Maître des Djinns de P. Djèli Clark

Après plusieurs nouvelles et novellas, Phenderson Djèli Clark a décidé de s’essayer à la forme longue avec Maître des Djinns qui est ainsi son premier roman. Il est publié par les éditions L’Atalante qui pour l’occasion proposent deux déclinaisons de la version papier : une brochée et une reliée collector ( couverture cartonnée et tirage limité ) qui est vraiment un bel objet livre. Maître des Djinns se déroule dans le même univers uchronique que la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire et Le mystère du tramway hanté. Toutefois, les trois sont des récits indépendants qui peuvent être lus séparément. On retrouve dans Maître des Djinns Fatma el-Sha’arawi qui était présente dans L’étrange affaire du Djinn du Caire et quelques allusions à cette histoire, sans qu’il soit nécessaire de suivre cet ordre de lecture. La traduction est à nouveau signée avec brio par Mathilde Montier.

L’univers développé par l’auteur méritait bien qu’on y retourne tellement il est foisonnant et passionnant. Nous sommes en Égypte en 1912. Cependant, un événement a totalement bouleversé l’histoire du pays, les créatures surnaturelles sont connues de tous. Un nommé Al-Jahiz (littéralement « celui qui a la cornée saillante ») a permis aux Djinns et autres créatures magiques inspirées du folklore du Moyen Orient de passer dans notre monde. Cela a permis à l’Égypte de se libérer de la tutelle des Anglais et de beaucoup progresser techniquement. Le Caire est ainsi devenue une ville qui peut rivaliser avec les grandes capitales européennes. P. Djèlí Clark décrit d’aillers avec beaucoup de soin la ville qui prend ainsi vie sous nos yeux grâce à des anecdotes, des descriptions très visuelles, notamment concernant des bâtiments extraordinaires. On s’imagine très bien déambuler dans les rues de ce Caire uchronique et découvrir toutes ces beautés et cette technologie.

Pour répondre à tous ces changements entrainés par la venue des créatures surnaturelles, le ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles a été créé. Ses missions sont de résoudre les affaires étranges. Fatma el-Sha’arawi est une agente de ce ministère. Elle a une sacrée réputation au sein du ministère, autant pour ses réussites que pour le fait qu’elle préfère travailler seule ou encore pour son style bien à elle et ses costumes trois pièces. Pourtant, pour la dernière affaire qui lui est confiée, elle va devoir changer ses habitudes et accepter de travailler avec une partenaire, Hadia. Les deux femmes vont enquêter sur plusieurs meurtres dont ont été victimes les membres de la fraternité d’Al-Jahiz. Surtout que Al-Jahiz lui-même se prétend de retour et qu’il proclame être l’assassin.

Avec ce roman, P. Djèlí Clark développe plusieurs points de son univers ainsi que ses personnages. Fatma est très réussie, c’est une femme libre et très douée, au fort tempérament, qui prend beaucoup de soins à choisir ses tenues, apprécie tout ce qui est beau et connait beaucoup de choses sur les créatures surnaturelles. C’est un personnage fascinant à suivre et sur lequel repose l’histoire. Les autres protagonistes sont tous intéressants et bien construits, et on retrouve avec plaisir les deux héros aperçus dans Le mystère du tramway hanté.

L’intrigue est prenante, efficace avec des rebondissements et de l’action très spectaculaire, sans temps mort. P. Djèlí Clark a enrichi sa trame principale de sous intrigues riches qui font vivre ses personnages et découvrir la ville et ses habitants. Cependant, l’histoire a un côté classique et quelques éléments sont un peu prévisibles et déjà vus. On sent également que l’auteur a voulu rendre hommage à un classique de la Fantasy (où on trouve un anneau) au travers de certains objets et répliques.

Maître des Djinns permet ainsi à P. Djèlí Clark de passer avec succès au format roman, après des nouvelles et novellas très réussies. La grande réussite de ce roman est sans conteste cette Égypte pleine de vie et de magie ainsi que ses personnages éclatants. L’édition collector à la très belle couverture de Stephan Martinière offre un bien bel écrin à ce très bon roman.

Autres avis : Le nocher des livres, Le culte d’Apophis, Zoé prend la plume, Outrelivres,

Auteur : P. Djèlí Clark

Traduction : Mathilde Montier

Édition: L’Atalante

Parution: 17 février 2022

Le Caire, 1912. Vêtue d’un complet trois pièces – un ensemble blanc du plus bel effet sur sa peau cuivrée –, Fatma lisse sa cravate couleur d’or en veillant à exhiber les boutons de manchette scintillant aux poignets de sa chemise bleu nuit. Puis elle pose son chapeau melon sur sa courte crinière bouclée.

Oui, Fatma el-Sha’arawi est une redoutable sapeuse. C’est aussi une énergique et compétente enquêtrice du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Et la voici en charge de l’assassinat collectif de la Fraternité d’al-Jahiz par un inconnu qui se prétend… al-Jahiz lui-même, le puissant mystique qui a ouvert la porte de l’Égypte à la magie et aux djinns cinquante ans plus tôt.
Imposture ? Ça ne fait aucun doute pour Fatma. Mais encore faut-il identifier et traquer ce mystérieux terroriste que des pouvoirs inouïs rendent, semble-t-il, invulnérable. Une enquête à tiroirs à l’issue de quoi on dirait bien que notre héroïne devra encore sauver le monde.

Avec Maître des Djinns, Phenderson Djèlí Clark signe son premier roman et nous entraîne au cœur d’une Égypte uchronique flamboyante.

15 commentaires

  1. Contente de lire que le passage au format roman s’est très bien passé !
    Sa version reliée va donc aller tout droit en haut de ma wishlist d’anniversaire parce que j’avais déjà beaucoup aimé les deux nouvelles se passant au Caire. C’est une ambiance pulp égyptienne qui me plaît beaucoup 😀

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  2. Il me fait tellement envie… J’avais vraiment adoré Les tambours du dieu noir et Le mystère du tramway hanté, qui m’ont tous les deux éblouie ! Je me demandais si l’auteur serait aussi bon sur du format roman, ton retour me donne envie de foncer sans plus hésiter !

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  3. Je te rejoins sur tous les points de ta chronique, que je ne lis que maintenant (désolée, j’ai du retard à rattraper sur les blogs :-/ ). Efficace, haut en couleurs, malgré un côté classique : c’est tout à fait ça. Malgré tout, comme tu le dis, ça reste un très bon titre, qui se lit bien.
    Et tu as raison de pointer la qualité de la traduction, j’avais découvert Mathilde Montier avec Les tambours du dieu noir, j’avais trouvé le texte génial et c’est encore le cas ici.

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