Rossignol de Audrey Pleynet

La collection Une Heure Lumière des éditions Le Bélial’, consacrée aux romans courts, a publié quelques auteurs français. Audrey Pleynet est la première femme française à intégrer cette collection, avec Rossignol, paru le 18 mai. C’est la première publication de l’autrice chez cet éditeur, après quelques nouvelles et un roman en autoédition et des nouvelles dans des anthologies.

Rossignol nous entraine dans un futur lointain, d1ns lequel l’humanité a colonisé les étoiles, et y a rencontré d’autres espèces. Les différentes formes de vies se sont mélangées et des hybrides sont nés. L’histoire est racontée par une jeune femme dont on ne connait pas le nom. Elle vit sur une station spatiale un peu particulière. Celle-ci vit du commerce des minerais extraits d’astéroïdes minés, et comporte en son sein des personnes de toutes les origines. L’environnement s’adapte en permanence pour que la vie soit possible pour tous. La narratrice est née sur la station et ne l’a jamais quitté. Elle y vit avec sa mère et son fils. Elle est humaine majoritairement, même si, au désespoir de sa mère, elle a 18 % de gènes aliens. Elle aime sa vie sur la station, son melting-pot, ses amis, ses amours avec des écailles, des plumes ou encore des membres surnuméraires. La station était un lieu d’utopie consensuelle, un lieu où cohabitaient harmonieusement les espèces. Malheureusement, l’idéal de la station est mis à mal par des conflits raciaux et la narratrice va devoir choisir son camp.

Le récit est fait entièrement par la narratrice, elle nous raconte son histoire, sa vie à la première personne. Elle nous apporte son témoignage en entremêlant différents moments de son existence de manière non linéaire, un souvenir appelant une explication ou un autre souvenir. Ce mode de narration permet une vision globale de la destinée de la station au travers du regard de la protagoniste principale, de son enfance à sa vie adulte. Mais cet éclatement chronologique est parfois difficile à suivre et il faut un peu de temps pour remettre les événements dans le bon ordre.

Audrey Pleynet arrive à créer dans un roman court une multitude d’espèces extra-terrestres aux capacités différentes, comme celle d’accéder aux pensées, ou des capacités liées à leur morphologie. Elle arrive à explorer en peu de pages différents thèmes et à exposer comment la station bascule d’un monde presque idyllique, où la liberté et la tolérance sont lois, au conflit. Deux courants en viennent peu à peu à s’affronter : un fusionniste partisan du mélange des espèces et un spécien, partisan de la pureté génétique. La narratrice est un personnage qui a connu l’évolution de la station, elle a grandi avec ce mélange d’espèces et l’apprécie grandement, elle comprend les sentiments des autres et essaye de faire au mieux dans ce conflit. C’est un personnage très attachant qui devient tragique, tant son destin est lié à celui de la station.

Audrey Pleynet fait montre d’un talent remarquable dans Rossignol. Elle arrive à créer un monde et des espèces extra-terrestres variées, une histoire prenante, des personnages attachants, des thématiques actuelles et qui nous questionnent en peu de pages. Une entrée marquante au sein de la collection une Heure Lumière!

Autres avis: Le Culte d’Apophis, Gromovar, FeydRautha,

Autrice: Audrey Pleynet

Éditions: Le Bélial’

Parution: 18/05/2023

Lointain futur. Espace profond.
Plus qu’une prouesse technologique, la station est une expérience. Politique, sociale, économique, philosophique. Ainsi, au sein de ce gigantesque assemblage minier peuplé d’espèces venues de tous horizons, les stationniens se définissent moins en fonction de leurs origines que de leurs pourcentages génétiques. Melting-pot utopique, la station offre de fait un refuge de tolérance unique au cœur de la Galaxie — une vie en symbiose gérée par les Paramètres qui adaptent l’environnement aux différentes morphologies, aux contraintes physiques, à toutes les essences du vivant. Ou du moins offrait… De profonds désaccords entre les Spéciens, favorables à la séparation interespèce, et les Fusionnistes, qui œuvrent pour davantage de métissage, cristallisent les tensions.
Au milieu de ces courants qu’elle ne maîtrise pas, une femme, stationnienne insignifiante, va devoir choisir son camp, et par là même, peut-être, peser sur le devenir de la station et sa myriade d’habitants.

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