été nominé pour le prix Bram Stoker du meilleur roman en 2016. La traduction est de Mathilde Montier, connue pour celles des romans de P. Djèlí Clark.

Le galeux est un jeune garçon qui restera anonyme tout au long du roman. Nous le suivons dans ses pérégrinations à travers les routes du Sud des États-Unis, accompagné de son oncle Darren, et de sa tante Libby. Darren et Libby sont les frère et sœur jumeaux de la mère du galeux, décédée à sa naissance. L’errance des 3 personnages commence à la mort du père de Darren et Libby, un homme étrange prématurément vieilli et aux histoires fantasques sur les loups-garous. Il prétendait en être un, tout comme ses enfants, et racontait des tas de récits à son petit-fils sur sa véritable nature. En grandissant, le galeux n’attend qu’une chose : sa première métamorphose en loup-garou qui semble tarder à arriver.

Les déménagements successifs de la famille sont expliqués par la nature de ses membres, qui empêchent la famille de se stabiliser à un endroit plus de quelques mois. L’histoire est racontée de manière non linéaire, en alternant des chapitres assez long à la première personne racontée par l’enfant grandissant au fil du roman, et des chapitres plus courts à la troisième personne. Cette narration permet d’entretenir le flou sur ce qui se passe réellement, de se demander si la vision d’un petit garçon qui baigne dans les histoires de son grand-père n’est pas faussée. Dans les souvenirs du narrateur, sa famille passe plus de temps en loup qu’en humain. Ils lui apprennent leur vécu, leurs histoires et tout ce qui lui permettra de survivre parmi la jungle des hommes.

Les loups-garous sont au centre du roman, pourtant on en apprend assez peu au final sur eux. Ils ont leurs règles, leurs vies faites de voyages, de petits boulots, de combats, d’odeurs et de chaos. Ils vivent en marge des autres, dans l’incertitude la plus totale. A travers ces loups, Stephen Graham Jones décrit la société américaine avec ses laissés-pour-compte, ses marginaux. Avec ce personnage d’enfant devenant adolescent, on se questionne sur les choix de vie, entre suivre la meute humaine ou celle des loups libres. Ces choix se reflètent dans les personnages qui croiseront la route du galeux. Des personnages avec leurs faiblesses, leurs caractères, leur humanité et leur animalité. Ils offrent une version autre des loups-garous. Le rythme du roman est parfois un peu lent et le récit prend vraiment son ampleur dans le dernier quart du livre, l’histoire ayant un peu tendance à être redondante par moments.

Galeux est ainsi un roman sur la quête d’un jeune garçon, sur ses questionnements face à sa nature profonde. Il réinvite avec brio le mythe du loup-garou tout en l’humanisant. Il parle de passage à l’âge adulte, du fait d’être différent, de ne pas faire partie de la meute humaine.

Autres avis: Just A Word, Outrelivres, Touchez mon blog, le chroniqueur, mondes de poche,

Auteur : Stephen Graham Jones

Traduction: Mathilde Montier

Édition : Pocket

Parution: 07/04/2022

« Mon grand-père était un loup-garou. »
Les loups-garous existent-ils ? En tout cas, son grand-père en connaît, des anecdotes et des histoires fantastiques sur eux. Mais lui, l’enfant de dix ans, ne parvient pas encore à savoir s’il s’agit de légendes familiales issues des divagations de son Grandpa ou la réalité. Pourtant, la nature sauvage de son oncle Darren, la protection animale de sa tante Libby et les événements étranges qui les ont jetés sur la route semblent hurler le contraire.
À mesure que les années passent, le jeune narrateur anonyme sent que derrière les contes se cache la vérité de sa condition. Alors, pourquoi lui ne se transforme-t-il pas ? Et comment trouver sa place dans cette société américaine qui rejette à la marge les pauvres, les anormaux… les galeux ?

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