Les profondeurs de Vénus – Derek Künsken

Les profondeurs de Vénus de Derek Künsken se déroule dans le même univers que la trilogie du Magicien quantique, en cours de publication chez Albin Michel Imaginaire. L’action se passe plusieurs siècles avant les évènements racontés dans Le magicien quantique et Le jardin quantique . Le roman est le premier volume d’un dyptique dont le second volet n’est pas encore paru en VO mais cela ne saurait tarder.

XXIIIe siècle, Vénus est en cours de colonisation, du moins son atmosphère. Car les conditions sur Vénus sont très différentes de la Terre, et non propices à la vie. Les températures y sont extrêmes ( de quoi cuire en 2 secondes), l’atmosphère irrespirable et l’acide sulfurique y est roi. Pas de quoi faire rêver. Mais les températures sont plus clémentes.en altitude. La colonisation commence ainsi, dans des conditions extrêmement difficiles où il faut faire tout le temps attention. La colonie se développe peu à peu, elle regroupe environ 4000 individus venus du Québec, seul pays intéressé par le fait d’aller sur Vénus. La survie de la colonie est précaire et liée aux banques qui soumettent les dirigeants. Voilà pour le cadre général. L’histoire du roman est centrée sur une des familles parties pour coloniser Vénus, les d’Aquillon. Plusieurs membres de la famille ont péri et le père, Georges-Étienne, a préféré se couper de la colonie suite à une grosse divergence d’opinion. La colonie se trouve dans les niveaux supérieurs de l’atmosphère, alors que les d’Aquillon vivent dans les profondeurs de Vénus. Ce premier tome va raconter l’histoire des membres de cette famille et leur découverte extraordinaire d’un objet inconnu sur la planète avec les répercussions que cela aura.

Derek Künsken offre des descriptions somptueuses et minutieuses de Vénus, détaillant son atmosphère, sa surface, ses habitats et de très belles scènes de vols en « deltaplane » à travers les nuages vénusiens. Il offre ainsi une immersion complète au sein de cette planète en voie de colonisation. Vénus acquiert une véritable personnalité sous la plume de Derek Künsken. L’histoire est prenante, on a envie d’en apprendre plus sur la découverte faite par les d’Aquillon, de savoir comment elle impactera leur vie, la colonisation puis l’univers.

Le roman a beaucoup de qualités, mais des longueurs alourdissent le récit, notamment des parties concernant certains personnages. J’ai eu beaucoup de mal avec le personnage d’Émile et sa pseudo histoire d’amour qui n’apporte pas grand chose à l’histoire. Le personnage n’est pas sympathique et les passages le concernant auraient largement pu ne pas figurer dans cette histoire. L’auteur concentre son récit sur la famille d’Aquillon et on sait assez peu de choses du reste de la colonie, hormis quelques règles sur son fonctionnement. Les différents personnages sont intéressants, forts, attachants et très humains mais certains passages sont un peu longs, notamment les questionnements psychologiques qui semblent très nombreux au sein des d’Aquillon. Le souci de l’auteur de présenter la diversité au sein de son roman est très louable. Néanmoins, les d’Aquillon semblent un peu trop cocher les cases de la diversité. Cela aurait pu être mieux d’avoir des personnages présents dans la colonie, et pas seulement chez les d’Aquillon, qui sont d’ailleurs mal vus au sein de cette colonie.

Les profondeurs de Vénus est ainsi un planet opera très immersif avec un très bon worldbuilding. La plume de Derek Künsken offre de magnifiques descriptions de Vénus à la fois réalistes et propices à l’imagination. Cependant, le roman met un peu de temps à véritablement décoller et des longueurs parsèment le récit. La fin donne clairement envie de connaitre la suite des aventures des d’Aquillon et de leur découverte.

Autres avis: Le nocher des livres, Gromovar (Quoi de neuf sur ma pile), Apophis (sur la V.O.) , FeydRautha (Sur l’épaule d’Orion), Les chroniques de Feygirl, Les blablas de Tachan, Les lectures du Maki, Les pipellettes,

Auteur: Derek Künsken

Traduction : Gilles Goullet

Éditions: Albin Michel Imaginaire

Parution : 31/05/2023

Vénus. Seconde planète du Système solaire. Des conditions de vie effroyables. En surface, une pression équivalente à une plongée à 900 mètres sous le niveau de la mer et une température infernale de 462° Celsius. En altitude : une atmosphère composée en grande partie de nuages d’acide sulfurique qui ronge tout.Une seule erreur et vous êtes mort. Cent familles sont arrivées du Québec afin de coloniser Vénus, où elles luttent au quotidien pour gagner leur vie. L’une d’elles vit en marge : les d’Aquilon. Ils travaillent dans les profondeurs de Vénus où ils viennent de faire la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité. Pourront-ils la garder ou devront-ils la céder aux banques qui ont rendu possible la colonisation de la planète ?

Cette chronique fait partie du challenge Summer Star wars Andor

7 commentaires

  1. En effet, on a l’impression que toute la diversité des colons sur Vénus sont dans la famille d’Aquillon, ou presque ! Jean-Eudes étant l’élément déclencheur pour l’ostracisation de la famille, sa présence est importante mais, pour les autres, il aurait en effet été possible de les trouver dans d’autres familles. En tout cas, ça fait quand même bien plaisir de découvrir tous ces personnages et qu’ils et elles soient au premier plan, pas juste secondaires ^^
    Pour moi, il y avait parfois un peu trop de descriptions. Il y a certains passages où on sentait que c’était rapide, que ça se faisait vite, mais comme ça s’étendait sur plusieurs pages, j’en perdais le fil, de temps en temps. Cela dit, j’ai bien aimé (même si, à la fin du roman, je me suis dit que, décidément, juste la phase 1 du plan en un tome et seulement de tomes de prévus ? Que va-t-il se passer ensuite ??).

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    • Je suis tout à fait d’accord sur le ait que c’est positif de découvrir de tels personnages au premier plan. J’aurai juste trouvé plus judicieux qu’ils ne soient pas tous dans la même famille. La fin donne clairement envie de lire la suite 🙂

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  2. […] Ma chronique : 4.000 descendants de Québécois vivent sur Vénus : la plupart résident en haut de l’atmosphère, dans des habitats protégés surplombant les nuages toxiques ; et plus bas naviguent les « coureurs des vents », qui, à l’image des coureurs des bois du XVIIe siècle, connaissent des conditions de vie rudes et font commerce avec ceux d’en haut, y compris via des trafics qui échappaient aux autorités. Dans des chalutiers — sorte d’immenses plantes — modifiés par bio-ingénierie, entourés par une atmosphère à haute pression composée de souffre et de dioxyde de carbone avec dans des températures dignes de l’enfer, ces derniers vivent, ou plutôt survivent, grâce aux récoltes de métaux rejetés par les vapeurs des volcans qu’ils revendent.Chez les Aquilon, voici le père, Georges-Etienne, homme dur à la tâche qui, 28 ans plus tôt, a refusé avec sa femme l’avortement imposé par la femme médecin de la colonie, qui jugeait qu’on ne va pas soigner et entretenir un trisomique alors qu’on manque de tout. Le couple, et les enfants nés plus tard, ont été de facto condamnés à une vie à la marge d’une société déjà âpre, et sont devenus des coureurs des vents. Et cette femme médecin est devenue la présidente, n’hésitant pas à poursuivre la politique d’endettement massif auprès de la banque Pallas… là aussi, le parallèle avec l’histoire ne manque pas, si on pense aux Indiens condamnés à travailler toute leur vie pour rembourser les dettes acquises auprès des commerçants colons.Dans cette situation générant de la rancœur, le père Georges-Etienne et un de ses fils font une extraordinaire découverte dans le sol de Vénus, sol lui-même quasiment inatteignable en raison de la pression et des températures. Une découverte qui changerait le destin de Vénus, et par ricochet celui des Aquilon.Mais la famille sait qu’elle serait spoliée par le gouvernement, dans un système légal présenté comme collectiviste et où les autorités peuvent réquisitionner ce qu’elles veulent pour « le bien de tous ». Les Aquilon refusent. Les Aquilon n’ont pas pardonné l’ordre de se débarrasser du fœtus trisomique, devenu un Jean-Eudes auquel tout le monde est attaché et qui essaie de prendre sa part des travaux. Les Aquilon n’ont pas pardonné non plus d’être contraint de vivre à l’écart, dans un mode de vie qui a provoqué la mort de la mère, de la sœur et du beau-frère. Les Aquilon — et surtout le père — estiment mériter enfin une récompense pour tous ces sacrifices. Et quand la présidente fait voter un ordre qui dépossède la famille d’un de ses biens dans les nuages, les Aquilon se rebellent : le collectivisme montre ses limites avec des travailleurs durs à la tâche qui ont sué pour grappiller de maigres possessions, et qui jugent que les autorités gaspillent les ressources de la colonie et livrent la planète à la Banque Pallas.L’un des héros de ce roman est la planète elle-même : fascinante pour ceux qui y sont nés, attirante et dangereuse, elle prend par surprise ses victimes. Dans les hauteurs des nuages, quelques illuminés s’enfoncent dans un culte mortifère à la planète ; tandis qu’en bas les coureurs des vents luttent pour leur survie au milieu des tempêtes de dioxyde de carbone et des pluies d’acides sulfuriques qui brûlent leur corps quand les combinaisons se déchirent. Pour autant ces derniers n’imaginent pas vivre ailleurs : les colons nés sur place n’ont qu’une vague idée de la Terre, et quoi qu’il en soit ils n’auraient pas les moyens de partir.Les protagonistes, à savoir principalement les Aquilon, ont tous une personnalité intéressante voire forte, et qui évolue au fil des événements. Tantôt avec tendresse, tantôt avec rudesse, l’auteur brosse des caractères forgés par les obstacles, les espoirs et des déceptions. L’émotion est aussi présente dans ce roman, et il en profite pour décortiquer une famille éprouvée, avec des relations complexes construites au fil des années et des combats de chacun. Il décrit notamment la vie d’un adulte trisomique protégé par les siens, ainsi qu’un adolescent qui recherche son identité de genre tout en craignant la réaction de son entourage. Mais rien de tout cela n’empêche les Aquilon de naviguer dans les tempêtes de Vénus, et pas seulement à bord de leur chalutier : leurs prouesses, quand ils enfilent leur combinaison et leurs ailes pour littéralement voler dans les nuages en utilisant les courants, offrent de belles pages qui rapprochent le récit d’un roman d’aventures en terres hostiles.Ajoutons que l’action devient très prenante quand les Aquilon imaginent un plan pour protéger leur découverte, car si le gouvernement est pris dans les griffes de la Banque Pallas et ne peut pas laisser des colons hors du système, Vénus elle-même peut être cruelle avec des dangers tapis dans chaque tempête…Ce roman se déroule 250 ans avant un diptyque (Le magicien quantique et Le jardin quantique) : à la question « peut-on le lire sans connaître les autres romans ? », je vous réponds « oui ! », puisque moi non plus je n’ai pas (encore) lu les autres romans, et cela ne m’a pas empêchée de beaucoup l’apprécier.À la fin de ce roman, une page est tournée, et on devine assez aisément qu’une suite est possible. La VO est sortie récemment, espérons une traduction rapide.Autres chroniques dans la blogosphère : Apophis (VO), Gromovar, FeydRautha – l’épaule d’Orion, le nocher des livres, Tachan, Yogo – Le Maki, Célinedanaë – aupaysdescavetrolls, […]

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