La chose en soi de Adam Roberts

La Chose en soi est un roman de Adam Roberts,auteur britannique. C’est aussi la première parution de 2021 de la collection Lunes d’Encre de Denoël. Le roman The Thing Itself a été publié en 2015 en Grande Bretagne. La chose en soi, c’est aussi le Ding an sich en allemand, un concept développé par le philosophe Emmanuel Kant. Ce concept signifie la réalité telle qu’elle pourrait être pensée indépendamment de toute expérience possible, affranchie des notions d’espace et de temps. C’est un ovni littéraire, un roman de science-fiction parlant de philosophie.

Adam Roberts a voulu avec son roman mélanger 2 éléments très distincts : la chose en soi de la philosophie de Kant et le film de science fiction horrifique de John Carpenter The thing. Cependant, le roman penche nettement plus du côté de Kant que de The Thing qui n’est réellement présent que dans le premier chapitre alors que la notion de la chose en soi est le fil directeur du livre. Il ne faut pas forcément être calé en philo pour lire le livre et l’apprécier, l’auteur arrive à faire passer les concepts de Kant assez clairement. Mais il faut tout de même apprécier un peu se poser des questions de ce type, et connaitre un peu Kant peut s’avérer utile. Adam Roberts a cherché à adapter la philosophie de Kant en la rendant divertissante et on peut dire qu’il y est arrivé, même si certains passages sont un peu ardus.

Tout débute en 1986, quelque part en Antarctique où Roy Curtius et Charles Gardner sont chargés d’étudier d’éventuels signaux intelligents venant de Proxima et d’Alpha du Centaure. Ils sont pour cela isolés dans une base où un avion vient une fois par semaine les ravitailler. Les deux hommes sont très différents, Charles est plutôt expansif et bon vivant alors que Curtius est obsédé par Kant et le Paradoxe de Fermi. Il est persuadé que Kant l’aidera à résoudre le Paradoxe de Fermi au point de tester sa théorie sur Charles. Cela aura pour conséquence de laisser Cahrles handicapé et de conduire Curtius à l’asile. Ce premier chapitre est marqué par un climat anxiogène, clairement influencé par The Thing. C’est une grande réussite à ce niveau là.

L’histoire de Charles constitue le fil directeur du roman. Elle est entrecoupée par plusieurs autres histoires toutes très différentes, autant au niveau des époques que des personnages. Le lien entre ces histoires est expliqué à la fin du roman. J’avoue pour ma part être un peu restée sur ma faim à ce niveau là, même si cela reste tout à fait clair, mais je m’attendais à autre chose. Le roman contient ainsi 12 chapitres représentant une des 12 catégories de Kant. Ils sont écrits dans des styles très différents, Adam Roberts effectuant un véritable tour de force au niveau écriture. C’est d’ailleurs très bien traduit par Sébastien Guillot.

Les récits qui entrecoupent le principal sont tous différents et peuvent presque se lire indépendamment comme des nouvelles. L’histoire de Charles se poursuit en parallèle de Kant et de la chose en soi. Curtius a vraisemblablement trouvé quelque chose de révolutionnaire qui a été repris par un mystérieux Institut qui va contacter Charles trente ans après ce qui s’est produit en Antarctique. Les intrigues du roman tournent autour du paradoxe de Fermi et de l’existence de dieu, questions assez épineuses mais intéressantes.

La Chose en soi est ainsi un roman assez étrange mais très intéressant. Il faut souligner la grande qualité d’écriture de Adam Roberts, qui arrive à faire passer facilement des concepts philosophiques assez compliqués et à rendre son récit très prenant. Même si je n’ai pas été totalement convaincue par ce livre, il a de très grandes qualités littéraires.

Autres avis: L’épaule d’orion, Gromovar, le fictionaute, Lune,

L’acheter chez un libraire: ici (sans aucun frais supplémentaire)

En numérique : ICI

Auteur: Adam Roberts

Traducteur: Sébastien Guillot

Éditeur: Denoël collection Lunes d’encre

Parution: 13/01/2021

1986. Charles Gardner et Roy Curtius sont isolés sur une base en Antarctique. Ils participent au programme de recherche d’éventuels signaux en provenance d’une intelligence extraterrestre. Si Charles est pragmatique et expansif, Roy est taciturne et, surtout, obsédé par la lecture de la Critique de la raison pure.
Leur cohabitation forcée va virer à l’inimitié à cause d’une lettre : une de celles que Charles a reçues et qu’il a accepté de vendre, sans l’avoir lue, à Roy qui ne reçoit jamais de courrier. La tension est à son comble lorsque celui-ci prétend avoir résolu le paradoxe de Fermi grâce aux textes de Kant. Serait-il devenu fou ? Représente-t-il un danger, alors qu’une tempête éclate à l’extérieur et qu’aucun secours n’est envisageable avant plusieurs jours ? La vision récente du film The Thing, de John Carpenter, n’est pas pour rassurer Charles…

8 commentaires

Laisser un commentaire