Un des grands évènements de cette fin septembre est sans doute le lancement de la collection Albin Michel Imaginaire, le département dédié à l’imaginaire chez Albin Michel, dirigé par Gilles Dumay. Tout d’abord, trois romans vont paraître le 26 septembre: Anatèm T1, de Neal Stephenson, Mage de bataille, T1, de Peter A. Flannery, et American Elsewhere, de Robert Jackson Bennett. Anatèm T2 et Les étoiles sont Légion, de Kameron Hurley suivront le 30 octobre. American Elsewhere est présenté comme étant un mélange de thriller et des univers de Stephen King et Lovecraft. Le roman a obtenu le prix Shirley Jackson, catégorie roman en 2013.
Un roman addictif et extrêmement bien construit
American Elsewhere est un gros pavé, il fait quasiment 800 pages. Pourtant, ne vous laissez pas décourager par sa longueur, c’est un roman que l’on peut qualifier d’addictif, et cela dès le début. Les premières pages nous plongent dans un univers étrange et énigmatique et on tourne très vite les pages, pris du désir de vouloir en savoir plus sur toute cette histoire et d’en connaitre le fin mot. L’histoire du roman se situe de nos jours aux États-Unis. Mona Bright, une ancienne flic, hérite à la mort de son père d’une Dodge Charger rouge et surtout d’une maison située au Nouveau Mexique. Cette maison appartenait à la mère de Mona et se trouve dans la ville de Wink. Seul problème, la ville ne se trouve sur aucune carte. Armé de sa Dodge Charger et de beaucoup de patience, Mona finit par trouver Wink, paisible bourgade américaine où le temps ne semble pas avoir de prise.
Voilà pour le tout début, mais très vite Mona va se rendre compte que les choses ne sont pas si faciles, que la ville semble cacher des choses et se plier à certaines règles assez étranges. Mona va découvrir que sa mère a bien vécu dans cette ville et était l’une des scientifiques travaillant au sein du laboratoire Coburn sur la mesa, créé en 1968 par le docteur Coburn. Ce laboratoire travaillait sur des projets secrets. Le fait que Mona enquête sur son passé, puis sur la ville de Wink, donne un côté thriller au roman. Mais, peu à peu, le roman change et bascule dans l’horreur avec ses différentes révélations. Robert Jackson Bennett tient son lecteur en haleine avec ses surprises et arrive à retenir l’attention tout au long des 800 pages. Aucune longueur, une tension qui se maintient tout au long du récit, et une ambiance extrêmement bien mise en valeur en font un roman très addictif. Tout cela est renforcé par la très bonne construction du roman, avec un rythme soutenu et un aspect cinématographique certain. Le roman pourrait d’ailleurs sans problème faire l’objet d’une adaptation en série. Le style est fluide, imagé et contribue à rendre le roman aussi immersif.
Influences
L’éditeur parle dans les influences de l’auteur de Stephen King et Lovecraft. Il est aussi mentionné Neil Gaiman par d’autres sources. On retrouve un peu de ces trois auteurs dans ce roman mais Robert Jackson Bennett a su dépasser ses influences et se les approprier de très belle manière. Un des aspects fondamental du roman est l’interrogation sur la réalité, sur ce qui fait notre quotidien et savoir s’il n’existerait pas des passages vers autre chose. Qu’est ce qui définit vraiment ce que l’on considère comme la réalité? Les choses et les gens sont ils ce qu’ils semblent être? Mona va très vite être amenée à s’interroger sur tout cela et à se questionner sur sa propre santé mentale.
On trouve ainsi mention de tentacules, d’anciens, et certains passages font penser à des textes de Lovecraft. Certains personnages font aussi penser à des personnages d’American Gods. Mais ce qui est surtout marquant dans le roman, c’est l’interrogation sur la réalité, sur la distorsion de la réalité. Et, même si on devine certaines choses assez facilement, ou si certains passages auraient pu être raccourcis, les questionnements abordés dans le roman et toutes ses autres qualités rattrapent vite ces petits défauts. Là où Robert Jackson Bennett prend le contrepied par rapport à Lovecraft, c’est avec ses personnages (beaucoup de personnages importants sont des femmes) et surtout avec son personnage principal, Mona. Mona est un personnage attachant, très travaillé, à la fois fort et plein de doutes et de fêlures, et de ce fait une des grandes forces du roman. Robert Jackson Bennett prend d’ailleurs du temps pour caractériser l’ensemble de ses personnages, leur apporter une personnalité et un caractère, même pour ceux que l’on voit très peu de temps.
Critique de l’Amérique moderne
Le roman met en scène la ville de Wink qui a une grande importance dans le récit. Wink apparait comme une ville figée dans le temps, où tout semble parfait et merveilleux, où le bonheur semble accessible pour tout le monde. La ville fait un peu penser aux villes américaines typiques des années 50 ou encore aux villes de banlieues que l’on peut voir dans une série comme Desesperate Housewifes. D’ailleurs, comme dans la série, la réalité semble bien différente de ce qu’elle montre au premier abord. Sous le vernis de la perfection, la réalité est tout autre et quand le voile se lève, l’horreur apparait. Les comportements étranges des habitants, les règles étranges en vigueur dans la ville (on ne sort pas la nuit, et on ne va pas dans certains endroits) font peu à peu se fissurer cette image de perfection.
On retrouve aussi un questionnement sur les armes à feu et leur utilisation aux États-Unis avec notamment cette phrase très lourde de sens : »Tout bon Texan, au fond de son cœur, est persuadé que n’importe quel problème peut être résolu par l’emploi d’une arme de gros calibre. » Pourtant, là aussi, la vérité est frappée de plein fouet par ce qui se passe dans la ville de Wink. Le roman offre d’ailleurs un final de toute beauté avec des scènes d’anthologie, qui resteront longtemps dans mon esprit. Je suivrais avec attention les autres parutions de Robert Jackson Bennett, tant ce roman m’a marquée.
American Elsewhere est donc un roman captivant et intelligent qui va bien au delà de ce qu’il peut paraitre au premier abord. Ses thématiques sont nombreuses et questionnent le monde moderne. Réussir un roman d’une telle richesse et garder intact l’intérêt de lecteur sur autant de pages est vraiment brillant. Tout comme l’utilisation qui est faite du surnaturel avec un excellent questionnement sur la réalité, mis en valeur par une lecture possible du roman à plusieurs niveaux. Une grande réussite!
Autres avis: L’épaule d’Orion (FeydRautha), Apophis, Just a word
Une interview de l’auteur est aussi disponible sur le blog Just a word: ici.
Auteur :Robert Jackson Bennett
Éditeur : Albin Michel
Parution: 26/09/2018
Veillée par une lune rose, Wink, au Nouveau-Mexique, est une petite ville idéale. À un détail près : elle ne figure sur aucune carte. Après deux ans d errance, Mona Bright, ex-flic, vient d y hériter de la maison de sa mère, qui s est suicidée trente ans plus tôt. Très vite, Mona s attache au calme des rues, aux jolis petits pavillons, aux habitants qui semblent encore vivre dans l utopique douceur des années cinquante. Pourtant, au fil de ses rencontres et de son enquête sur le passé de sa mère et les circonstances de sa mort (fuyez le naturel…), Mona doit se rendre à l évidence : une menace plane sur Wink et ses étranges habitants. Sera-t-elle vraiment de taille à affronter les forces occultes à l’œuvre dans ce lieu hors d Amérique ?
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[…] Mona Bright au pays des Cave Trolls […]
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Il va faire un carton ce livre.
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J’espère, il le mérite!
Et j’aime bien ton expression, elle correspond bien au roman 😉
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😉
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Et quand on aime Gaiman mais pas Lovecraft, on fait comment ? =P
(enfin la question est rhétorique, je sais comment je vais faire : ne pas le lire. ^^)
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Tout dépend ce que tu n’aimes pas chez Lovecraft, Et ne pas le lire serait une erreur! 😉
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Très bonne critique 😉 Je pense que des trois titres du lancement, c’est clairement celui qui a le meilleur potentiel commercial.
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Je pense aussi (je n’ai pas encore lu les autres ceci dit) mais je pense en effet qu’il a de quoi séduire beaucoup de monde! Et merci 🙂
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Je suis désolé de te décevoir, mais en termes de « potentiel commercial » c’est clairement Mage de bataille qui en a en plus dans le caleçon. C’est la vie, comme dirait Kurt Vonnegut.
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Ta chronique donne envie et c’est surprenant parce que quand j’ai entendu parler de ce titre pour la première fois, il ne me tentait pas plus que ça ! Chouette chronique 🙂
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Je pense que tu devrais aimer ce roman, il a de quoi séduire. Merci 😉
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Je pense que je vais le lire bientôt maintenant que je l’ai reçu 😛
Après je n’aime pas Lovecraft mais c’est plus pour l’auteur que pour ses œuvres elles même (que je n’ai dans l’ensemble pas lu, sauf exception) du coup ça ne me fait pas peur sur ce point ^^
Belle chronique !
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Il ne faut pas avoir peur de l’influence Lovecraft en effet ( et différencier l’auteur de ses textes est une bonne chose), c’est l’utilisation du surnaturel et certaines références qui y font penser, c’est tout. Et merci!
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Lu, mais pas encore chroniqué. Je partage ton ressenti, je pense que je vais un simple copier coller pour mon billet !
Seul la fin m’a fait l’effet d’un too much, mais bon, on ne s’attendait pas trop à quelque chose d’autre.
En tout cas, amalgamme réussie entre SF fantastique et horreur.
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La fin colle avec le roman je trouve. D’ailleurs, ce qui m’a frappé pendant ma lecture, c’est que plusieurs fois je me suis dit à là ça risque de basculer en too much et que à chaque fois non. Je suis d’accord le mélange est très réussi. Impatiente de lire ton avis 😉
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[…] FeydRautha, Apophis, Célindanaé, […]
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J’ai survolé ta critique car je compte le lire d’ici peu (j’ai pris beaucoup de retard, cela fait 2 semaines que je suis sur le Erikson :s) En tout cas ça donne envie 🙂
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Je pense que tu devrais le lire plus vite que le Erikson (que je n’ai pas encore lu d’ailleurs). Bonne lecture 🙂
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Han je ne m’attendais pas à ça, je suis grave tenté pour le coup :-O Et quoi, quand tu dis horreur, genre, y a des meurtres, du sang, des tripes et des boyaux à tire larigot ? 😀 Mais j’avoue que les 800 pages me font flipper mais ta critique donne envie, donc je suis pris en deux feux. Merci pour ce retour de lecture enthousiaste et très intéressant 🙂
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Franchement les 800 pages passent toutes seules. Je l’ai lu en 5 jours je crois. Pour l’horreur, c’est soutenable t’inquiètes pas.
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Nan mais moi au plus c’est violent, sanglant et tout et tout, mieux c’est en fait 😀
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Franchement, je ne peux que te le conseiller, tellement j’ai aimé ce roman.
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Ohllalalalalalla!
Que cela donne envie de le lire!!! C’est fou! je vous envie tous de les avoir presque tous eu en SP, dont celui-ci qui semble être un livre qui mérite plus que d’être lu!
je crois que je casserai ma tirelire pour me l’offrir, avec Anathém.
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J’ai eu juste celui-là en SP pour le moment. Mais de toute façon, je pense que les autres vont finir dans ma PAL bientôt. Ton avis sur Mage de bataille a fini de me convaincre et Anathem entre Apophis et Feydrautha, j’étais conquise!
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oui, moi aussi, ils seront au final tous en boutique chez moi. J’ai eu Mage de Bataille en SP.
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Oui je m’en doutais 🙂 Franchement, je trouve qu’ils ont frappé fort Albin Michel avec cette collection.
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oui, une entrée fracassante. Les amoureux de la SFFF, seront sur les rangs pour les romans, et il y en a pour tous les goûts.
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Oui et j’espère que le succès sera au rendez vous.
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J’ai lu un autre titre de l’auteur qui m’avait beaucoup plu, alors je suis très curieuse de lire celui-là !
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Tant mieux, il le mérite!
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Cool j’avais déjà envie de le lire, maintenant encore plus. Faut juste que je trouve un créneau quoi 😀
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Tu devrais trouver, il se lit vite 🙂
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Je suis enfin venue lire ta chronique maintenant que j’ai fini le roman. Et je suis complètement d’accord avec toi, je ne regrette absolument pas de l’avoir lu et que c’est 800 pages passent vite !
Bon j’ai plus qu’à faire ma chronique aussi !
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Oui c’est vraiment impressionnant comme on voit pas passer le nombre de pages. Ça devrait aller pour ta chronique, il y a des choses à dire 🙂
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Hum, pour le moment je suis à 46 % de ma lecture est j’ai toujours besoin de faire des pauses, je m’ennuie un peu j’avoue avec une grosse impression de stagner, je ne savais pas qu’il était aussi énorme au moment où je l’ai commencé ceci explique cela ^^
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Il fait presque 800 pages. J’ai du mal à voir comment on peut s’y ennuyer mais bon, on verra quand tu auras fini.
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Oui ça va peut-être commencer à décoller 😅
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Et l’ambiance, mademoiselle Elhyandra hein 🙂 t’inquiètes à la fin il y a beaucoup « d’actions »
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Oui oui l’ambiance ça va mais pas oppressant pour la psychopathe que je suis 😈 je suis à moitié et je maintiens pour l’instant c’est pas l’extase 😂
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[…] L’auteur avait eu les honneurs des premières publications de AMI avec l’excellent American Elsewhere et revient cette fois avec le premier tome d’une trilogie : The Founders en anglais. […]
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[…] me rappelle ainsi que c’est un auteur qu’il faut que je lise; très bonne lecture pour Célindanaë et un coup de cœur pour Chut Maman lit […]
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