L’une rêve, l’autre pas-Nancy Kress

« Docteur… savez-vous combien j’aurais pu accomplir en plus si je n’avais pas dû dormir toute ma vie ? »
 Alors que deux jumelles viennent au monde, l’une d’elles a été génétiquement modifiée pour ne plus avoir besoin de sommeil. Chaque jour, elle dispose de huit à dix heures en plus pour vivre et découvrir le monde… Des heures qui feront aussi d’elle un être à part.
Dès lors, comment trouver sa place dans une société qui n’est plus la vôtre ?

L’une rêve, l’autre pas a obtenu le prix Hugo, le prix Nebula, le prix Asimov’s des lecteurs, le Grand Prix de l’Imaginaire et le prix décerné par Science Fiction Chronicle.

Hélios poche: septembre 2016  (publié aux États-Unis en 1991 puis en France en 1993)       160 pages (interview comprise)       Genre: science-fiction

Mon avis:

C’est le premier livre que je lis de cette auteure et je n’avais pas entendu parler de ce roman avant sa réédition par Hélios. C’est un très court roman de 143 pages que l’auteur a par la suite prolongé. Le côté science fiction est présent au début et seulement par quelques petits aspects comme les modifications génétiques.  Le reste de l’histoire est beaucoup plus centré sur la place des êtres hors normes dans la société et sur l’évolution des 2 sœurs.

L’histoire se déroule dans notre monde, dans un avenir proche où une société a réussi à mettre au point des améliorations génétiques pour les futurs enfants à naître. Cette technologie n’est bien sûr pas accessible à tout le monde et peu de gens en disposent. Le couple Camden, très riche, choisit d’y avoir recours et le père souhaite avoir une fille qui ne dort pas. Par pur hasard, la femme va se retrouver enceinte de fausses jumelles et une seule aura eu l’amélioration génétique. On va alors suivre l’enfance, l’adolescence puis la vie d’adulte de ces deux femmes très différentes autant  par leur physique que par leur caractère. La jumelle « non modifiée » va bien entendu avoir un complexe d’infériorité et vivre assez mal leurs différences. L’entente qui les liait dans leur enfance va s’effilocher peu à peu, en même temps que leur relation perd de leur importance dans l’histoire au profit de la sœur non dormeuse surnom donné à ceux qui sont porteurs de ce gène. En effet, plusieurs personnes ont subi cette modification et il y a plusieurs non dormeurs dans l’histoire.

L’idée de départ de cette novella est intéressante bien qu’assez inquiétante. Ne pas dormir signifie aussi ne pas rêver et être complétement différent du commun des mortels. Cela peut avoir un côté enivrant en imaginant tout ce qu’on pourrait accomplir pendant ces  heures. Mais c’est aussi le moment où le corps et l’esprit se reposent et se mettent en pause. Être privé de ces moments là peut aussi être effrayant. Imaginer un nourrisson qui ne dort jamais est plutôt perturbant beaucoup plus que transposer cela chez un adulte.

Cependant ce qui est vraiment au centre de ce court roman est la place des êtres hors normes et finalement de tous au sein de la société. La façon de penser de Kenzo Tagai, une sorte de philosophe imaginaire, est d’ailleurs intéressante et amène à pas mal de questionnements sur le comportement humain comme le suggère le titre original du livre « Beggars in Spain ». L’auteure imagine le comportement de la société par rapport à ces surhommes que sont les non dormeurs capables de nombreuses prouesses.

Le style de l’auteur est assez froid et clinique. On suit la vie de ces personnages à la manière d’un reportage et j’ai eu un peu de mal à apprécier les protagonistes, ce qui est un peu dommage. Certains stéréotypes sont également présents dans le comportement des personnages. Cependant, ce court roman se lit très bien et est intéressant par de nombreux points. J’aimerais bien lire le roman plus long qui en a été tiré pour voir si les bémols présents y sont améliorés.

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