Les Carnets Lovecraft : Dagon – H.P. Lovecraft, Armel Gaulme

dagon

Bragelonne avait produit de nouvelles traductions de nouvelles de Lovecraft ces dernières années, suite à la tombée de l’œuvre de l’écrivain de Providence dans le domaine public. Vu l’engouement général pour cet auteur depuis quelques temps, ils continuent sur leur lancée avec des versions illustrées à la manière d’un journal de bord de certaines nouvelles. La première de cette collection « Les carnets Lovecraft » est ainsi Dagon. La Cité sans nom suivra le 16 octobre sur le même format.

L’illustrateur de cet ouvrage est Armel Gaulme. C’est lui qui est à l’origine de ce projet, comme il l’explique dans la postface de l’ouvrage. Il explique avoir commencé à illustrer Lovecraft avec Le cauchemar d’Innsmouth lors de ses études. Armel Gaulme est un illustrateur diplômé de Penninghen-Académie Julian. Il est passionné par Lovecraft depuis longtemps, aussi Les Carnets Lovecraft il a pu concilier cet intérêt avec son goût pour les carnets de croquis.

L’objet livre est de belle qualité, avec une couverture cartonnée d’un joli bleu, et du papier épais. Rien à redire là-dessus. Par contre, le prix du livre est exagéré : 15.90 euros pour un livre aussi court (le texte fait 8 pages en édition grand format…). À titre de comparaison, le manga Les Montagnes hallucinées de Gou Tanabe est à 15 euros (certes il y a 2 tomes) et le travail demandé pour les deux ne me semble pas équivalent. On peut aussi citer le livre l’Appel de Cthulhu illustré par François Baranger ou Un voyageur en Terre du Milieu : mon carnet de croquis de Cul-de-sac au Mordor de John Howe, qui pour 23-24 euros proposent un contenu autrement plus conséquent. Une édition avec d’autres œuvres illustrées de la même manière aurait sans doute été plus attrayante…

Dagon est une courte nouvelle écrite par Lovecraft en juillet 1917. Elle a été publiée en novembre 1919 dans le magazine The Vagrant. Elle a ensuite été publiée une nouvelle fois dans Weird Tales en octobre 1923 puis en janvier 1936. L’histoire est assez similaire à d’autres textes de Lovecraft, même si elle est moins marquée par la mythologie de l’auteur. Un homme, avant de mourir, choisit de raconter ce qui lui est arrivé lors de la Première Guerre mondiale. Après avoir été fait prisonnier par les allemands, cet homme réussit à s’évader à bord d’un petit bateau avec des vivres et de l’eau. Il finira par échouer dans un endroit inconnu au sol visqueux et jonché de cadavres de poissons où se terre une horrible créature. Celle-ci n’est jamais appelée Dagon par le narrateur (mais par un ethnologue rencontré dans l’histoire). La nouvelle baigne dans une ambiance moite et surnaturelle. Seul le narrateur est témoin des évènements qu’il relate et on ne peut pas savoir si ce qu’il raconte est réel ou le fruit d’un mirage et de son esprit mis à rude épreuve par sa fuite éperdue en pleine mer.

Les dessins de Armel Gaulme sont en noir et blanc, le trait est précis. Ils mettent en valeur ce court voyage dans des contrées inconnues. Armel Gaulme a mis plus l’accent sur l’aspect perversion de la nature que sur l’indicible. Il y a même des doubles pages sans textes. Les illustrations rendent très bien l’atmosphère particulière du récit et la terreur qui monte petit à petit. On a l’impression d’avoir sous les yeux un carnet de voyage du narrateur de cette sombre histoire.

Ce premier volume de la collection « Les carnets Lovecraft » a donc choisi une des premières nouvelles écrites par l’auteur. Le livre objet est très réussi, avec de très beaux dessins mettant en valeur ce texte fantastique et glauque. On peut néanmoins se demander l’intérêt de choisir une nouvelle aussi courte (8 pages en grand format) pour une telle adaptation. On a franchement un goût de trop peu en le terminant.

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Auteurs: H.P.Lovecraft et Armel Gaulme

Traduction: Arnaud Demaegd

Éditions: Bragelonne

Parution : 14/08/2019

Océan Pacifique, Première Guerre mondiale. Intercepté par un destroyer allemand, un officier de la  marine marchande parvient à fausser compagnie à ses geôliers. Après des jours d’errance sur les flots du sud de l’Équateur, il échoue sur un continent inconnu, comme surgi des eaux. C’est sur cette terre sinistre jonchée de carcasses qu’il croisera le chemin d’une créature gigantesque, qu’on nommera Dagon, le Dieu-poisson. Miraculeusement sauvé mais hanté par des visions cauchemardesques, il témoignera de l’expérience qui l’a laissé aux portes de la folie.

 

Couverture de la Cité sans nom, prochaine parution de la collection:

cité sans nom

7 commentaires

  1. Je suis très partagé sur l’intérêt de ce bouquin et j’y vois surtout un opportunisme éditorial (Lovecraft étant d’actualité en ce moment) qui prend les lecteurs pour des vaches à lait. Un recueil de plusieurs nouvelles avec les illustrations (très belles) aurait fait moins foutage de gueule. Sur ce coup là Bragelonne me déçoit vraiment.

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