La maison aux pattes de poulet – GennaRose Nethercott

La Maison aux pattes de poulet est le premier roman de Gennarose Nethercott, également poétesse. Il vient de paraître chez Albin Michel Imaginaire, avec une illustration de couverture signée Anouck Faure et la traduction de Anne-Sylvie Homassel. La fameuse maison du titre fait référence à Baba Yaga et aux contes slaves.

De nos jours, aux USA, Bellatine et Isaac Yaga, frère et sœur, ne se sont pas revus depuis des années. Chacun a suivi son chemin. Bellatine a choisi un métier manuel lié au bois tandis qu’Isaac a opté pour la route, où ses talents d’imitateur, d’escroc et de pickpocket lui permettent de traverser le pays. Pourtant, un événement inattendu va les remettre sur la même voie. L’héritage de leur grand-mère ukrainienne leur arrive dans une énorme caisse et ils doivent être tous les 2 présents pour le recevoir. Cet héritage est pour le moins étonnant puisqu’il s’agit d’une maison juchée sur des pattes de poulet qui lui permettent de se déplacer. Une fois le choc passé à la découverte de ce legs, le frère et la sœur font se rendre compte d’une terrible réalité : la maison est poursuivie par une entité maléfique appelée Ombrelongue.

La plume de Gennarose Nethercott arrive à nous plonger rapidement dans cette histoire. La traduction d’Anne-Sylvie Homassel rend à merveille les variations de style, les passages plus oniriques, ceux où l’action se fait plus présente. Le récit est focalisé sur deux personnages très différents, Bellatine et Isaac. Tous les deux sont marqués par leur passé, leur histoire familiale qui a laissé des traces sur leurs caractères, dans leur vie. A travers leurs vécus, l’autrice aborde les légendes juives d’Europe centrale. En effet, Bellatine et Isaac sont des lointains descendants de Baba Yaga et d’une famille qui émigra aux USA au début du XXe siècle. Leur lointain passé est trouble, même s’ils n’en ont pas connaissance. Pourtant, il va leur falloir faire avec, et tout faire pour comprendre ce qu’ont vécu leurs ancêtres.

Gennarose Nethercott utilise admirablement le folklore slave dans son récit. Baba Yaga et sa maison magique ont une grande importance dans le roman. A travers ces mythes, l’autrice parle de la manière dont naissent les légendes, de l’importance de la mémoire et des risques de l’oubli. Le souvenir du passé permet aux peuples de continuer à vivre, le devoir de mémoire est au cœur de ce roman : Il ne faut pas oublier le passé pour éviter qu’il se reproduise dans le présent ou l’avenir. Les contes, les chansons, les légendes permettent de conserver une partie de ce passé. Ces thématiques très actuelles sont brillamment abordées par l’autrice.

Cependant, ce ne sont pas les seules qualités de La Maison aux pattes de poulet. Le récit est impeccablement raconté. Gennarose Nethercott utilise des flashbacks pour que le lecteur comprenne mieux les personnages principaux. Plusieurs lignes narratives se rejoignent pour former une course-poursuite et un récit palpitant. Le développement est parfaitement maîtrisé. L’ambiance flirte avec celle du merveilleux noir. On pense à Neil Gaiman par moments pour l’utilisation des mythes. On imagine bien cette histoire à l’écran portée par le style de Tim Burton. On frémit pour les personnages au fur et à mesure des révélations jusqu’au final époustouflant.

La Maison aux pattes de poulet est une immense réussite et un énorme coup de cœur. Cela faisait quelques temps que je n’avais pas éprouvé autant de plaisir en lisant un roman. L’écriture de l’autrice tout en finesse, la réactualisation des contes, et l’intelligence du propos en font un roman à lire absolument.

Autres avis: Just a word, l’épaule d’Orion, Tachan, Fantasy à la carte, Feygirl, les pipelettes,

Autrice : GennaRose Nethercott

Traduction : Anne-Sylvie Homassel

Éditions : Albin Michel Imaginaire

Publication : 31 janvier 2024

Séparés depuis l’enfance, Bellatine et Isaac Yaga pensaient ne jamais se revoir. Mais lorsque tous deux apprennent qu’ils vont hériter de leur grand-mère ukrainienne, frère et sœur acceptent de se rencontrer. Ils découvrent alors que leur legs n’est ni une propriété ni de l’argent, mais quelque chose de bien étrange : une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet.
Arrivée de Kyiv, foyer ancestral de la famille Yaga, l’isba est traquée par une entité maléfique : Ombrelongue, qui ne reculera devant aucun acte de violence pour détruire l’héritage de Baba Yaga.

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