Le bracelet de jade – Mu Ming

Le format du roman court ou novella a le vent en poupe depuis plusieurs années en France. Il faut dire que ce format se lit rapidement, permet de découvrir des auteurs et convient très bien à l’Imaginaire. Les éditions Argyll ont lancé une nouvelle collection dédiée aux textes courts (de la longue nouvelle aux courts romans). Elle porte le beau nom RéciFs et sera exclusivement consacrée aux plumes féminines, venues du monde entier, qui écrivent de l’imaginaire. Anouck Faure est en charge de la conception graphique. Les deux premiers titres à paraître le 13 septembre sont L’agneau égorgera le lion de Margaret Killjoy et Le bracelet de Jade de Mu Ming. Mu Ming est une autrice chinoise née en 1988 et vivant aux États-Unis, mais le roman est écrit en chinois. La traduction est de Gwenaël Gaffric, qui a permis de faire connaître l’œuvre de Liu Cixin en France en la traduisant. Gwenaël Gaffric a écrit la préface du roman, en revenant notamment sur plusieurs aspects de la culture chinoise. Le bracelet de Jade est la première traduction en France de l’autrice.

Nous sommes en 1640, l’empereur Chongzhen règne depuis 13 ans, mais la situation politique du pays est loin d’être simple. En effet, le pouvoir de l’empereur vacille et sa dynastie se trouve de plus en plus menacée. La jeune Chen se rend, accompagnée de son père haut fonctionnaire, à la Foire des Lanternes sur le Mont du Dragon. La fête est très belle, Chen en profite et fait la rencontre d’un énigmatique commerçant qui lui offre un magnifique bracelet de jade. Ce bracelet va bouleverser la vie de la jeune fille ainsi que celle de son père. Ce dernier va se passionner pour la conception du bracelet et tenter de l’adapter à sa manière dans la création d’un jardin.

La narration alterne entre Chen et son père, puis entre le passé et le présent. Mu Ming mélange les points de vue différents, les lieux, les époques pour former un tout, une histoire cohérente et passionnante. Elle amène peu à peu le lecteur à se poser des questions sur la nature du bracelet, sur ses secrets. Le récit est empreint de poésie, les descriptions du jardin amènent à la rêverie, mais aussi à se questionner sur les représentations de l’espace et du temps. Le récit prend ainsi peu à peu une tournure vers la science-fiction, par ses thématiques et les développements que prend l’histoire. L’histoire débute comme un récit fantastique traditionnel avec l’irruption d’un élément surnaturel dans la vie d’une jeune fille, puis prend peu à peu une autre tournure et nous offre un voyage du fantastique vers la science-fiction.

La relation tissée entre Chen et son père est au cœur du récit et se révèle particulièrement touchante. Les thématiques du roman sont très intéressantes. La nature a une grande part, elle est inscrite dans le récit, est présente tout au long de l’histoire. Le bracelet est au cœur de tout, il est l’élément déclencheur de l’histoire puis son symbole avec la torsion des paysages, le jeu qui s’élabore sur les dimensions et les perspectives.

Le bracelet de Jade nous fait découvrir la plume d’une autrice chinoise avec un récit tout en finesse et poésie. Un très beau démarrage pour cette collection RéciFs d’autant plus que l’objet livre est splendide.

Autres avis: Boudicca, Le nocher des livres, Yuyine, Elbakin,

Autrice : Mu Ming

Traducteur: Gwennaël Gaffric

Éditeur : Argyll

Date de publication : 13/09/2024

1640, treizième année du règne de l’empereur Chongzhen. Alors que la dynastie au pouvoir affronte de nombreux remous, la jeune Chen se rend, accompagnée de son père, à la Foire des Lanternes sur le Mont du Dragon. Émerveillée par mille lumières, Chen s’égare et se retrouve face à un étrange commerçant qui lui offre un magnifique bracelet de jade. Le bijou exerce bientôt une grande fascination sur la jeune fille, au point que ses rêves la projettent dans un monde étrange. Au fil des discussions avec son père, ancien haut-fonctionnaire qui se consacre désormais aux arts de la calligraphie et des jardins, Chen découvrira que les chemins de la vie se tissent autant dans les aspérités du vide que dans les souffles suspendus du temps.

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