La piste des cendres – Emmanuel Chastellière

Piste_cendres-B-DEF

La piste des Cendres est le nouveau roman d’Emmanuel Chastellière publié chez Critic. Il se déroule dans le même univers que L’Empire du léopard également chez Critic.

L’intrigue se situe 25 ans après le dénouement du précédent livre d’Emmanuel Chastelière, qui voyait la conquête d’une nouvelle terre baptisée Nouveau Coronado au dépens de son peuple natif  et de l’Empire du Léopard. On démarre donc l’intrigue avec d’une part les aventures d’Azel, fils métis d’un colon du Coronado et d’une indigène, qui essaye de se faire une place en tant que chasseur de primes, mais va vite devoir faire des choix par rapport à sa famille et par rapport à son passé. Et d’autre part avec les remous politiques et l’histoire d’une Sécession entre une partie du Nouveau Coronado, le Nord, un peu isolé géographiquement mais couvert de ressources, et le Sud, représenté par Carthagène, la capitale de la colonie, siège du pouvoir mais avec des tensions fortes entre les classes sociales.

Au départ, on est un peu déboussolé par cette double narration, mais cela va former un tout pour monter crescendo dans la dernière partie et proposer au passage plusieurs surprises bien vues. On suit donc les destins croisés d’Azel, d’Artemis Cortellan, militaire tentant de mater l’insurrection au nord, de Zuhaitza, compagne de voyage d’Azel, et de Calider, journaliste de Carthagène partagé entre son devoir d’informer et son appartenance au Nouveau Coronado. Les autres personnages sont nettement en retrait, sauf un des frères d’Azel et la reine de Coronado qui prennent pas mal d’épaisseur dans la dernière partie du roman.

Le style de l’auteur est bien fluide, on s’imagine bien l’action, mais les passages de description sont nettement moins visuels. J’ai trouvé le rythme du roman assez irrégulier, avec certaines scènes trop rapides, et d’autres qui s’étirent en longueur. Cela sert parfois le roman, notamment pour imposer une ambiance, mais globalement j’ai moyennement accroché. Pourtant plusieurs scènes sont vraiment très réussies et d’une belle intensité, le guet-apens de la première partie ou la scène de guérilla de la deuxième partie par exemple.

Les personnages évoluent tout au long de l’histoire, surtout Azel, Zuhaitza et Calider. Azel court à travers l’histoire et fonce vers une destinée que l’on imagine forcément tragique, à la manière d’un Spartacus ou William Wallace, mais un peu moins actif, et qui semble plus subir que véritablement agir. C’est dommage mais j’ai eu du mal à vraiment avoir de l’empathie pour ce personnage, alors que j’en ai plus eu pour Zuhaitza. Le personnage d’Artemis Cortellan est aussi bien campé, sorte de général fantasque, a priori loyal et respectable, mais j’ai trouvé le dénouement trop inattendu pour sa part.

Le récit s’apparente à un roman historique revisité, il ne prend que de très rares choses au monde de l’imaginaire. Il mixe des considérations type conquête de l’ouest américain avec des questionnements politiques et étiques sur la colonisation et l’intégration. Avec l’entité de la Croix-Blanche, l’auteur aborde aussi la problématique religieuse. On a du mal à situer l’époque technologique correspondant au roman dans notre histoire : on est au début de l’industrie du pétrole, mais pour d’autres choses on est plus tôt dans l’histoire (poudre et canons). C’est assez original et cette approche permet de se poser quelques questions.

Au final c’est un roman ambitieux qui propose une lecture assez longue, pour suivre les dissensions au sein d’une jeune colonie annexée par une grande puissance traditionnelle. Les personnages permettent de se situer au cœur d’un conflit et de se poser les questions de l’intérieur. Le texte est intéressant et se lit bien, mais j’ai eu du mal à m’immerger totalement dedans, je n’ai pas eu le coup de cœur, ou la forte vibration que l’on peut ressentir pour ses personnages. Cela m’a en tout cas permis de découvrir un auteur très intéressant, et m’a donné envie de lire Celestopol qui a priori devrait plus me convenir.

Autres avis: Célindanaé, Dup (book en stock)AelinelAlbedo blogOmbrebones

Cette chronique a lieu pour le mois de Emmanuel Chastellière chez les vénérables de book en stock (merci encore à elles)

mde

Auteur : Emmanuel Chastellière

Éditions Critic

Parution : 20/02/2020

« Telle était la seule chose en laquelle il pouvait avoir encore confiance : le chant du métal et de la poudre. »
1896, Nouveau-Coronado.
Fils illégitime d’un influent propriétaire terrien, Azel fuit son destin, ballotté entre des origines indigènes qu’il renie et une famille qui ne l’accepte pas. Il a préféré rejoindre les montagnes, où il se contente de jouer les chasseurs de primes.
Pourtant, loin des hauts plateaux, la menace d’une guerre se profile dans la péninsule : le Nord, véritable grenier à blé, estime être exploité par le Sud, plus industriel, qui dispose d’un accès à l’océan grâce au port de Carthagène.
Lorsque Azel accepte à contrecœur d’accompagner un convoi d’indigènes décidés à quitter leurs anciennes terres pour le Grand Exil, le jeune homme est loin d’imaginer qu’il va lui-même se retrouver entraîné dans cette guerre civile… et tout ce qu’elle risque fort de réveiller.

19 commentaires

  1. Et bien moi justement, je viens de finir Célestopol. Moi qui d’ordnaire ne suis pas fan du format nouvelles, je me suis régalée alors oui tu devrais sans doute y jeter un oeil 😉
    Merci pour la chronique

    Aimé par 1 personne

    • Tout le monde me dit du bien de Celestopol, dont j’avais lu une nouvelle en beta lecture il y a bien longtemps. Il faut que j’arrive à mettre ce recueil sur le haut de la pile…

      J’aime

Laisser un commentaire