La collision des Mondes de Sam Cornell

La collision des mondes est le premier roman de l’auteur normand Sam Cornell. Il a été publié en 2019 par la maison d’édition belge Livr’s Éditions. Pour la petite anecdote le roman fait 666 pages en version papier. L’illustration de couverture est signée Jennifer Peulen.

Un OVNI littéraire ou OLNI

La collision des mondes est un roman divisé en 4 parties bien distinctes, 4 parties comme si le roman était en fait une quadrilogie regroupée en un seul gros volume. Les 4 parties sont liées par une histoire générale mais sont bien distinctes au niveau genre littéraire. En effet, la première partie ressemble à une enquête policière. La seconde prend des airs de thriller sous fond de religion et d’ésotérisme. La troisième change à nouveau pour se tourner vers l’histoire mais aussi la science. Et la dernière partie offre des moments d’horreur et de suspense très intenses. Ce roman est ainsi assez difficile à classer. Il emprunte des caractéristiques à plusieurs genres de l’imaginaire. On trouve chez l’auteur une volonté claire de jouer avec les codes des genres, de les mélanger au gré de son récit. J’ai beaucoup apprécié ce côté qui surprend certes au départ mais convient très bien à l’histoire et à l’époque où elle se déroule.

Tout commence en 1923 en Normandie, dans la petite ville fictive de Fromenville, à proximité d’Étretat. L’inspecteur Calvez pense avoir bouclé son enquête en cours concernant la mort de Monsieur Galantier, notaire de cette petite bourgade de province. Mais un étrange message qu’il reçoit le fait changer d’avis et le pousse à continuer à enquêter sur ce qu’il pensait être un suicide. On se retrouve ainsi plongé dans l’enquête menée par Calvez, à essayer de trouver ce que chacun peut bien avoir à se reprocher dans cette petite ville paisible en apparence et où tout le monde se connait. Mais l’affaire n’est pas si simple et l’inspecteur finit par faire le lien avec un mystérieux individu reliant tout, dénommé François Malville. Cet homme passa quelques temps à Fromenville une trentaine d’années auparavant, avant d’être condamné pour troubles à l’ordre public puis interné.

Tout le roman va tourner autour du mystère de la mort de Galantier et de ce qu’il implique pour le village et ses habitants. Pour résoudre complétement cette énigme, le récit va se concentrer sur plusieurs personnages, plusieurs endroits et plusieurs sous intrigues. On voyage beaucoup avec les pérégrinations des divers protagonistes allant de l’Amérique à l’Italie. De nouveaux personnages apparaissent pour faire avancer l’intrigue principale, mademoiselle Colinet et le frère Guillaume devevant les personnages principaux des parties deux et 3.

L’influence du jeu de rôle

L’auteur maitrise très bien son sujet, son histoire, l’époque et les lieux où tout se déroule. On s’immerge facilement dans cette histoire et on se prend au jeu. Malgré tout, il veut parfois trop en faire et des longueurs parsèment le récit surtout dans la troisième partie consacrée à l’histoire de la famille Malville. Cette partie est intéressante pour comprendre beaucoup d’éléments, mais aurait pu être raccourcie de pas mal de pages pour donner plus de dynamisme au roman. C’est assez dommage car cette partie a tendance à un peu perdre le lecteur dans des circonvolutions historiques certes très documentées et passionnantes, mais trop nombreuses également.

La dernière partie revient donner de l’énergie au récit avec tous les protagonistes réunis et le retour au premier plan de l’inspecteur Calvez. Surtout, cette dernière partie vient donner une autre dimension au roman, non seulement en résolvant les différents mystères mais en introduisant une dimension horrifique liée à des entités rappelant celles que l’on peut rencontrer chez Howard Phillips Lovecraft. En effet, un des éléments marquants dans ce roman est son lien avec le jeu de rôle et en particulier l’Appel de Cthulhu. Les années 1920 sont le théâtre prédestiné pour des aventures liées aux grands anciens. Les différents personnages font penser à des investigateurs du jeu que l’on pourrait retranscrire sans aucun problème. La construction même du roman rappelle celle d’un scénario de l’Appel de Cthulhu avec une enquête en apparence simple, puis une enquête qui montre des choses étranges en lien avec des secrets enfouis dans l’histoire et la science, des dangers pour les protagonistes autant pour leur santé physique que mentale. On imagine sans trop de soucis le roman transposé pour une longue partie de jeu de rôle, le tout étant de réunir les différents personnages lors de leurs voyages autour du globe.

La collision des mondes est ainsi une bonne lecture et un roman original. La construction du roman et son lien avec l’Appel de Cthulhu en font un roman solide et efficace. Il est dommage que des longueurs soient présentes dans la troisième partie du livre, surtout que la dernière est elle très réussie.

Voir aussi : interview de l’auteur sur Scifiuniverse

Autres avis:

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En papier

Auteur: Sam Cornell

Éditeur : Livr’s Éditions

Parution: 20/08/2019

« Un bien étrange suicide que voilà. »

La missive glissée sous sa porte invitait Calvez à revoir les conclusions de son enquête. Et si finalement Galantier avait été assassiné. Mais par qui ? Et pourquoi ?

En reprenant ses investigations, Eduardo Calvez sera confronté à une affaire plus complexe qu’il ne l’imaginait, où tous les protagonistes se révèleront plus impliqués qu’ils ne le laissaient transparaitre. Derrière le masque paisible et trompeur de la Côte d’Albâtre, se cachent des secrets que la bourgeoisie locale avait pris soin d’occulter.

Chaque indice collecté quidera l’inspecteur vers une autre vérité, tout en entretenant ce sentiment étrange qu’il n’est qu’une pièce d’échiquier, chahutée par des adversaires mystérieux, oeuvrant de la Normandie jusqu’aux Amériques.

Cette enquête le mènera vers les confins du réel, car gravir la généalogie des Malville ne sera pas sans conséquences.

L’aide imprévue de frère Guillaume et de mademoiselle Colinet sera la bienvenue, mais sauront-ils résister à la tentation que le mécanisme d’Alhazen a toujours suscité… ou succomberont-ils à son appel comme ce Rose-Croix trop impatient ?

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