La cité des marches de Robert Jackson Bennett

Robert Jackson Bennett est un écrivain publié à de nombreuses reprises en France par Le Bélial’, et surtout Albin Michel Imaginaire avec American Elsewhere et la trilogie Les Maîtres enlumineurs. La maison d’édition vient de sortir un nouveau roman de l’auteur, La Cité des marches, premier tome de la trilogie Les Cités divines. Cette série est antérieure à celle des Maîtres enlumineurs, puisqu’elle date de 2014 à 2017 en VO. L’ouvrage parait d’ailleurs dans une très belle version collector reliée mettant en valeur la très belle illustration de couverture de Didier Graffet.

Commençons par quelques mots sur l’univers dans lequel se déroule ce roman. Bulikov, capitale historique du Continent, était autrefois une cité très prospère et puissante. La ville porte en elle les stigmates de son histoire même si elle a continué à évoluer. Il y a environ 70 ans, Bulikov a effectivement perdu la guerre face à Saypur qui a renversé le continent. Auparavant, le Continent dominait le monde en ayant réduit le reste du monde en esclavage. La force du continent venait des Dieux qui interagissaient avec leurs fidèles, leur accordaient des miracles et leur donnaient leur grande puissance. Pourtant, un jour, l’impossible se produisit et une rébellion mené par le Kaj a eu lieu. Celui-ci avait une arme qu’il avait lui-même fabriqué et a réussi à abattre les Dieux. Sans leur aide, Bulikov a sombré, la mention des Dieux du passé est désormais interdite et le gouvernement de Saypur est souverain. La science et la technologie ont remplacé les divinités, les trains à vapeur relient les villes du Continent, l’électricité commence à apparaître, tout comme les appareils photo.

Les tensions sont toujours présentes entre les deux contrées. L’historien Efrem Pangyui, qui avait été envoyé pour étudier le passé de Bulikov, vient d’être assassiné. Shara Thivani est envoyée par le ministère des Affaires étrangères pour enquêter sur ce meurtre. Elle est accompagnée de son fidèle secrétaire Sigrud, un barbare géant, pour l’aider dans son investigation.

Robert Jackson Bennett a créé un univers solide et très riche. L’opposition entre croyances et science fait écho à celle que l’on connaît dans notre actualité. Les Dieux du Continent ont tous une personnalité différente, faisant penser aux panthéons des anciennes mythologies, nordiques ou grecques principalement. L’auteur s’amuse avec différents codes dans son univers, amenant quelques surprises.

Le récit alterne entre scènes d’action, scènes plus introspectives et enquête. Certains passages sont assez exceptionnels niveau spectacle. Les personnages sont vraiment bien construits et intéressants à suivre. Que ce soit Shara, souvent prise entre devoir et sentiments personnels, Sigrud le géant, au passé torturé, qui se révèle bien au-delà de la brute sanguinaire que l’on pourrait croire au premier abord, et les personnages secondaires. Mention spéciale à la générale blasée fort réussie.

L’intrigue est un peu linéaire, et certains éléments se devinent assez facilement. Cependant, la plume de l’auteur est fort agréable et entraînante, et on se laisse prendre à son histoire. Le propos du roman sur la religion, les rapports que les hommes entretiennent avec le divin, est fort intéressant et très bien amené. L’auteur n’hésite pas à parler de fanatisme religieux, des dangers des croyances divines. Il mène une réflexion sur notre monde contemporain et son rapport au divin tout en produisant un récit épique.

Ce premier tome pose les bases de l’univers et pourrait se suffire à lui-même, pour ceux qui n’auraient pas envie de poursuivre l’aventure. Le dénouement fait qu’il peut être lu sans attendre de suite, ce qui est une très bonne chose, même si j’avoue être impatiente de lire la suite.

Ainsi, avec La Cité des marches, Robert Jackson Bennett nous propose un roman qui allie lecture divertissante, actions, scènes spectaculaires et réflexion sur notre monde. Un premier tome mené tambour battant avec un univers très riche au background soigné, et à nouveau une belle réussite pour l’auteur.

Autres avis: L’épaule d’Orion,

Auteur : Robert Jackson Bennett

Traduction : Laurent Philibert-Caillat

Éditions: Albin Michel Imaginaire

Publication : 28 février 2024

Autrefois puissant cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité, Bulikov est tombée. Ses dieux protecteurs ont été exterminés par un chef de guerre venu de Saypur. Et une mystérieuse catastrophe a eu lieu dans la foulée : le Cillement.
Soixante-dix ans plus tard, Bulikov n’est plus que l’ombre d’elle-même. Restent toutefois visibles, çà et là, certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée, notamment d’immenses escaliers brisés qui ne relient plus la terre aux cieux.
Quand un célèbre historien est assassiné, le ministère des Affaires étrangères envoie en territoire occupé une de ses meilleures espionnes: Shara Thivani. Se présentant comme une humble diplomate, la jeune femme découvre l’étrange cité des marches et commence son enquête. Mais sa tâche s’avère très vite compliquée et dangereuse, car elle touche un domaine des plus sensibles : le passé divin du Continent. Un passé proscrit, que nul n’a le droit d’évoquer.

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