Ring Shout Cantique rituel de P.Djèlí Clark

Après Les tambours du dieu noir et Le mystère du tramway hanté , les éditions L’Atalante continuent de publier l’auteur P. Djèlí Clark. Sous ce pseudonyme se cache Dexter Gabriel, historien, romancier et nouvelliste américain. Son nouveau roman Ring shout vient de paraitre en France. Il a remporté les prix Nebula 2020 et Locus de la meilleure novella 2021. La traduction est signée Mathilde Montier comme pour les précédents textes de l’auteur.

Après l’Égypte, nous sommes de retour aux USA, cette fois au milieu des années 1920 et plus précisément à Macon en Géorgie. Le KKK est malheureusement bien réel et ses membres sont nombreux. Le climat de cet Amérique en 1925 est loin d’être idyllique. Le film « Naissance d’une nation » est sorti en 1915. Sous couvert de parler de la guerre de sécession, il présente les Afro-Américains comme des sauvages, il glorifie la ségrégation et le Ku Klux Klan. P. Djèlí Clark utilise ce film ayant vraiment existé pour introduire des éléments surnaturels dans son univers en en faisant un catalyseur à la haine cosmique. En effet, à l’intérieur du KKK se trouvent de véritables monstres, des horreurs cosmiques. Face à ces monstres se dressent des jeunes femmes au premier rang desquelles Maryse Boudreaux. Maryse est armée d’une épée magique qui lui permet de tuer des membres du klan possédés par des entités surnaturelles invisibles pour le commun des mortels.

Dans ce roman, P. Djèlí Clark mélange histoire des États-Unis, légendes et cultures africaines et horreur. Les éléments d’horreur font penser à Lovecraft, mais pas seulement. La part de l’histoire africaine est très importante, notamment la culture gullah. On sent que l’auteur connait bien son sujet auquel il rend hommage au travers de cette histoire de femmes de couleur luttant contre le mal. Le langage employé retranscrit cette culture et la traduction de Mathilde Montier est une nouvelle fois brillante. L’auteur utilise aussi la musique et le chant dans son récit. Les chants sont associés à la magie pour lutter contre le mal. Les références sont ainsi très nombreuses et nourrissent l’histoire. Les questionnements sont multiples, traités avec beaucoup de finesse et toujours d’actualité dans l’Amérique contemporaine.

Dans cet ouvrage, P Djèli Clark donne la part belle aux femmes, avec des héroïnes luttant contre le racisme et l’horreur cosmique tout en essayant de mener leur vie de femmes libres. Maryse Boudreaux est le personnage principal, très courageuse, indépendante, mais loin d’être infaillible. Sa famille a été sauvagement assassinée par le Klan, les choix qu’elle doit mener sont difficiles et rien n’est simple pour elle. C’est un personnage très attachant et intéressant à suivre. Elle est entourée de Chef, qui a fait la première guerre mondiale en se faisant passer pour un homme, mais aussi de Sadie, qui est passionnée par l’Histoire de l’Afrique ancienne. Ces héroïnes sont ainsi des opprimées dans un pays où le racisme est important, des opprimées qui prennent les armes et luttent pour le bien être de tous.

Le roman est court, et pourtant en peu de pages l’auteur arrive à donner de la puissance à son histoire en évoquant le passé le plus sombre des États-Unis. Il arrive à créer un univers complet et foisonnant en mélangeant plusieurs genres. L’horreur est très présente, tant au niveau des créatures monstrueuses, que par le passé des personnages ou encore par tout ce à quoi est confronté Maryse. Cette horreur surnaturelle sert à montrer l’horreur bien réelle de l’histoire américaine et du Ku Klux Klan.

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark signe à nouveau un roman brillant, à la fois bouleversant pour ce qu’il dit sur l’histoire de l’Amérique, sur l’esclavagisme et le racisme. Un roman magistral et passionnant qui mérite amplement les prix reçus.

Autres avis: Feydrautha, Gromovar, Fantasy à la carte, Just a word,

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Auteur : P. Djèlí Clark

Traduction: Mathilde Montier

Éditeur: L’Atalante

Parution: 21/10/2021

Macon, Géorgie. 1925.
Au sein du Ku Klux Klan, « sorcier » n’est pas qu’un titre : recourant à la magie noire, D. W. Griffith et Thomas Dixon ont fait de Naissance d’une nation un sortilège visant à moissonner les âmes pour invoquer des puissances maléfiques. Face au Klan et ses membres, peu à peu possédés par des monstres qui s’abreuvent de leur haine, se dressent des femmes extraordinaires.

28 commentaires

  1. J’ai les deux premières rééditions de L’Atalante dans ma pàl, c’est un auteur dont l’univers me fait très envie… J’avoue que le côté « Lovecraft à l’Africaine » m’intrigue énormément ! Tant mieux si L’Atalante continue à publier ses textes !

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