Le Dieu dans l’ombre – Robin Hobb

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Le dieu dans l’ombre est un roman de Megan Lindholm, plus connue sous le nom de plume de Robin Hobb. Le roman date de 1991 mais vient d’être réédité par ActuSF. Il y avait eu une parution française auparavant en 2004 chez Télémaque puis en livre de poche en 2007. Robin Hobb est une habituée des longues sagas mais ce roman est un one shot, il est assez différent des autres romans de l’autrice.

De l’Alaska à l’État de Washington

Le livre situe son action en 1976 et suit le parcours d’Evelyn, une jeune femme de 25 ans originaire d’Alaska. Le roman est narré à la première personne par Evelyn et le début suit deux trames temporelles puis ensuite plus qu’une seule, la plus récente. Evelyn a grandit en Alaska, dans une maison proche des forêts dans lesquelles elle passait son temps. Elle avait pour ami un dénommé Pan, un faune, avec qui elle passait énormément de temps étant enfant. Mais une fois l’adolescence arrivée, le faune n’apparut plus et Evelyn eut peu à peu la même vie que les autres jeunes filles de son âge. Elle fit des études, rencontra son futur mari, Tom, à l’université, emménagea avec lui et eut un fils, Teddy. La vie d’Evelyn a ainsi changé du tout au tout, elle est passée d’une enfant sauvageonne passant son temps dans les bois à une adulte mariée et mère de famille. Elle a laissé une part d’elle même derrière elle, dans son passé, dans la forêt. Une part d’elle même qui n’est pas complètement perdue et attend le bon moment pour revenir dans sa vie. Cette occasion va se présenter lors d’un voyage dans sa belle famille dans l’État de Washington, un voyage sensé durer un mois qui va en fait durer beaucoup plus longtemps. Pan, lui aussi devenu adulte, réapparaît alors dans la vie bien rangée d’Evelyn, amenant son lot de questionnements.

La première partie du roman est assez lente, avec la présentation du contexte, des personnages, leurs psychologie, les retours en arrière sur l’enfance d’Evelyn. Elle est aussi un peu longue, certains moments auraient mérité d’être un peu raccourcis. Dans cette première partie, le roman ressemble presque à un livre de littérature blanche avec une héroïne ayant eu une enfance différente des autres et eu un ami imaginaire proche de la nature. Ce début permet de mieux comprendre Evelyn et quelque part de s’identifier à elle par certains aspects, mais pourra rebuter certains lecteurs par sa lenteur. Heureusement, le style très fluide de Robin Hobb fait mouche et permet de passer outre.

Un beau portrait de femme

Le roman présente deux parties assez distinctes autant dans l’action que dans le rythme. La première partie voit la vie d’Evelyn peu à peu changer, les relations avec son époux se détériorer suite au fait qu’elle n’est pas bien intégrée dans la famille. Les personnages sont nombreux, la vie routinière d’Evelyn est très détaillée. Puis la seconde partie est plus rythmée, Pan réapparait, les autres personnages s’effacent, la nature reprend son rôle au premier plan. Evelyn semble comme prise au piège dans une famille qui ne l’apprécie pas, dans un rôle qu’elle n’a jamais vraiment voulu avoir, celui de femme au foyer. Le roman est l’histoire d’une libération, d’une femme qui subit puis choisit, l’histoire de deux facettes d’une même personne qui n’arrivent pas à coexister ensemble. Cette histoire est d’autant plus complexe que tout est raconté par Evelyn. Le lecteur ne se fie qu’à son unique point de vue si bien que le récit reste entouré de mystères. On se demande tout au long du roman si tout est vrai, si Evelyn n’a pas basculé dans la folie suite à ce qu’elle a vécu, si certaines parties ne sont pas le fruit de son imagination. Cette part de mystères que contient le roman et les très belles descriptions de paysages donnent un aspect étrange et poétique au roman. On a l’impression de naviguer dans un rêve, dans une histoire se passant dans des paysages magnifiques mais nappés de brouillard.

Le dieu dans l’ombre est un roman particulier qui ne plaira pas à tout le monde en partie pour son rythme lent et une héroïne passive au départ. Cependant, le roman offre un magnifique voyage dans les régions sauvages de l’Amérique du nord et dans la psyché d’une femme perdue, prisonnière d’un monde qu’elle refuse, un voyage rempli d’émotions, de tristesse et de beautés.

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Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

dav Autrice: Robin Hobb

Éditeur : Editions ActuSF

Parution: 20/06/2019

Evelyn a 25 ans, un époux, une belle famille et un enfant de 5 ans.Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.Un jour, il disparut.Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?Légende de la fantasy, Megan Lindholm, alias Robin Hobb (L’Assassin Royal, Le Soldat chamane), tisse ici un chemin de vie d’une humanité sensible, où le fantasme de la nature se mêle aux désirs sombres et inquiétants qui grouillent au fond de nous.Légende de la fantasy, Megan Lindholm, alias Robin Hobb (L’Assassin Royal, Le Soldat chamane), tisse ici un chemin de vie d’une humanité sensible, où le fantasme de la nature se mêle aux désirs sombres et inquiétants qui grouillent au fond de nous.

16 commentaires

  1. J’ai vraiment lu le livre comme toi. Si la première partie m’a parfois franchement ennuyée, la plume de l’auteure m’a permis de la passer assez vite. Même si j’avoue qu’à ce moment-là, Evelyn m’insupportait carrément. Je n’accrochais pas du tout à ses crises de nerfs, sa semi-paranoïa et, surtout, sa passivité. Heureusement que le retour de Pan change tout ça et donne un second souffle au roman que j’ai pris beaucoup plus de plaisir à finir^^

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