Station Eleven de Emily St. John Mandel

Station Eleven est un roman de science-fiction post-apocalyptique d’Emily St. John Mandel, paru en 2014 puis traduit en France en 2016. Le roman est finaliste du National Book Award 2014 et a reçu le prix Arthur-C.-Clarke 2015. Il vient d’être adapté en série télé par HBO, et sera diffusée normalement à partir de décembre.

Lire ce roman avec l’actualité présente depuis 2020 est parfois assez étrange, le livre mettant en scène une pandémie de grippe extrêmement virulente et mortelle. On a un peu l’impression de lire du déjà vu concernant ce point. Cependant, l’histoire du roman ne s’arrête pas là. Il mélange plusieurs fils narratifs, personnages et époques en lien avec la vie d’un acteur de cinéma et de théâtre.

Arthur Leander interprète le rôle titre de la pièce Le Roi Lear sur scène à Toronto quand il est victime d’une crise cardiaque et meurt sur le coup. Jeevan, un secouriste, se trouve dans le public et essaye de le sauver mais ne peut rien faire. Parmi les autres acteurs se trouve Kirsten, petite fille de 8 ans qui s’est liée d’amitié avec Arthur qui lui a offert un roman graphique très rare appelé Station Eleven. La mort d’Arthur coïncide avec le début d’une épidémie de grippe venant de Géorgie, les morts s’accumulent et la catastrophe prend forme.

Vingt ans après le cataclysme, la quasi totalité de la population mondiale est morte. Le peu de survivants vit regroupé dans différents endroits. Un petit groupe itinérant nommé la Symphonie Itinérante est composé d’un orchestre et d’acteurs, qui produisent des spectacles dans les petits villages de survivants, essayant de redonner un peu d’espoir au monde. Mais ils vont croiser la route d’un mystérieux prophète qui semble avoir pas mal de disciples.

Certains aspects du roman font penser à Le fléau de Stephen King, mais le présent opus s’en détache rapidement. Ce qui marque surtout dans Station Eleven est sa construction éclatée mêlant des époques et des personnages variés. On suit des personnages avant l’épidémie, pendant, et après, dans différents lieux. Le point commun de tous est d’avoir connu Arthur Leander ne serait ce que très brièvement. Cette narration surprend un peu, certains chapitres parlant de la vie amoureuse d’Arthur, de sa jeunesse. Néanmoins, les pages se tournent facilement et le récit est immersif. On suit les différents destins de tous ces protagonistes en essayant de faire le lien entre tous. Le roman mélange ainsi plusieurs genres, on a parfois l’impression de lire un roman de littérature blanche entremêlé de passages plus sombres d’anticipation. Certains moments font froid dans le dos par leur réalisme, dépeignant un monde en ruine, un monde qui a sombré très vite. Les personnages sont nombreux mais tous travaillés. Ils apportent leur lot de réflexions sur notre monde, les petites choses qui font notre quotidien, mais qui deviennent sans utilité avec la pandémie, sur la culture et l’impact qu’elle a sur les individus même en tant de crise.

Station Eleven est ainsi un roman qui, sans révolutionner le récit post-apocalyptique, offre un puzzle narratif qui fonctionne bien. Le mélange des genres, les personnages et la narration prennent le lecteur et l’embarquent dans une ambiance sombre avec une lueur au fond du tunnel.

Autres avis: le maki, Lune, Yuyine, Lorhkan, Gromovar,

Autrice: Emily St. John Mandel

Éditeur : Payot et Rivages

Parution: 24/08/2016

Dans un monde où la civilisation s’est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu de la désolation.
Le roman évènement de la rentrée littéraire, finaliste du National Book Award aux Etats-Unis, qui fera date dans l’histoire de la littérature d’anticipation.
500 000 exemplaires vendus en Amérique du Nord, 150 000 dans les îles Britanniques.

11 commentaires

  1. J’aime beaucoup trop ce roman mais je me demande en effet quel effet cela fait de le découvrir maintenant… Je suis absolument dingue des constructions narratives de l’autrice et de sa plume mais il doit avoir une résonnance vraiment étrange.

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