Boudicca de Jean-Laurent Del Socorro (AMI)

En avril 2017, Jean-Laurent Del Socorro publiait son second roman Boudicca aux éditions Actusf. Depuis, l’auteur a écrit d’autres romans et nouvelles chez plusieurs maisons d’éditions, dont Albin Michel Imaginaire. L’éditeur vient de republier Boudicca dans une superbe édition cartonnée avec une magnifique illustration de couverture signée Didier Graffet. Cette édition comporte le roman d’origine ainsi que 2 nouvelles : Elle est une légende et D’ailleurs et d’ici.

Elle est une légende se déroule quelques années après le roman. Nous sommes à Rome et retrouvons Julius Caratacos vivant à Rome. Auparavant, il fut un allié de Boudicca mais est maintenant établi dans la cité romaine. Il reçoit la visite du consul Paulinus venu lui rappeler où est sa place. La nouvelle est assez courte mais prolonge de belle manière le roman en évoquant les choix, la vie après une telle guerre. J’ai beaucoup aimé la fin du texte et le lien avec la mythologie.

D’ailleurs et d’ici se passe en décembre 1773 à Boston. Le lien avec le roman est assez éloigné mais l’auteur l’explique en introduction. La nouvelle met en scène un événement de la fin du XVIIIe : le début du Boston Tea Party. Il s’agit d’une révolte politique à Boston contre le Parlement britannique, évènement marquant de la révolution américaine et qui a précédé la guerre d’indépendance américaine. Le texte est bien écrit et permet de connaître une facette de l’histoire des États-Unis.

Boudicca:

Boudicca présente plusieurs points communs avec le premier roman de l’auteur, Royaume de vent et de colères mais il diffère par sa construction et sa narration centrée sur un seul personnage.

Boudicca est une biographie romancée d’un personnage dont on ne sait que très peu de choses et dont les versions connues se contredisent. Les deux sources principales parlant d’elle sont Tacite et Dion Cassius, un historien grec. Boudicca a vécu de l’an 28 à l’an 61 en Angleterre, plus particulièrement dans le Nord Est de l’île, correspondant au Norfolk actuel. Elle fut la reine des Icènes, un des clans vivant dans l’Angleterre du premier siècle. Après de nombreux conflits, les clans étaient en paix et ont dû faire face à l’envahisseur romain qui voulait étendre son influence et son territoire. La puissance de l’armée romaine, appelée les aigles dans le roman, est bien connue et leur résister apparaît mission impossible. Mais c’est mal connaître Boudicca et les chefs de clans.

Jean-Laurent Del Socorro nous présente Boudicca de son enfance à sa mort. Boudicca grandit sans mère, souffrant d’un père absent et lui reprochant inconsciemment la mort de sa mère en couche. Elle est néanmoins entourée mais reste quelqu’un de solitaire ayant du mal à se confier et prenant sa fonction très au sérieux. Le roman est raconté à la première personne par Boudicca et est centrée sur elle mais il laisse tout de même la place à d’autres personnages importants qui l’entourent tout au fil de sa vie, comme son mari Prasutagos, Prydain, le druide, ou encore Ysbal, une guerrière.

Le roman est très immersif de par sa narration à la première personne, qui nous plonge directement dans l’esprit de la reine celte, et nous fait ressentir une profonde empathie pour cette femme indépendante et forte. Malgré son statut de reine, Boudicca aura à lutter toute sa vie pour s’affirmer et être libre. Elle porte le roman sur ses épaules et même si l’on sait très bien comment tout va finir, on ne peut s’empêcher de s’attacher à elle. Elle m’ a fait penser par moment à William Wallace, désirant plus que tout cette liberté dont on veut la priver. Et comme j’ai des références de geek, elle a aussi un côté Sarah Connor quand elle dit presque mot pour mot une réplique de Terminator 2:  » il n’y a pas de hasards. Seulement les choix que nous faisons ». Cependant, Boudicca n’est pas seulement une guerrière, c’est une mère, une amante, une reine qui se bat pour les autres autant que pour sauver un monde qu’elle aime.

L’aspect historique est très dominant dans le roman, apportant peu de surprises mais c’est logique puisque l’on est dans le récit d’une vie se voulant respecter l’histoire. Il y a peu de surnaturel, uniquement présent sous forme de songe et de croyances religieuses. L’univers est extrêmement détaillé, on apprend beaucoup sur le fonctionnement de la société celte, sur leurs croyances et la liberté qui est au centre de leurs vies.

Le roman impressionne par sa densité : il est court (240 pages) mais très intense et beaucoup de choses se passent. Il n’y a aucune longueur, tout est pensé au mot près. Rien n’est en trop et c’est presque trop court, tellement on aimerait rester au sein de cet univers. Le style de Jean-Laurent Del Socorro est d’une précision exemplaire, à la fois fluide et très immersif.

Jean-Laurent Del Socorro nous offre ainsi une plongée dans la vie celtique en racontant la vie d’une reine, d’une femme éprise de liberté. Le roman ne se centre pas sur l’action et les combats mais on ne s’y ennuie pas une seconde et il est très prenant. Le choix de la narration à la première personne apporte un aspect empathique très fort pour son héroïne. Jean-Laurent Del Socorro nous offre un très beau roman admirablement écrit et les éditions Albin Michel Imaginaire nous le propose dans un superbe écrin.

Autres avis: l’ours inculte, Gromovar (Quoi de neuf sur ma pile ?), Boudicca (elle-même), Dup (Book en Stock),

Auteur: Jean-Laurent Del Socorro

Édition: Albin Michel Imaginaire      

Parution : 29 octobre 2025

Reine. Amante. Guerrière.
Personne avant elle n’a mieux incarné la révolte.

An I.
Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne, l’actuelle Angleterre. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la cheffe du clan Icène.
Qui est cette femme qui va faire trembler l’empire romain ?

Sommaire :
Boudicca, roman
– « Elle est une légende », nouvelle
– « D’ailleurs et d’ici », nouvelle

5 commentaires

  1. Je me souviens que ce récit t’avait vraiment plus. Depuis, j’ai acheté la version numérique du roman, mais je n’y ai toujours pas mis le nez dedans. Il faut dire que le numérique à part en voyage, je n’apprécie pas énormément.
    Cette sortie, m’encourage vers cette lecture qui m’attend depuis trop longtemps.

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