Le fleuve de Dieux – Ian McDonald

Parfois, il y a des livres qui restent longtemps dans la PAL, au point que j’aurai une PAL de la honte d’après Lhotseshar. Je profite souvent de l’été pour sortir certains de ces ouvrages, histoire de faire diminuer cette PAL de la honte. Ce fut le cas cet été pour Le fleuve des Dieux de Ian McDonald, un pavé de 600 pages en grand format publié dans la collection Lunes D’encre chez Denoël puis en poche chez Folio SF. Le roman a récolté plusieurs prix parmi lesquels le Grand Prix de l’Imaginaire en France et le British Science Fiction au Royaume-Uni.

Nous sommes en Inde en 2047, pays en guerre, divisé en trois États : Awadh, Bharat (où l’histoire est située), et Bengal. Le Bharat est en proie à une intense sécheresse car la mousson n’a plus lieu depuis 3 ans. La guerre pour l’eau est imminente, surtout depuis que Awadh a construit un barrage sur le Gange. Des extrémistes hindous accusent le gouvernement de faiblesse et veulent la guerre contre Awahd. Dans ce contexte, le roman suit 9 personnages qui n’ont, le plus souvent, rien en commun et qui ne se connaissent même pas, mais qui vont se retrouver liés au fil de l’histoire. Les 9 personnages sont variés et permettent de mieux comprendre comment fonctionne cette société futuriste: un conseiller gouvernemental, un voyou de seconde zone, un policier « krishna » chargé de détruire les IA rebelles, un designer neutre ( des opérations permettent d’obtenir ce genre), une jeune fille au passé mystérieux, deux scientifiques, héritier du service R&D de l’entreprise de son père, et une journaliste. Le récit s’intéresse aussi à certains personnages secondaires liés aux principaux. Chaque chapitre est consacré à un personnage avec son nom au début.

Le démarrage du roman est difficile. Chacun des personnages a droit à sa présentation et son chapitre. On oublie facilement certains alors que d’autres marquent plus. Il n’est pas aisé de se rappeler les différentes intrigues au début, puis peu à peu on s’y fait et on commence à assimiler les liens qui se créent entre eux. A cela s’ajoute, l’utilisation par l’auteur de nombreux termes indiens (un lexique se trouve à la fin de l’ouvrage) qui ont tendance à freiner la lecture.

Parmi les éléments importants du roman, il y a une sitcom très connue et suivie. Ian McDonald s’en inspire pour la narration et on retrouve des intrigues liées aux personnages principaux, d’autres aux secondaires, des luttes politiques, des histoires d’amour. Le souci est que certains personnages sont assez insipides par rapport à d’autres qui sont plus au centre de l’histoire (la partie sur la femme du policier fait tout à fait intrigue de sitcom et est plutôt ennuyeuse). La trame principale en pâtit et a tendance à être noyée dans la multiplicité des récits.

Malgré tout, Le fleuve des Dieux a de nombreux atouts. A commencer par son univers d’une grande richesse. Ian McDonald fait dans ce roman un superbe travail de création de monde, à la fois crédible, créatif et fascinant. L’écriture de l’auteur est également un gros point fort. J’aime beaucoup la plume de Ian McDonald très fluide, elle met particulièrement en valeur son univers et son imaginaire. Les thématiques sont également d’une grande richesse, on y parle d’intelligences artificielles, d’espace, de post-humanisme.

Ainsi, Le fleuve des Dieux se révèle un roman dense et difficile à aborder. Les multiples fils narratifs et le choix lexical rendent le roman assez indigeste au démarrage. Le rythme est lent avant que tout ne se mette vraiment en place. Néanmoins, l’univers, les thématiques et l’écriture de Ian McDonald valent le détour et font de ce roman un ouvrage majeur.

Autres avis: Blackwolf, Laurent Kloetzer, Gromovar, lorhkan,

Auteur: Ian McDonald

Éditions: Denoël Lunes d’encre

Traduction: Gilles Goullet

Parution:26/08/2010

Tous les Hindous vous le diront, pour se débarrasser de ses péchés, il suffit de se laver dans les eaux du Gangâ, dans la cité de Vârânacî.
Et, en cette année 2047, les péchés ce n’est pas ce qui manque : un corps aux ovaires prélevés glisse doucement sur les eaux du fleuve ; des intelligences artificielles se rebellent et causent de tels dégâts qu’une unité de police a été spécialement créée pour les excommunier.
Gangâ, le fleuve des dieux, dont les eaux n’ont jamais été aussi basses, se rue vers un gouffre conceptuel, technologique, évolutionnaire – ou peut-être tout cela à la fois.
À travers le kaléidoscope de neuf destins interconnectés, Ian McDonald dresse le portrait d’une Inde future, mais aussi d’une Terre future, où tout n’est que vertige. Souvent considéré outre-Atlantique et outre-Manche comme le roman de science-fiction le plus important des quinze dernières années, Le Fleuve des dieux a reçu le Britisch Science Fiction Award et a été finaliste du prestigieux prix Hugo.

5 commentaires

  1. Même ressenti de mon côté, c’est un auteur avec lequel je n’accroche vraiment pas. J’aime bien aussi le concept de PAL de la honte, Dionysos est pire que moi de ce côté là 😉

    Aimé par 1 personne

Répondre à Le Nocher des livres Annuler la réponse.