La sonde et la taille – Laurent Mantese

Laurent Mantese est professeur de philosophie et écrivain. Il a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles. Il a contacté Gilles Dumay lors d’un festival à Toulouse il y a plusieurs années pour lui parler de son projet de roman sur les derniers jours de Conan le barbare, un homme malade, vieillissant mais gardant son âme de cimmérien. Le projet a fini par se concrétiser et a donné La Sonde et la Taille, paru début mai chez Albin Michel Imaginaire.

Si vous connaissez les films sur Conan le barbare, vous n’aurez aucun mal à vous imaginez le personnage âgé sur son trône. Conan est vieux, il est très malade, souffre atrocement et n’a pas de successeur direct. Cette situation est idéale pour attiser les complots les plus divers de ceux qui n’ont qu’une envie: accéder au trône. Il se décide à subir une opération très risquée qui peut autant le sauver que lui coûter la vie.

Si il y a bien une chose qu’on ne peut pas enlever au roman de Laurent Mantese, c’est l’originalité de son propos et de son scénario. L’ouvrage ne correspond pas à ce qui a du succès actuellement en imaginaire. Son thème et son personnage, même s’il est connu, n’apparaissent pas dans un premier temps palpitant. Conan souffre tout au long du roman, autant pas sa maladie qui le ronge que par la situation de son trône. Être roi ne le passionne pas, diriger un royaume est complexe, surtout que Conan n’a pas de successeur. La seule lumière dans sa situation est Colin, son fils adoptif et simple d’esprit qui ne pourra pas être roi.

Avec un tel sujet, Laurent Mantese nous pond un gros pavé de plus de 600 pages. Et le rythme est loin d’être trépidant, le début est lent, trop lent. Laurent Mantese use et abuse de phrases à rallonge accumulant les adverbes et les juxtapositions, des phrases tellement longues qu’on en oublie le début une fois enfin arrivée au point.

L’ambiance est sombre, très sombre. C’est cruel, cru, violent. La majorité des personnages sont des mercenaires qui ne reculent devant rien pour arriver à leurs fins. Leurs noms les décrient parfaitement. Et Laurent Mantese décrit très bien leur ignominie, les supplices atroces, les viols cruels, les maladies, l’usure du corps. Les descriptions sont réalistes, longues et participent à cette ambiance, à cette cruauté. On est bien dans de la dark fantasy, il n’y a pas de doutes. Tous les personnages sont abjects, les seuls qui se distinguent sont Conan et Colin. La relation qui les lie est belle et forte. C’est en fait la seule chose qui apporte un peu d’émotion, de lumière dans ce lot de barbaries sans fin. La troisième partie du roman est vraiment réussie, en grande partie pour cette relation et pour les passages avec la bête, où la peur et l’horreur sont fort bien retranscrites. Les problématiques traitées par l’auteur sont originales, peu de romans parlent des personnages âgées ou du handicap. Le personnage de Colin est à ce titre fort bien choisi et réussi. Les notions de transmission, de ce qu’il reste après une vie comme celle de Conan sont au cœur du récit.

La Sonde et la Taille est un roman au sujet original et aux thématiques fortes. Il souffre pourtant d’un style un peu trop spécial et de nombreuses longueurs, surtout dans sa première partie, et prend véritablement de l’ampleur dans une dernière partie fort réussie.


Autres avis: Just a word, Elbakin,

Auteur: Laurent Mantese

Éditions: Albin Michel Imaginaire

Parution: 02/05/2024

« Un cimmérien, même âgé, même malade, même gâté par la civilisation, reste un Cimmérien. Jusqu’à sa mort. »
Conan, le roi des sept nations, est vieux. Aux yeux du barbare qu’il reste – malgré les ors du royaume et les afféteries de la cour –, il a passé cet âge formidable qui se compte ainsi : huit fois la somme des doigts de ses deux mains.
Dans sa forteresse de Kaldré, sur ses terres natales de Cimmérie, il accorde audience sur audience et souffre des reins. C’est cette maladie qui va le tuer, non un coup de hache ou un poignard planté dans le dos. Alors que tous complotent dans l’ombre, lorgnent sur son trône d’ébène, aiguisent leurs lames, préparent sa succession, un acte chirurgical peut le sauver : la sonde et la taille. Une opération périlleuse qui pourrait aussi hâter sa mort.
Mais qu’a-t-il à perdre ?
Rien.
Surtout s’il veut avoir une chance de mourir l’épée à la main en protégeant la seule chose qui compte désormais à ses yeux : son fils adoptif.

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