Archive 81: 3 raisons de regarder …. ou pas

Archive 81 est une série télé américaine qui oscille entre le suspense et le fantastique. Elle est diffusée depuis le 14 janvier sur Netflix. Pour le moment, il y a une seule saison de 8 épisodes et la chaine n’a pour le moment pas encore annoncé si la série était renouvelée pour une seconde saison. La série est inspirée du podcast du même nom et menée par la productrice et showrunneuse Rebecca Sonnenshine. Au casting, on retrouve dans les rôles principaux Mamoudou Athie et Dina Shihabi.

• De quoi ça parle? :

Dan Turner est archiviste spécialisé dans la remise en état et la numérisation de bandes-vidéo anciennes. Un mystérieux et riche entrepreneur, Virgil Davenport, l’engage pour restaurer une série de cassettes endommagées lors d’un incendie en 1994. Le job est très bien payé, mais nécessite de travailler dans une propriété perdue au milieu des montagnes Catskill. Dan découvre ainsi les films tournés par Melody Pendras, étudiante en doctorat d’anthropologie socioculturelle. Celle-ci s’était installée dans l’immeuble du Visser, qui a donc été ravagé par le feu peu après, pour y examiner et interroger, caméscope à la main, des résidents aux comportements étranges. L’incendie a provoqué la disparition inexpliquée de 13 personnes et les cassettes pourraient être la clé à ces mystères.

Les points positifs (Cette série est pour vous si ):

-L’ambiance très réussie: l’ambiance mise en place au cours des premiers épisodes est véritablement oppressante sans qu’il y ait de scènes gores ou d’épouvante à l’écran. La série ne joue pas vraiment sur les registres de la peur horrifique mais sur l’angoisse, la tension qui monte petit à petit. Pour créer cette atmosphère, plusieurs éléments sont utilisés. Tout d’abord l’utilisation de sons discordants et une musique très spéciale qui arrive à jouer sur les nerfs et créer une tension à couper au couteau. Autre élément important : les lieux. L’immeuble Le Visser où Melody s’installe devient presque un personnage incarné par ses habitants aux comportements étranges. Autre époque et autre lieu favorable à l’angoisse, la maison dans laquelle Dan se retrouve pour travailler. Elle est isolée, perdue au milieu de nulle part, recèle d’endroits cachés et favorable aux pétages de plomb style Shining.

-L’intrigue est très prenante et solide. En jouant sur une histoire sur deux époques et des personnages attachants, la série suscite la curiosité, l’envie de comprendre les tenants et aboutissants de tout ce qui se passe. L’utilisation du found footage ( technique qui fait croire à un document authentique) renforce cette immersion dans le passé. Mais le fil du passé n’est pas uniquement raconté selon cette technique, on assiste à des séquences se déroulant de manière plus naturelle et d’autres en découvrant les vidéos. Le mélange fonctionne bien, et à mesure qu’avancent les travaux de restauration de Dan, on comprend ce qui unit Dan et Melody. La série distille les détails avec parcimonie, et les différents éléments de l’histoire sont decouverts assez régulièrement pour prendre au jeu le spectateur.

-Les références au genre épouvante et à l’horreur cosmique: Archive 81 s’inscrit dans le genre suspense et épouvante en s’inspirant de nombreuses œuvres, mais arrive à les dépasser et à gagner sa propre identité. On trouve un petit côté Rosemary’s Baby, un huis clos propice à la tension, des scènes dans le noir, seulement éclairée à la lampe torche, autant d’éléments communs mais l’utilisation du médium du vidéo donne un aspect concret à l’histoire, l’ancre dans notre réalité. Les éléments de mythologie font clairement penser à l’horreur cosmique et à Lovecraft: un culte mystérieux, des divinités démoniaques, un autre monde, des personnages semblent être perdus dans le temps et l’espace, la comète, et enfin d’épisode se déroulant en 1924. Les vidéos remplacent les grimoires maudits et il n’y a pas de tentacules certes mais l’esprit est bien le même.

• Les points négatifs (Cette série n’est pas pour vous si) :

-le rythme est un peu inégal. Si les premiers épisodes mettent en place l’intrigue et une véritable atmosphère angoissante, on sent un léger coup de mou vers le milieu. Un virage se fait également au niveau du contenu, et au fur et à mesure la tension laisse sa place à la compréhension et on perd un peu de la saveur du début.

-on peut reprocher aussi quelques facilités scénaristiques. Melody par exemple est étudiante en doctorat d’anthropologie socioculturelle et va vivre au Visser dans le cadre de ses études, mais on ne la voit jamais à l’université ou en lien avec un professeur par rapport à cette enquête. Les techniques utilisées par Dan semblent parfois un peu simples, surtout à mesure que la série avance. Le dernier épisode est trop rapide sur plusieurs points, autant les motivations d’un personnage que par l’utilisation d’un autre qui fait franchement Deus ex Machina.

-on a un peu l’impression d’assister à un catalogue de l’occultisme comme s’il y avait des cases à cocher. La série développe trop de thématiques liées au fantastique ( sorcellerie, sacrifice humain, divinité démoniaque, dimension parallèle…) mais n’arrive pas à donner à tous une résolution convenable. L’ensemble apparait parfois confus et n’arrive pas à maitriser toutes ses pistes lancées.

• Le mot de la fin:

Archive 81 est ainsi une bonne série qui arrive à créer une ambiance oppressante réussissant à la fois à respecter l’héritage du genre épouvante et apporter son propre univers. Malgré quelques facilités et une certaine lenteur, on se laisse prendre au jeu et on suit les histoires de Dan et Melody. La fin est clairement ouverte pour une suite (même si cela aurait très bien pu se conclure en une saison). Le podcast dont elle est issue a 3 saisons, il a certainement des éléments pour une suite en espérant que les scénaristes arrivent un peu plus à se canaliser sur certains éléments.

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