Le chant des géants de David Bry

Le mois de mai sur le superbe blog Book en stock est consacré à David Bry. Et ça tombe bien puisque le 5 mai vient de paraitre le nouveau roman de l’auteur, aux aux éditions de l’Homme sans Nom : Le chant des géants. Le livre qui bénéficie, comme souvent chez l’éditeur, d’une très belle qualité sous forme de grimoire gravé de runes, est un roman de fantasy épique.

Le roman est le récit d’un conteur par une nuit froide dans une auberge embrumée remplie de fermiers, de jeunes femmes, et d’enfants qui sont suspendus à la voix de l’homme. Un homme qui leur conte une histoire de trahisons, d’amours, de guerres, de rêves brisés, une histoire tragique. Nous sommes sur l’île d’Oestant. Celle-ci existe grâce aux rêves de trois géants: Baile, qui régit ce qui a trait à la mort et à la musique, Leborcham qui est la mère du brouillard, des collines et des plaines et Fraech qui rêve de gloire et de batailles. Ces géants sont les dieux et sont révérés dans tous les royaumes d’Oestant. Il existe également une caste d’hommes très particuliers, appelés les immortels. Ils sont les seuls à pouvoir accéder au territoire des géants, et ainsi à veiller sur leur sommeil pour que tout se passe pour le mieux. Il semble que Fraech ne soit pas en grande forme, car les bataille se font rares dans l’île depuis pas mal de temps.

Les frères Bran et Ianto, princes de Lonan, un des royaumes d’Oestant, se rendent à Riveste, le royaume voisin, celui du roi Lothar et de sa fille Sile. Malheureusement, les choses se passent mal et une guerre se déclare entre les 2 royaumes. Parallèlement, une étrange brume noire se lève à l’horizon, engloutissant peu à peu les terres. Comme si tout cela ne suffisait pas, Bran va être missionné pour trouver la source de la brumenuit, tomber amoureux de Sile, et s’éloigner inexorablement de son frère Ianto dont le comportement devient étrange et belliqueux.

L’univers du roman est très riche, intégrant les légendes arthuriennes tout en les modernisant et en introduisant un concept original et intrigant avec ces trois géants. Le fait que tout soit issus de leurs rêves pose la question de la destinée et du libre arbitre des personnages. Ces derniers sont incapables de vraiment comprendre les géants ni leurs intentions. Les questions de pouvoir sont aussi au centre du récit, avec de possibles manipulations des réels désirs des géants et avec le rôle joué par les mystérieux immortels. Ces derniers agissent souvent dans l’ombre, les hommes ignorant leurs véritables desseins.

Les personnages sont également très réussis et deviennent attachants à mesure que progresse le récit. J’avoue avoir du mal avec l’histoire d’amour impossible, qui me semblait trop convenue et déjà vue. Puis, peu à peu, tous les éléments se mettent en place et j’ai été happée par le tragique de l’histoire, du monde en lui-même et par la plume de David Bry. La narration où s’entremêlent des interludes dans l’auberge et le récit de Bran et Sile donne toute son ampleur à l’histoire, la faisant entrer dans la légende. David Bry a opté pour un récit très vivant, visuel et musical. La musique par la flûte en os de Bran a une importance dans le récit, dans la manière dont on s’imagine les scènes également, qu’elles soient joyeuses ou tragiques. Il arrive ainsi à nous emporter dans ces rêves de géants qui font et défont les vies en un instant.

Le chant des géants est sans conteste une grande réussite. David Bry nous conte une très belle histoire. Le roman a une véritable dimension tragique, de celle qui font les sagas, les histoires que l’on raconte au coin du feu et qui prend tout son sens une fois la dernière ligne lue.

Autres avis: Yuyine, Fourbis et Têtologie, Book en stock, Elbakin,

Auteur: David Bry

Édition: L’homme sans nom

Parution : 05/05/2022

Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous, calez-vous
contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons, de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.

18 commentaires

  1. Je l’ai fini la semaine dernière, et j’ai beaucoup aimé cette lecture. C’est vrai que l’objet livre est superbe.
    L’histoire est tragique, et fort belle aussi. Je trouve qu’elle prend un autre visage à la lumière du final du roman, que j’ai trouvé bienvenu, ça donne vraiment une perspective intéressante au récit.
    Et la plume de l’auteur… toujours une réussite, pleine de musicalité ici.
    Malgré tout… sans avoir l’air de pinailler… j’ai eu un léger goût de trop peu. Je ne sais pas si cela vient de la taille du roman (pas très très long, au final) ou d’autre chose que je n’arrive pas encore à identifier.
    Que passe l’hiver reste pour l’instant mon favori – mais le chant des géants demeure un très beau titre !

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  2. C’est tout à fait ça ce roman. Un sens du tragique formidable, une poésie et une musique inhérente aux mots et à l’ambiance… on en oublie cette histoire d’amour impossible qui, généralement, me repousse complètement. J’ai tellement aimé ce roman qui m’a bouleversée.

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