Celui qui hantait les ténèbres – Gou Tanabe

Gou Tanabe continue sa série d’adaptation dans la collection Les chefs-d’œuvre de Lovecraft, avec cette fois une double adaptation: celle de Dagon et de Celui qui hantait les ténèbres. Malgré la présence de deux textes, cette adaptation est la plus courte en nombres de pages avec 160 pages. Il est intéressant de voir ces deux textes regroupés, Dagon étant le premier publié par Lovecraft de manière professionnelle dans The Vagrant, en novembre 1919 puis dans Weird Tales, en 1923 alors que Celui qui hantait les ténèbres est le dernier écrit par Lovecraft et publié dans Weird Tales en décembre 1936.

Dagon est une nouvelle très courte, également adapté par Armel Gaulme dans Les Carnets Lovecraft. L’histoire est assez simple et contient peu d’éléments de la mythologie lovecraftienne, hormis Dagon qu’on retrouvera dans Le Cauchemar d’Innsmouth. A la fin de sa vie, un homme couche par écrit ce qui lui est arrivé lors de la Première Guerre mondiale. Après avoir été fait prisonnier par les allemands, il réussit à s’évader à bord d’un petit bateau avec des vivres et de l’eau. Après avoir dérivé, il finit par échouer dans un endroit inconnu au sol visqueux et jonché de cadavres de poissons où se terre une horrible créature. Cette rencontre le marque pour toujours. Seul le narrateur est témoin des évènements qu’il relate et on ne peut pas savoir si ce qu’il raconte est réel ou le fruit d’un mirage et de son esprit mis à rude épreuve par sa fuite éperdue en pleine mer. L’adaptation par Gou Tanabe est réussie mais le texte étant assez court, elle laisse assez peu de matériel à exploiter par le mangaka.

Avec les titres français des nouvelles de Lovecraft, on a parfois l’impression d’avoir des titres français d’épisodes de Friends : Celui qui chuchotait dans les ténèbres ou Celui qui hantait les ténèbres. Celui qui hantait les ténèbres, dont le titre original est The Haunter of the Dark se déroule à Providence, ville où vécut Lovecraft la majorité de sa vie. Robert Blake, écrivain et peintre, vient d’emménager dans un petit appartement en hauteur. De sa fenêtre, il a une superbe vue sur la ville. Les premiers jours se passent bien, l’homme retrouvant l’inspiration. Puis, peu à peu, Blake devient obsédé par le clocher d’une église abandonnée qu’il observe longuement depuis chez lui. Il se décide à aller trouver cette église et apprend son sombre passé. Pour son malheur, il décide tout de même de l’explorer.

Ce texte est un des plus réussis de Lovecraft avec une montée en puissance de l’angoisse. On y trouve différents éléments de sa mythologie et un fait amusant, le nom du protagoniste principal. En effet, il s’inspire directement de Robert Bloch, écrivain, ami et correspondant de Lovecraft. Robert Bloch avait auparavant créé un personnage du nom de Lovecraft qu’il avait tué en 1935 dans The Shambler from the Stars, Le Visiteur venu des étoiles en français. D’ailleurs le personnage principal fait penser à l’écrivain de Providence par plusieurs côtés.

Cette nouvelle se déroule entièrement en décor urbain, ce qui est nouveau par rapport aux précédentes adaptations de Gou Tanabe. Le mangaka s’en tire avec les honneurs surtout dans les plans où l’on voit la ville en entier. L’église est particulièrement réussie également, offrant un décor terriblement angoissant. Ce texte est parmi les plus effrayants de l’auteur, avec une atmosphère noire où on sent l’inéluctabilité de ce qui arrive. C’est sombre, terrifiant et particulièrement bien adapté et reconstitué dans les dessins de Gou Tanabe.

A la lecture de cette nouvelle adaptation, on ne peut que souhaiter que Gou Tanabe continue sur sa lancée et nous régale encore d’autres textes de HPL.

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Autres avis: L’épaule d’Orion,

Auteur : Gou Tanabe

Éditeur: Ki-oon collection Les chefs-d’œuvre de Lovecraft

Publication : 4 mars 2021

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