La lyre et le glaive-Le diseur de mots de Christian Léourier

Diseur de mots est le premier tome d’un dyptique de Fantasy, intitulé La Lyre et le glaive, écrit par Christian Léourier. Cette série a été publiée par les éditions Critic et le premier tome vient de paraitre chez J’ai lu en poche. Christian Léourier est un auteur français œuvrant plutôt dans le domaine de la science-fiction, mais cette incursion dans la fantasy est très réussie. Le second tome de ce dyptique intitulé Danseuse de corde est paru en mars 2020, toujours chez Critic. A noter que ce premier tome a obtenu le prix Elbakin 2019.

Tout débute par une rencontre inattendue entre un gardien de pont et un diseur de mot, Kelt. Kelt voyage au gré du hasard, laissant un dé influencer ses pérégrinations qui vont le mener vers ce pont qui se trouve sur les terres du Solkstrand du hartl Skilf Oluf’ar. La furie des eaux a entrainé la chute du pont et le gardien blâme pour cela Kelt qui serait selon lui un sorcier. Le gardien du pont doit s’expliquer sous peine de risquer la pendaison, et Kelt bientôt subi le même sort. Heureusement pour lui, il arrive à prouver son innocence et à s’allier l’aide précieuse de Hòggni, mercenaire de son état et homme sanglier. Voici le point de départ de l’histoire qui va bientôt entrainer Kelt en mission pour le Hartl à aller enquêter en Heldmark où une étrange religion, celle du Dieu unique, commence à avoir de plus en plus de fidèles.

L’univers du roman parait influencé par les légendes nordiques. Par exemple, le Hartl est le chef d’un clan, le nom fait penser au « jarl » qui est en langue scandinave l’équivalent de comte. Les noms des contrées, comme le Heldmark et le Solkstrand, sonnent aussi nordiques. Les coutumes des habitants aussi, tout comme leur mode de vie, rappellent ceux de la Scandinavie à la période viking. La thématique de la religion également fait penser à une période charnière des pays du Nord. Les habitants du Solkstrand vénèrent plusieurs dieux alors que la religion du Dieu unique fait de plus en plus d’adeptes. Christian Léourier s’est clairement inspiré des pays nordiques, mais a étoffé son univers en y ajoutant des peuples nomades, des créatures magiques et du surnaturel. L’univers qu’il a imaginé est très riche et on le découvre petit à petit au fil du récit. J’ai beaucoup aimé ce monde dont on reconnait les origines et que les descriptions de l’auteur mettent particulièrement en valeur.

L’histoire ne suit pas seulement les pas de Kelt. Elle nous raconte autant le destin du Solkstrand et de son Hartl que celle du diseur de mot, au destin et au pouvoir si particulier. Kelt, surnommé Bouche d’Or ne peut en effet pas mentir, il est condamné à devoir dire la vérité et parfois celle-ci le choisit pour instrument du destin. La vérité apparait ainsi à double tranchant, Kelt la subissant souvent. L’avenir du Solkstrand est trouble, les hommes n’ont plus vraiment confiance dans les anciens dieux, et la montée en puissance de la religion monothéiste menace les traditions. Cette thématique est traitée avec beaucoup de justesse par Christian Léourier sans aucun manichéisme. Le roman s’intéresse à cette dualité des croyances mais aussi aux destins d’hommes et de femmes qui veulent simplement vivre. L’auteur nous offre ainsi de beaux portraits de personnages que ce soit Kelt, ou Hoggni, victime de son physique mais au caractère droit et humain, ou Varka terriblement émouvante dans ses choix. Les personnages ont d’ailleurs la particularité d’avoir deux noms, un public et un privé et véritable. Cette particularité correspond bien à l’univers et rappelle d’autres romans tels ceux d’Ursula Le Guin par exemple.

Avec Diseur de mots, premier tome du dyptique La Lyre et le glaive, Christian Léourier nous propose une fantasy à plusieurs facettes, à la fois subtile et émouvante, farouche et guerrière. On suit l’auteur avec entrain et plaisir dans cet univers inspiré des pays nordiques que l’on a très envie de retrouver une fois la dernière page tournée.

Autres avis: Yuyine, Lutin 82 (sur le tome 1 et 2), Just a word, Le chroniqueur, Rose, Lorkhan, Timelapse, Laird Fumble, Dionysos,

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Version Papier

Version Numérique

Auteur: Christian Léourier

Éditions: Critic / J’ai lu

Parution: 07/03/2019- 06/01/21

Lorsque Kelt se voit refuser le passage d’un pont parce qu’il ne peut s’acquitter du péage, il prédit l’effondrement de la construction. Ainsi sont les diseurs de mots, ils ont de drôle de pouvoirs, jamais ils ne mentent et, dit-on, leurs vérités ensorcellent.Accusé par le gardien du pont d’avoir jeté un sort à l’ouvrage, Kelt est arrêté puis jeté dans les geôles du seigneur local. L’incrimination étant cependant difficile à démontrer, le gardien convoque une ordalie, où le diseur de mots doit prouver son innocence une arme à la main. Heureusement pour lui, Hòggni, un mercenaire en mal de contrat, se porte volontaire pour le représenter. Hòggni remporte le duel, mais le seigneur local n’en a toutefois pas fini avec les deux hommes. Vexé, il les envoie au devant du danger, en mission au Heldmark, où le culte d’un dieu unique se répand comme la peste.

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