Les chants de Nüying – Émilie Querbalec

La collection Albin Michel Imaginaire a choisi de mettre les autrices au programme de la fin d’année 2022 avec 3 parutions exclusivement féminines fin aout et septembre. La première de ces autrices est Émilie Querbalec, romancière et nouvelliste française dont Les Chants de Nüying est le troisième roman. Son précédent livre, Quitter les monts d’Automne, également publié par Albin Michel Imaginaire, a reçu le prix Rosny Aîné et a été nominé au Grand Prix de l’Imaginaire et au prix Utopiales. Les Chants de Nüying est un roman décrivant une exploration spatiale avec une pointe d’uchronie.

Au XXVI ème siècle, l’humanité a colonisé une partie du système solaire. Les sélènes vivent parfaitement sur la lune sans avoir besoin de mettre le pied sur Terre. Les premiers à poser le pied sur la lune ont d’ailleurs été les chinois, et le pays a gardé une certaine domination sur le secteur depuis. Toutefois, l’exploration spatiale est loin d’être au point mort et des sondes sont envoyées dans l’espace. La sonde Mariner a ainsi été envoyée en direction de la planète Nüying, située à une vingtaine d’années-lumière de la Terre. Nüying est une exoplanète constituée majoritairement d’eau à l’état liquide et donc susceptible d’abriter des formes de vies. Elle possède également un fort volcanisme et une atmosphère dense, malheureusement celle-ci n’est pas compatible avec l’être humain. Autre fait de grande importance : avant de perdre le contact avec la Terre, la sonde a capté des sons évoquant le chant des baleines. Depuis, de nombreuses spéculations ont vu le jour concernant ces chants et leur origine.

Une expédition pour étudier la planète est montée. Le voyage sera long et nécessite des technologies novatrices. Tout cela est possible grâce au financement offert par Jonathan Wei, richissime homme d’affaire. Celui-ci fera bien entendu partie du voyage qui lui permettra de tester sa technologie de transfert numérisé de la conscience vers un clone destinée à obtenir l’immortalité. Mais Jonathan Wei est un homme de pouvoir, proche de la secte de la Terre d’Éveil. Le voyage se fait à bord du cargo-monde Yùtù avec environ 500 passagers, dont une grande partie sera en stase et durera vingt-sept années pour atteindre Nüying.

Le thème de ce roman fait rêver. La conquête spatiale, la découverte de nouvelles planètes abritant potentiellement la vie, les voyages au long cour pour découvrir ces mondes, autant de sujets qui prêtent à l’imagination, qui donnent le vertige. Pourtant, il y a assez peu de romans en France sur ce thème. Émilie Querbalec a choisi de raconter en 3 grandes parties les préparatifs de cette expédition, puis le voyage et enfin l’arrivée sur la planète porteuse de nombreux espoirs. Elle développe un univers crédible où les avancées technologiques sont nombreuses mais tout à fait cohérentes.

La partie sur le voyage a une grande importance afin de comprendre comme se déroule celui-ci avec une partie des personnes plongées en stase, et une autre partie cloîtrée à bord du vaisseau pendant une très longue période. Cet élément aura de forts impacts sur la vie à bord et sur le voyage en lui-même. L’autrice choisit une narration chorale et plusieurs personnages sont au cœur du récit. Brume est une spécialiste dans le domaine de la bioacoustique marine, Will et Dana des scientifiques travaillant avec Jonathan Wei, qui n’est pas sans rappeler certains milliardaires de notre époque. Avec cette narration, elle multiplie les points de vue et confronte les idées des différents protagonistes. Ces personnages sont véritablement au centre de l’histoire, ils sont humains, crédibles et attachants.

Le roman est très dense. Émilie Querbalec choisit de faire des ellipses en racontant cette épopée qui se déroule sur plusieurs années. Certains éléments sont sous-entendus, laissés à la libre interprétation du lecteur. L’histoire et les liens entre les personnages sont construits progressivement et parfois il faut faire la jonction entre les différents éléments. Cela surprend un peu mais permet également au roman de ne pas devenir un gros pavé et de rester dynamique. De nombreux thèmes sont abordés dans ce futur uchronique avec beaucoup d’humanité et de pertinence : les technologies permettant l’immortalité, la spiritualité, les choix de vie, l’écologie.

Avec Les Chants de Nüying, Émilie Querbalec raconte une grande aventure spatiale, une véritable odyssée qui nous entraîne aux confins de l’espace. Le roman est d’une grande richesse autant par ses personnages que par les thèmes abordés mais aussi plein de sensibilité. Alors n’hésitez pas à suivre ces chants d’une rare beauté, à rêver d’espace, d’un voyage au travers les étoiles dans votre imaginaire.

Autres avis: Le Maki, L’épaule d’Orion, L’ami Selbon, Le nocher des livresle chien critique,

Autrice: Émilie Querbalec

Éditions: Albin Michel Imaginaire

Parution: 31/08/2022

La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie. La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines. Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années. Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ? Avec Les Chants de Nüying, Émilie Querbalec signe un ambitieux roman de premier contact comme la science-fiction de langue française en a, de fait, proposé assez peu au cours de son histoire. Cette œuvre ample, qui brasse tous les enjeux de demain, de l’écologie à la sauvegarde informatique de la conscience humaine, ne manque pas d’évoquer les utopies d’Ursula K. Le Guin et les vertigineuses visions spéculatives de Kim Stanley Robinson.

Cette chronique fait partie du challenge Summer Star Wars – Obi-Wan Kenobi

23 commentaires

  1. Encore une fois l’autrice a su me surprendre dans sa proposition. Je n’attendais pas autant de spiritualité et j’aurais aimé un peu plus de découvertes lors de l’arrivée, d’où une légère frustration chez moi. Mais quel voyage et quelle écriture des dynamiques relationnelles.
    Je suis fan notamment du lien avec les animaux marins ^^

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  2. Je suis justement en train de le lire, et j’aime beaucoup ! La narration est très bien faite, c’est un roman choral mais le passage d’un personnage à l’autre est très fluide, et les enjeux scientifiques sont suffisamment clairs et bien abordés pour que je comprenne. J’espère le terminer ce weekend !

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