La marche du levant de Léafar Izen

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La Marche du Levant de Léafar Izen fait partie des livres de la rentrée littéraire chez Albin Michel Imaginaire avec Quitter les monts d’automne de Émilie Querbalec. Les deux romans sont des oeuvres d’auteurs français. Les deux romans paraissent d’ailleurs à l’heure où Albin Michel Imaginaire fêtera ses 2 ans. L’illustration de couverture de La Marche du Levant est signée Hervé Leblan.

Une terre alternative

Dans ce roman, la Terre met 300 ans, et non plus 24 heures à tourner sur elle-même. Et 300 ans c’est long, cela donne des jours et des nuits de 150 ans environ chacun. La vie s’est établie sur la face éclairée car  avec 150 ans de nuit, impossible de chauffer ou cultiver. Tout est conçu en fonction de cette situation particulière de la planète. Léafar Izen a imaginé tout un monde en partant de cette hypothèse de rotation extrêmement lente de la Terre. Odessa, la capitale de la Marche Centrale se trouve en Sibérie avec le grand froid au Nord et le désert derrière elle. Les cités sont obligées de progresser en fonction de la rotation pour éviter d’être coincées dans le froid et la nuit de très très longues années. Tout cela nécessite un travail colossal en amont, des ouvriers vont en avant de la position de la ville planter les futurs arbres nécessaires à l’expansion de la ville. Et un lourd travail de planification également pour savoir vers où aller pour les années futures.

Tout est cohérent et plaisant à imaginer pour le lecteur, même si les premières pages sont un peu confuses, le temps de tout appréhender. Les durées de vie ne sont pas les mêmes que pour nous, les humains vivant plus de 100 ans. Les lunaisons servent à comptabiliser le temps qui passe. La construction du monde proposée par l’auteur est vraiment impressionnante. À partir d’une hypothèse de changement de notre planète, il arrive à développer un monde à la fois semblable et totalement différents du notre. On retrouve des noms similaires à notre Terre et des lieux totalement fous et grandioses comme une immense ville flottante. On s’émerveille devant ces descriptions d’endroits mystérieux qui se trouvent dans les différentes Marches.

Un récit sous forme d’épopée

La Marche du Levant, qui au départ devait être une trilogie est un beau pavé de plus de 650 pages. Il faut dire que entre le tout début et la fin, il s’en passe du temps, toute une vie d’une des personnages principales, le temps d’accomplissement d’une prophétie. De très anciens versets ont en effet prédit l’arrivée d’une enfant destinées à devenir Reine et à unir les Marches. Tache déjà colossale, mais en plus de ça la future reine guidera son peuple vers un artefact fabuleux, L’Arche du Destin, destiné à amener les humains vers un monde où ils ne fuiront plus le soleil et la longue nuit (l’hiver vient). La prophétie précise tout de même les circonstances où tout cela doit se passer et il faut que le Terre mette 4000 lunaisons à tourner sur elle-même. Cela tombe bien puisque c’est enfin le cas.

Le roman est divisé en 3 parties appelées chants, ce qui en plus de la prophétie donne un aspect d’épopée au récit. Cela prend du temps pour qu’une enfant inconnue devienne Reine et remplace l’Archiprêtre en place, et il faut une sacré somme de manipulations, batailles, bonnes rencontres pour y arriver. Certains passages sont plus réussis que d’autres dans cette épopée comme la prise de pouvoir de Akeyra, la jeune nomade devenue Reine, le voyage vers Amerika. D’autres sont un peu plus naïfs comme le changement de vie assez soudain de Célérya, assassine professionnelle. Néanmoins, les personnages proposés par Léafar Izen sont réussis. Célérya a une belle évolution et son amitié avec Oroverne, barbare du Nord est touchante tout comme sa relation avec Akeyra dont elle deviendra la fidèle conseillère et amie.

Léafar Izen nous raconte le destin annoncée à l’avance d’une femme appelée à changer l’avenir de l’humanité. Cela est certes déjà vu, autant dans les thématiques que dans les archétypes utilisés. Cependant, la plume de l’auteur rend la lecture agréable, on voyage énormément en découvrant cette Terre modifiée, les deux héroïnes sont attachantes et marquantes. Et puis, l’épilogue arrive et remet tout en question, il explique beaucoup de choses, presque tout, et fait basculer le roman dans un autre registre. Un épilogue qui fait repenser à l’histoire qui nous a été racontée autrement.

La Marche du Levant est ainsi une lecture à la fois surprenante par certains côtés (la toute fin, le monde proposé) et convenue par d’autres (la prophétie, des archétypes déjà vus à de nombreuses reprises). C’est en tout cas, une lecture qui émerveille très souvent, qui donne envie de voyager, de réfléchir aussi à notre Terre. Et qui donne envie de découvrir de prochains romans de Léafar Izen.

Autres avis:Les notes d’Anouchka, L’épaule d’Orion, Just a word, Gromovar, Apophis, Fantasy à la carte, XapurLe chroniqueur, L’ours inculte, Yogomaki

Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

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l’apparition de l’Arche?

Auteur: Leafar Izen

Éditeur : Albin Michel Imaginaire

Parution :02/09/2020

Trois cents ans. C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Tous contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule.

Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya est envoyée en mission secrète à l’est. Là, sans le vouloir, elle participe à l’accomplissement d’une ancienne prophétie à laquelle elle n’a jamais cru.

Un domino vient de tomber ; les autres suivront-ils ?

23 commentaires

  1. […] Ma chronique : Une planète où le jour dure 300 ans : la population est contrainte de se déplacer au rythme du soleil pour survivre, en cherchant les couloirs à travers les montagnes ou les mers. Ceux du Levant assistent à la fonte des glaces et au réveil de la nature tandis que ceux du Couchant fuient la nuit glacée… Et Odessa, la capitale de la Marche du Levant (lire aujourd’hui un livre qui imagine une capitale de tout un peuple en la baptisant Odessa — le roman a été publié en 2020 — provoque un pincement au cœur), poursuit sa longue route avec ses chariots tirés par des buffles, ses palais portés par des aérostats, ses guerriers et ses marchands qui vivent dans des tentes ou des baraquements. Un monde prétechnologique entouré par divers peuples, comme les Nördtzins du Nord (oui oui) qui rappellent les Vikings, les Guetteurs qui survivent dans les déserts, sans compter des hordes dangereuses. Le lecteur comprend assez vite qu’il s’agit de notre Terre, le nom des territoires traversés étant très proches de ceux que nous connaissons. Dans ce monde, les fidèles de la religion des Versets attendent la réalisation de la Prophétie, qui annonce la naissance d’une enfant qui mènera son peuple vers l’Arche du Destin.Celerya est une jeune assassine qui, après avoir fait ses preuves, est acceptée dans la Guilde des assassins. Mais cette organisation est achetée par le pouvoir d’Odessa pour manipuler ses ennemis, que ce soit à l’intérieur du Palais ou dans des contrées lointaines. Car Odessa est gouvernée par un Archiprêtre qui se vautre dans le luxe et la luxure alors que les Guetteurs survivent à peine et doivent payer un lourd tribut pour bénéficier de la protection de la capitale, qui pourtant ne manque pas de mépriser ce peuple du désert. Or les Versets affirment que l’enfant tant attendu naîtra chez eux.Pendant ce temps, chez ces Guetteurs, une enfant est détectée puis désignée comme étant Akeyra, l’héroïne de la Prophétie censée apporter un immense espoir.On retrouve quelques tropes de la fantasy dans ce roman : une prophétie, une société divisée en castes et en peuples très distincts, des guerriers farouches et quasi invincibles, et j’en passe. Heureusement, l’auteur a l’intelligence de présenter une prophétie « forcée », dans le sens où des personnages s’arrangent pour que la réalité corresponde à cette prophétie, dans leur propre intérêt. C’est dommage qu’il ne soit pas allé plus loin avec cette idée : j’attendais les conséquences de ce mensonge.La plume de l’auteur et surtout son talent pour rendre vivant son univers sont notables : citons la longue pérégrination d’Odessa, le Nord et le désert, la nature qui s’éveille quand le soleil arrive, ou encore l’Armada sur les mers. C’est un grand point fort du roman. La ville d’Odessa est vivante, elle bouge — littéralement — et elle grouille. La nature évolue au rythme de ce long jour, en sortant lentement des glaces de la nuit, et des graines doivent être plantées pour devenir des arbres, bien des années plus tard, lors de l’arrivée d’Odessa. Chaque peuple a construit un mode de vie intimement lié à son environnement : ceux de la capitale, lieu de pouvoir et de commerce qui subit un nomadisme contraint, ceux du Nord glacé, ceux du désert, et ceux des mers qu’on découvre en même temps que les protagonistes.Cette histoire était au départ prévue pour être une trilogie, remaniée pour devenir un seul roman. Peut-être est-ce l’explication de certaines actions trop rapidement brossées, voire résumées : j’ai parfois été frustrée lors de passages qui auraient mérité plus de descriptions et auraient pu animer le récit. J’ai aussi regretté que maints personnages secondaires ou tertiaires ne soient jamais nommés mais seulement désignés par leur fonction, les transformant en personnages de papier.Pour ce qui est de la construction du récit, les trois tomes d’origine ont été changés en trois « chants », et autant le premier et le deuxième sont appréciables, autant le dernier manque singulièrement de tension dramatique — sauf lors d’un grand affrontement dans sa conclusion — alors même qu’il narre l’épopée finale de tout un peuple. Certes, pendant de ce troisième « Chant » on nous parle à tout-va de la Prophétie que tous les personnages attendent, mais ce n’est pas suffisant pour être palpitant.Quant à l’épilogue, il est surprenant et renverse la perspective. Bien vu. Il conduit à classer ce roman en science-fiction, car si le reste du roman se place dans un monde imaginaire, ce dernier n’est pas surnaturel, sauf à considérer un long jour de 300 ans comme magique.En conclusion : un univers imaginaire extrêmement bien décrit dans lequel on plonge avec bonheur, mais quelques défauts dans la narration. Néanmoins, j’ai passé un bon moment en compagnie de ce livre : le dépaysement est au rendez-vous.Autres chroniques dans la blogosphère : Apophis, Le Chien Critique, Gromovar, ReydRautha, Yogo, Xapur, Le nocher des livres, L’Ours Critique, Le Chroniqueur, Just A Word, Baroona, Boudicca, Lorhkan, Célinedanaë, […]

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