Les chiens de Tindalos de Frank Belknap Long

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Si les chiens de Tindalos sont connus des amateurs du mythe de Cthulhu, son auteur l’est peut-être moins. Frank Belknap Long, écrivain américain et ami de Howard Phillips Lovecraft s’était spécialisé dans la littérature fantastique et d’horreur et a contribué à ce que l’on a pu appeler ensuite « mythe de Cthulhu ». L’auteur a été publié assez tardivement en France et 2 de ses textes se sont retrouvés dans la trilogie des œuvres de Lovecraft chez Robert Laffont. Les éditions Mnémos viennent de publier un recueil de nouvelles et poèmes de Frank Belknap Long, intitulé Les chiens de Tindalos, contenant évidemment la nouvelle éponyme, 5 autres nouvelles et une novella.

Intertextualité

Les textes de ce recueil de Frank Belknap Long sont marqués par une forte intertextualité littéraire. On y trouve en effet de nombreuses références littéraires à la fois à d’autres écrivains et à d’autres textes du recueil. Dès le premier texte, Les Mangeuses venues de l’espace, l’auteur se met en scène lui ou son avatar avec un narrateur prénommé Frank qui discute avec son ami Howard, écrivain ressemblant fortement à un dénommé Howard Phillips Lovecraft. Ils discutent littérature en évoquant de nombreux écrivains du genre fantastique horreur comme Edgar Poe, Bram Stoker ou Algernon Blackwood. Le but de Howard est d’arriver à susciter la peur aussi bien voire mieux que les maîtres. L’irruption de créatures dans la brume va lui en donner l’occasion. La fin de la nouvelle est malheureusement trop rapide mais l’ambiance est globalement réussie. Dans le plus long texte du recueil, L’horreur venue des collines, le personnage principal se nomme Algernon Harris. Dans la nouvelle Sombre éveil, un personnage cite Lovecraft. Dans le texte qui clôt le livre avant les poésies, Le passage vers l’éternité, Frank Belknap Long évoque les chiens de tindalos. La nouvelle parle de Thomas Granville qui fait des recherches sur l’expansion de la conscience. Il va rencontrer une jeune femme qui elle s’intéresse à la transcendance du temps au risque de croiser la fameuse créature férue des angles. Cette nouvelle date de 1984 soit plus de 50 ans après Les chiens de Tindalos. On retrouve également le même personnage Le professeur Williamson dans deux nouvelles Les mangeurs de cerveaux et L’envahisseur des profondeurs.

Mythe de cthulhu

Les créatures nées de l’imagination de Frank Belknap Long sont venues enrichir le mythe de Cthulhu. Les chiens de Tindalos sont apparus en 1929 sous la plume de Frank Belknap Long et Lovecraft les a évoqués dans Celui qui chuchotait dans les ténèbres en 1931. Ce ne sont pas des gentils toutous mais une forme de vie extraterrestre très féroces pouvant se déplacer à travers les angles du temps. La nouvelle met à nouveau en scène un dénommé Frank, ami de Chalmers, un écrivain spécialisé dans l’occulte. Chalmers veut prendre une nouvelle drogue pour voyager dans le temps comme personne ne l’a encore fait. Il va malheureusement faire une très mauvaise rencontre appréciant particulièrement les angles. On retrouve l’angoisse et un sentiment d’horreur face à l’indicible dans ce texte.

Dans Sombre éveil, un homme fait la rencontre d’une femme veuve accompagnée de ses deux enfants. Une épave s’est échouée sur le rivage et le jeune garçon trouve par hasard un étrange objet sur la rive. Il a du mal à se défaire de cet objet à la forme poulpesque. En plus de la référence à Lovecraft, on trouve des déités du mythe (Yog-Sothoth, Shub-Niggurath). L’angoisse est bien amenée dans le texte, après un début totalement commun dans un contexte agréable.

L’horreur venue des collines nous présente Chaugnar Faugn, parfois mentionné comme grand ancien, une créature bien connue des joueurs du jeu de rôle l’Appel de Cthulhu. C’est une sorte d’éléphant monstrueux avec des oreilles immenses se terminant par des tentacules. Une statue du dieu Chaugnar Faugn est ramenée dans un un musée de Manhattan, précédent une série de morts horribles. La créature est très angoissante mais le texte souffre de longueurs qui atténuent la peur ressentie. Dans L’envahisseur des profondeurs, le professeur Williamson découvre une nouvelle espèce ressemblant au poulpe, elle se cache dans les profondeurs océaniques. Cela fait penser à une créature bien connue de Lovecraft.

Les mangeurs de cerveaux présente une créature qui ne fait pas partie du mythe mais en a les caractéristiques. Le professeur Stephen Williamson est en mer (visiblement avant la nouvelle précédente) et va découvrir un journal de bord dans une chaloupe contenant des cadavres mutilés. Le journal de bord parle de créature horribles se nourrissant de cerveaux. Le texte est un des plus réussis du livre, très angoissant et bien écrit.

Ce recueil édité par Mnémos permet de mieux connaitre Frank Belknap Long. Les textes ne sont pas tous du même niveau, néanmoins, ils montrent le lien étroit entre l’auteur et Howard Phillips Lovecraft. On retrouve des thématiques communes, des traitements de l’angoisse similaires chez les deux écrivains. Même si Lovecraft a une plus grande puissance évocatrice, Frank Belknap Long arrive à créer un climat anxiogène et des créatures dignes de son mentor dans Les mangeurs de cerveaux et les fameux Chiens de Tindalos. Un ouvrage à découvrir ne serait ce que pour ces deux textes.

Autres avis: Apophis,

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Auteur :Frank Belknap Long

Traducteur :Patrick Mallet

Éditeur : Mnémos

Parution : 15/05/2020

Dans cet ensemble de nouvelles et ces quelques poèmes, tous liés à H. P. Lovecraft et à son célèbre mythe de Cthulhu, Frank Belknap Long raconte la précarité de l’existence humaine face à des forces cosmiques et cauchemardesques qui mettent tout en œuvre pour éradiquer la vie sur Terre. Sa nouvelle la plus connue, devenue depuis un classique du genre, reste « Les Chiens de Tindalos », dans laquelle un écrivain expérimente sur lui une drogue ancienne qui le fait voyager à travers les âges. Pour la première fois, une suite à cette célèbre nouvelle est traduite en français : « Le Passage vers l’éternité » met à nouveau en scène les effrayants gardiens du temps. Ce recueil contient également « Les Mangeuses venues de l’espace « , un texte angoissant qui culmine dans la terreur, et « L’Horreur venue des collines », une longue nouvelle pleine de visions d’apocalypse. Quant au poème « H. P. Lovecraft », il évoque toute l’estime et le respect que Long avait pour celui qui fut son mentor.

Cette chronique fait partie du challenge:

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