L’appel de Cthulhu par Gou Tanabe

Après avoir adapté plusieurs titres de Lovecraft (Les Montagnes hallucinées, Dans l’abîme du temps, La Couleur tombée du ciel) c’est au tour de L’appel de Cthulhu d’avoir les faveurs de Gou Tanabe. Toujours édité en France par Ki-oon et avec une couverture effet cuir leur donnant un aspect de vieux grimoire ou de carnet de voyage cauchemardesque, L’appel de Cthulhu se pare d’un beau rouge foncé. J’avoue que j’aurai préféré une couverture dans les tonalités de vert, correspondant selon moi plus à Cthulhu, surtout que le dessin de couverture n’est pas forcément mis en valeur avec des tonalités si foncées. Reste à savoir si la couleur choisie pour Le Cauchemar de d’Innsmouth, qui est en cours de publication au Japon, me plaira davantage.

La philosophie de Gou Tanabe par rapport à ces adaptations est de rester le plus fidèle possible aux écrits du maitre de Providence et de coller à l’ambiance du récit. L’adaptation de la nouvelle la plus connue de Lovecraft s’avérait ainsi ardue et risquée. Le texte contient une bonne part de mystères, des faits qui devraient rester cachés, des cultes oubliés, des créatures innommables et indescriptibles et le tout sous forme d’une enquête où l’angoisse monte peu à peu. La nouvelle comprend trois parties distinctes et débute quand Francis Thurston hérite des biens de son grand-oncle, George Gammell Angell, dans des circonstances qui vont devenir mystérieuses. George Gammell Angell était un professeur renommé à l’université Brown. Parmi ses possessions, son petit neveu va trouver un carton contenant d’étranges dossiers et une statuette « mésopotamienne » en argile. A la lecture de ses dossiers, Francis Thurston va découvrir 3 récits différents mais liés par un étrange culte, celui du grand Cthulhu. Le premier récit est celui de l’artiste Henry Wilcox venu trouver George Gammell Angell suite à des rêves étranges. La seconde histoire est celle de l’inspecteur Legrasse qui a eu à gérer une crise de violence sans pareille en Louisiane, à laquelle était mêlée des cultistes d’une religion vaudou adepte de sacrifices humains. La troisième partie relate ce qui est arrivé au capitaine de bateau scandinave Gustaf Johansen au cœur de l’océan pacifique. Les trois récits vont se recouper par plusieurs éléments: les conjonctions astrales et une injonction « Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ».

Gou Tanabe reprend les grands axes de la nouvelle de Lovecraft. On retrouve bien les 3 parties qui sont bien délimitées. Cependant, il a effectué quelques changements. Les membres du culte de la Nouvelle Orléans apparaissent plus neutres dans le manga. La personne qui a bousculé George Gammell Angell est un marin et non plus un « marin noir ». Mais Gou Tanabe a introduit un peu plus d’actions dans le récit notamment avec le passage où le navire de Gustaf Johansen est attaqué par des pirates. Le combat dure sur plusieurs pages, sans doute un peu trop et n’apporte pas grand chose, surtout quand on lit la suite qui elle est grandiose. Ce passage violent fait d’ailleurs penser à des films du genre King Kong, notamment, celui de Peter Jakson avec les attaques d’indigènes furieux et virulents. Ce passage aurait dû rester anecdotique comme dans le texte original pour ne pas prêter à confusion. De plus, alors que Gou Tanabe avait plutôt lissé l’aspect « xénophobe » du texte original, ce passage là peut prêter à confusion.

D’autant plus que la suite avec la découverte de R’lyeh et l’apparition de Cthulhu est vraiment parfaitement réussie. Les représentations de R’lyeh arrivent à montrer l’aspect non euclidien et la démesure de la cité sous marine. Cthulhu est également parfaitement rendu, imposant et terrifiant. Le trait de Gou Tanabe est précis et détaillé, le rendu est impressionnant de noirceur. Cela est d’autant plus valable sur les doubles pages qui rendent parfaitement hommage aux créatures innommables peuplant l’univers lovecraftien.

Cette adaptation de L’appel de Cthulhu est d’une grande qualité sur beaucoup d’aspects. L’édition est magnifique (même si le vert aurait été mieux), le papier de qualité. Les dessins de Gou Tanabe sont splendides et rendent parfaitement l’aspect terrifiant de la mythologie lovecraftienne. Les traits des personnages sont aussi plus travaillés que dans les tomes précédents.

Autres avis: FeydRautha, les portes du multivers, Gromovar,

Auteur : Gou Tanabe

Édition: Ki-oon, collection Les chefs-d’œuvre de Lovecraft

Publication : 17 septembre 2020

Quand Francis Thurston hérite des possessions de son grand-oncle archéologue, il se retrouve lié à la tragique destinée du vieil homme… D’après ses papiers, le défunt scientifique enquêtait sur une religion étrange : le culte de Cthulhu. Une mystérieuse gravure représentant son dieu dépeint un monstre cauchemardesque ! Selon le journal laissé par le professeur, cette tablette est l’œuvre d’un artiste qui l’a créée en pleine nuit, alors qu’il était assailli de visions d’une cité fantastique habitée par une créature gigantesque.

Or, ce phénomène a eu lieu le lendemain d’un séisme d’une intensité inégalée, qui a affecté des hommes dans plusieurs contrées… Qu’est-ce qui a bien pu perturber ainsi l’équilibre du monde ? Intrigué par ces écrits, Francis reprend le flambeau et se lance sur la piste du culte, au cœur des ténèbres…

Des États-Unis à l’Europe en passant par les étendues glacées du Groenland, l’horreur se niche partout ! Avec L’Appel de Cthulhu, H. P. Lovecraft donne une ampleur et une cohérence nouvelles à son univers en reliant les indices éparpillés dans ses récits. Aurez-vous le courage d’affronter la réalité ainsi dévoilée ?

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