Natures – Anthologie imaginales 2019

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L’anthologie des Imaginales a cette année pour thème Natures, un thème vaste, d’actualité et qui peut convenir à plusieurs genres de l’Imaginaire. On y trouve majoritairement de la fantasy et de la science-fiction, ave uniquement des écrivains francophones. Les pays à l’honneur des Imaginales étaient les pays nordiques et on ne trouve pas d’auteurs de ces pays au sommaire de la cuvée 2019. Au menu, on trouve des habitués des anthologies des Imaginales comme Estelle Faye ou Stefan Platteau, et des nouveaux avec Vincent Mondiot ou Ariel Holzl. Les textes sont regroupés sous différents thèmes: nature sauvage, nature humaine, et « ailleurs et demain ».

La thématique Nature sauvage regroupe 5 textes qui ont choisi d’aborder l’aspect de l’écologie, de la nature opposée à la ville, des forces de la nature. Le texte qui ouvre l’anthologie est celui de David Bry, auteur « coup de cœur 2019 » du festival. Je suis forêt est une nouvelle assez courte qui permet de connaitre la belle plume de l’auteur. L’histoire suit le conflit entre une cité et la forêt qui se trouve à proximité en alternant les points de vue. Le combat symbolise celui du monde moderne contre la nature, de la ville contre la nature sauvage. C’est une belle ouverture pour débuter ce recueil. Dans La lumière de Malia, Charlotte Bousquet place son récit dans l’univers de son roman Les masques d’Azr’Khila. La nouvelle est un peu trop courte mais évoque la relation touchante d’un homme et d’un éléphant. Aurélie Wellenstein et Ketty Steward placent la mer au cœur de leur histoire. La mer monte se situe dans le même univers que Mers mortes. Aurélie Wellenstein raconte comment les mers et océans ont déserté notre planète dans un texte qui se situe juste avant le roman. Ketty Steward situe Mal de mer dans les Antilles et parle du déclin des océans. Le texte est bien écrit et parlera à beaucoup de monde. Stefan Platteau, lui a mis la montagne au centre de son récit. Les Enfants d’Inanna raconte une expédition hypothétique sur le Kangchenjunga, le 3ème plus haut sommet de l’Himalaya, en 1939. Le texte est très réussi, crédible, avec une histoire revisitée autour des 2 alpinistes anglais disparus en 1924 proche du sommet de l’Everest. On sent que l’auteur est passionné par l’alpinisme et la montagne. L’aspect surnaturel est léger et très bien intégré au milieu difficile de la très haute montagne. La plume de l’auteur fait à nouveau merveille dans une des nouvelles les plus réussies de ce recueil.

La thématique suivante, nature humaine, regroupe 6 textes assez différents dans les genres abordés. La nouvelle d’Ariel Holzl, La traversée de désert flirte avec le fantastique avec le récit de nos jours d’un homme au bord de la folie. L’intrigue est intéressante mais le texte aurait mérité d’être un peu plus long. Estelle Vagner place son histoire dans un monde proche du notre mais avec des créatures surnaturelles. L’âme et le cœur narre la chasse d’une louve par une jeune femme. L’alternance du récit entre les deux femmes montre que les choses sont plus compliquées que ce qu’on pourrait penser au départ. La nouvelle est rythmée et touchante. Autre nouvelle se déroulant dans notre temps, Armée d’un livre et d’un crayon de Jean-Laurent del Socorro. L’auteur prouve à nouveau tout son talent avec un récit poignant et d’une incroyable justesse, un texte brillant et parmi les plus réussis de cette anthologie. Il n’y a quasiment pas d’aspect surnaturel dans le texte, juste des personnes avec des augmentions physiques. L’histoire est celle du combat de Malala Yousafzai pour l’accès à l’éducation des filles dans le monde, au travers de ce qu’elle a elle-même vécu au Pakistan. Grégory da Rosa dans  Comme ça raconte la vie d’une enfant pas comme les autres dans un village du moyen-âge. La nouvelle aurait gagné à être allégée de quelques termes un peu trop glauques qui font s’empêtrer le récit alors que l’histoire est vraiment intéressante à suivre. La nouvelle de Philippe Tessier, Qui se souvient des hômlas?, se situe à une époque indéterminée dans un monde avec des animaux humanisés. Certains d’entre eux souhaitent le retour des hômlas parmi eux, une espèce pourtant disparue. Claire et Robert Belmas ont opté pour un récit post-apocalyptique avec Seigneur de Colère. La vie sur Terre a presque été détruite à cause des griffes noires apparues après une grande guerre. De très petites communautés subsistent difficilement dans un climat marqué par la violence. Le texte est d’une lecture agréable tout en étant d’une grande noirceur.

La dernière thématique s’intitule « ailleurs et demain », on y trouve de l’anticipation et du space opera. Loic Henry propose une nouvelle d’anticipation très réussie, Malaria. Le texte parle de manipulation génétique au départ sur des moustiques dans le but d’éradiquer la Malaria. Cependant, tout acte peut avoir des conséquences insoupçonnées. Un très bon texte qui nous fait réfléchir sur un thème d’actualité puisque à la fin de la nouvelle sont mentionnées des études récentes qui vont dans ce sens. Par-delà les ruines de Vincent Mondiot débute comme une nouvelle de fantasy puis prend peu à peu un autre tournant. Le texte est très bien écrit et suscite la curiosité du lecteur. Comme dans la cuvée 2018, Estelle Faye place sa nouvelle dans l’univers space-opera des Nuages de Magellan. Jardins est un beau texte émouvant sur un somptueux jardin créé par un paysagiste à bord d’un vaisseau dans l’espace. Le recueil se termine avec un court texte de Jean Pruvost, Epinaturalement, sous forme de jeu avec les mots autour du thème de nature et du festival des Imaginales.

Cette cuvée 2019 est à nouveau un bon cru, avec des textes variés et de plusieurs genres. Certains sont moins intéressants que d’autres mais globalement le thème est abordé de belle manière. Lex textes de Stefan Platteau, de Loïc Henry et de Jean-Laurent del Socorro sont vraiment excellents et parmi les plus réussis de cette anthologie.

Autres avis: Boudicca

dav Directrice: Stéphanie Nicot

Éditeur : Mnémos

Parution:06/06/2019

Arbres insurgés (Je suis forêt) et dieu des eaux déprimé (Mal de mer), affrontement d’alpinistes-sorciers sur les pentes de l’Himalaya (Les Enfants d’Inanna) et lutte désespérée contre un désastre écologique (La Lumière de Malia), ou animaux annonçant le début des représailles (La Mer monte), les récits proposés par les seize auteurs de l’anthologie des Imaginales 2019 nous rappellent que la nature est belle, mais fragile, et qu’il va falloir se battre pour la protéger.
Entre crise intérieure (La Traversée du désert) et loup-garou en fuite (L’âme et le coeur), petite fille discriminée (Comme ça) et dystopie cruelle (Seigneur de Colère), ou ruines hantées par le souvenir d’un animal féroce (Qui se souvient des hômlas ?), Natures nous annonce que, si le passé n’a pas toujours été facile, le futur risque d’être pire encore. Préparons-nous à la grande pandémie (Malaria), essayons de ne pas oublier d’où nous venons (Par-delà les ruines), et fuyons à temps une Terre bientôt ravagée (Jardins).
Pourtant, ici ou là, l’espoir en l’être humain persiste : Armée d’un livre et d’un crayon, une petite fille trace une voie. Résistance !

Les auteurs : Claire & Robert Belmas, Charlotte Bousquet, David Bry, Grégory Da Rosa, Jean-Laurent Del Socorro, Estelle Faye, Loïc Henry, Ariel Holzl, Vincent Mondiot, Stefan Platteau, Jean Pruvost, Ketty Steward, Philippe Tessier, Estelle Vagner, Aurélie Welllenstein

Cette chronique fait partie du challenge S4F3s5

s4f3-s5

Cette chronique fait partie du challenge Summer Star Wars – Solo
ssw-solo
Pour la nouvelle Jardins d’Estelle Faye

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