Les Enfermés de John Scalzi est paru chez L’Atalante dans leur collection « La Dentelle du cygne » en 2016. Depuis, un autre roman dans le même univers, Prise de tête, est sorti en octobre 2018. Les Enfermés est un roman assez court et il est suivi d’une longue nouvelle intitulée Une Histoire orale du syndrome d’Haden. Ce texte est en faite une explication détaillée de l’univers du roman et à mon sens, il est préférable de le lire avant le roman. En effet, il permet de mieux comprendre certains points et montre la grande qualité de l’univers proposé.
Futur proche et pandémie
Une des grandes forces de ce roman est le monde qu’il nous présente, détaillé, riche et très bien construit. L’action se situe dans un futur proche, 25 ans après l’apparition d’un virus inconnu et très dangereux ressemblant au départ à la grippe. Ce virus se répand par l’air et est ainsi hautement contagieux. La pandémie a été terrible et le bilan de plus de quatre cents millions d’hommes et de femmes, avec des pays plus touchés que d’autres. Mais le virus a plusieurs phases et aucun remède n’a été trouvé. On a trouvé comment réduire son expansion mais il est toujours là, une sourde menace au dessus de nos têtes. Parmi les différentes phases du virus, il en existe une terrible qui a frappé un pour cent des victimes: le « syndrome d’Haden » (du nom d’une des premières victimes). Ce syndrome se manifeste par ce que l’on appelle un enfermement de la personne à l’intérieur d’elle-même: elle est consciente, pense normalement mais est incapable de bouger, de parler. Ces personnes sont appelés des enfermés car prisonnières de leur propre corps, ou encore des Hadens.
Le monde a du s’adapter à ces malades, trouver des solutions pour les aider, pour vivre au quotidien. L’évolution des technologies a permis la création d’androïdes qui peuvent être contrôlés à distance par les Hadens. Ceux-ci peuvent ainsi se déplacer, parler et interagir avec le monde extérieur. Les premiers androïdes ressemblant à un robot doré venant d’une lointaine galaxie ont été appelés des Cispés. Le nom est resté depuis. Tout ceci est expliquée dans Une Histoire orale du syndrome d’Haden en détail avec des interviews de personnes clés. On a ainsi des éclaircissements sur l’apparition du virus, les malades, les technologies mises en place, les mesures de santé. C’est très détaillé, intéressant à lire et apporte clairement beaucoup à la perception de l’univers. La construction de monde de John Scalzi pour ce roman est vraiment exceptionnelle.
Le mélange des genres
Les Enfermés est un roman de science-fiction mais pas seulement. Son intrigue peut être rapprochés du policier. Son personnage principal est Chris Shane, agent du FBI tout récemment promu, Haden et enfant d’une des personnalités les plus riches et connues des États-Unis. Chris fait équipe avec Leslie Vann dans une enquête qui ne commence pas facilement, surtout qu’elle implique un intégrateur. Les intégrateurs sont des gens ayant été victimes du virus mais qui s’en sont remis et dont le cerveau a développé la capacité spéciale d’accueillir les Hadens dans leur corps. En gros, les Hadens peuvent se déplacer, ressentir, manger, parler par le biais de cette personne qui reste tout de même consciente pendant ce laps de temps. L’enquête n’est pas aisée car de nombreuses questions liées aux intégrateurs se posent. Elle s’avère passionnante à suivre.
Sous fond d’investigation, John Scalzi aborde de nombreuses problématiques liées à la maladie, au handicap, à comment les personnes différentes sont intégrées et perçues dans le monde. Les politiques d’aides et de soins ne sont pas les mêmes selon les pays, les personnes également. Il est ainsi aussi question d’éthique, de l’impact de l’argent sur la maladie et de nos sociétés modernes. Le roman est très rythmé, l’intrigue prenante, il pourrait presque se lire d’une traite une fois qu’on est pris dedans (la lecture première de Une Histoire orale du syndrome d’Haden aide d’ailleurs à s’immerger plus rapidement). Les personnages sont crédibles, humains et bien construits. On y croit sans soucis. En plus, John Scalzi introduit au travers d’un de ses personnages un jeu et une réflexion sur le genre masculin/féminin, pas forcément si anecdotique que cela.
Les Enfermés est donc un roman qui mélange habilement plusieurs genres: le policier, l’anticipation, la science-fiction avec une touche de cyberpunk. C’est surtout un roman brillamment construit et porté par une grande richesse thématique. Avec Les Enfermés, John Scalzi offre un roman à la fois divertissant et intelligent, le tout porté par un style fluide et imagé. En un mot, une réussite!
Autres avis: Apophis, Lune, Lutin 82, Lorhkan, Yogo, Baroona, Le chien critique, Lianne
Auteur: John Scalzi
Éditeur : L’Atalante
Parution :26/02/2016
Un nouveau virus extrêmement contagieux s’est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. Si la plupart des malades, cependant, n’y ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, un pour cent des victimes ont subi ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome d’Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ». Vingt-cinq ans plus tard, dans une société reformatée par cette crise décisive, ces enfermés, les « hadens », disposent désormais d’implants cérébraux qui leur permettent de communiquer. Ils peuvent aussi emprunter des androïdes qui accueillent leur conscience, les « cispés », voire se faire temporairement héberger par certains rescapés de la maladie qu’on nomme « intégrateurs »… Haden de son état, Chris Shane est aussi depuis peu agent du FBI. A sa première enquête, sous la houlette de sa coéquipière Leslie Vann, c’est justement sur un intégrateur que se portent les soupçons. S’il était piloté par un haden, retrouver le coupable ne sera pas coton. Et c’est peu dire : derrière une banale affaire de meurtre se profilent des enjeux colossaux, tant financiers que politiques.
Cette chronique fait partie du challenge S4F3s5
[…] Lutin sur Albedo, celle du blog Temps de livres, de Lune, de Lorhkan, de Yogo, de Baroona, de Célindanaé sur Au pays des Cave […]
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Une vraie réussite pour moi aussi. Et le meilleur de Scalzi avec le surprenant Controverse de Zara XXIII
La suite est un ton en dessous à mon gout mais est ce que tu la liras ?
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Je pense oui dans la mesure où j’ai envie de lire tous les romans de l’auteur tellement j’ai aimé les deux que j’ai lu 🙂
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Encore un que je dois absolument lire, ta chronique me conforte 🙂 mais ça vaut pour tous les romans de Scalzi !
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Oui, on est sur la même longueur d’ondes pour cet auteur 🙂
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Rien à ajouter.
Scalzi fait de très bon bouquins sans prise de tête, mais toujours avec intelligence.
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Oui mais avec prise de tête pour la suite des enfermés 🙂
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Beaucoup aimé aussi !
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Il faut que je lise d’autres romans de l’auteur.
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Tu m’as convaincu, je vais essayer de me procurer ce petit bijou. Merci.
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Super 🙂 je pense que tu ne le regretteras pas.
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Apparemment j’ai bien fait de le prendre pendant les promos de l’été ^^
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Oui très bien fait 😉
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Je l’ai dans ma PAL, je suis très curieuse de le lire !
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J’espère que tu apprécieras 🙂
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[…] Les enfermés […]
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[…] de Scalzi. Je me permets un ajout après une discussion dans les commentaires avec Célindanaé (qui a aussi chroniqué ce roman d’ailleurs) et comme ça peut vous révéler un élément important, je le dissimule en blanc toutefois sentez […]
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[…] mars 2019. Cette série signe le retour de l’auteur au space-opera après l’excellent Les enfermés, roman mêlant le policier, l’anticipation et la science-fiction. Le second volume de cette […]
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[…] vrai dire plusieurs romans de John Scalzi auraient pu figurer dans cette liste : Les enfermés, ou encore Le vieil homme et la guerre. J’ai choisi de garder La controverse de Zara XXIII […]
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