
Le Festival Étrange Grande a eu lieu les 20 et 21 septembre. Le thème de cette année était : les créatures et les monstres en hommage à Anne Rice. La quatrième anthologie publiée dans le cadre du festival a ainsi le même thème et s’intitule Créatures de la nuit. Elle regroupe 16 auteurs et autrices, et est publiée par Livr’s éditions.
Les créatures de la nuit sont nombreuses mais on pense souvent au vampire en premier lieu, d’autant plus pour un festival voulant rendre hommage à Anne Rice. Les vampires sont par conséquent assez présent dans cette anthologie, mais pas forcément autant qu’on aurait pu le penser de prime abord. C’est Morgane Caussarieu, avec Première victime, qui ouvre le bal avec une nouvelle reprenant un personnage de ses romans sur les vampires, à savoir JF. Ce dernier vient de devenir vampire et est confronté au choix de sa première victime, celle dont il se rappellera toute sa vie. Cette nouvelle est totalement dans le thème, et permet de découvrir l’autrice pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore. Aurélie Seiller, avec Floyd, nous propose une autre version du vampire. On peut adopter des vampires comme animal de compagnie, ces derniers ayant été domestiqués grâce à du faux sang en guise de nourriture et un collier leur enlevant toute envie de mordre un humain. Une famille avec une fillette de 10 ans décide de tenter l’expérience et adopte un vampire, mais cela va mal tourner… L’idée est originale, le texte parle des phénomènes de mode notamment en matière d’animaux de compagnie. C’est bien fait et mordant à souhait. Dans Jusqu’à ce que la mort nous sépare de Morgane Pajot, les vampires sont connus de la population. Une jeune femme dont la compagne a été enlevé par un vampire il y a 6 ans travaille la nuit dans une pharmacie. Une nuit, elle retrouve son ancienne compagne et a le projet de la soigner pour la rendre à nouveau humaine. La nouvelle parle de relation toxique à travers le thème du monstre qui n’est pas forcément celui qu’on croit. Votre dévoué… de Naïs Aujard reprend une figure monstrueuse bien connue, celle de Jack l’éventreur, en le transformant en vampire, ce qui donne une justification à ses crimes. Émilie Ansciaux, dans Jamais pour toujours, imagine un vampire qui souffre de sa condition et ne veut plus boire de sang. Jean-François Morlaes, dans Atavisme, imagine une créature assez proche du vampire. Un médecin légiste solitaire doit autopsier un cadavre la nuit, mais le mort est étrange et semble encore en vie. La nouvelle est un peu trop longue avec des passages assez gores.
Place aux autres créatures de la nuit dans l’anthologie en commençant avec Quand meurent les fées de Mina Jacobson. L’histoire suit une vieille dame qui part se confronter à un monstre venant de l’eau. Celui-ci vient voler les souvenirs d’une personne qui ensuite meurt. Très beau texte où le monstre représente la maladie. Dans Une âme dans la nuit de Sandrine Vailtera, il est cette fois question d’une succube. Cette dernière en a marre de son monde et de tuer des humains, elle aimerait avoir le choix de vivre la vie qu’elle veut comme les humains. On lui confie une nouvelle mission qu’elle doit accomplir sous peine de grave sanctions. Une des meilleures nouvelles de cette anthologie, les personnages sont attachants et le monstre original.
Jusqu’à ce qu’ils soient secs de Vincent Mondiot met en scène une autre sorte de monstre. Un homme collecte les loyers dans une résidence où il y a une étrange pourriture rouge qui se répand. La pourriture prend possession des morts après les avoir tué. Le monstre n’est pas vraiment celui qu’on croit au départ. Dans L’heure de la chouette de Guillaume Chouteau, un homme raconte son passé et l’histoire qui lui est arrivé quand il était enfant. Un marchand ambulant est venu chez lui et a contaminé sa mère avec une étrange et subite maladie. Muse macabre de Rémy Gratier de Saint Louis parle d’un homme ayant eu un accident de voiture qui l’a rendu handicapé et a eu pour conséquence la perte de son travail. Il est en dépression, dessine des œuvres très sombres. J’ai eu du mal avec le style mais l’idée est originale.
Dans La face cachée de la lune de Sandra di Prizio, il est cette fois question de loup garou. Une jeune femme veuve a vu son mari tué sous ses yeux mais a tout oublié. Même si on voit la fin venir, la nouvelle est une des plus réussie de l’anthologie. On change totalement de genre avec Ce qui me hante d’Élie Darco, une nouvelle qui joue sur les registres du fantastique. En Italie à la fin de la seconde guerre mondiale, une jeune femme doit se réfugier dans une vieille maison dans la montagne. Elle est enceinte mais son mari est mort. Elle rencontre sa voisine et une étrange histoire se noue entre elles. L’histoire se lit bien et joue sur la folie. Là où les reflets s’estompent d’Anne-Lorraine Wagner raconte l’histoire d’un petit garçon dont le père est décédé. Il voit 2 gobelins que personne d’autre ne voit. Le thème de la nouvelle est assez dur et triste mais c’est très bien écrit.
Créatures de la nuit est ainsi une anthologie qui plaira à tous les amateurs de monstres qui sévissent au coucher du soleil. Elle permet de découvrir de nouvelles plumes. Comme toujours dans une anthologie, certains textes sont plus réussis que d’autres. Mais on passe globalement un très bon moment avec ces créatures.
Autres avis:
Auteurs/autrices: Anne-Lorraine Wagner, Aurélie Seiller, Carwyn Tomas, Elie Darco, Emilie Ansciaux, Guillaume Chouteau, Jean-François Morlaes, Mélanie Poupard, Mina Jacobson, Morgane Caussarieu, Morgane Pajot, Naïs Aujard, Rémy Gratier de Saint Louis, Sandra di Prizio, Sandrine Vailtera, Vincent Mondiot
Éditions: Livr’s
Parution:24/09/2025
Vampires, sorcières, zombies, momies, loups-garous, fantômes… Autant de créatures légendaires qui hantent nos nuits depuis des siècles. Mais qu’en est-il des monstres d’aujourd’hui, tapis dans l’ombre de nos villes et de nos esprits ? Existe-t-il d’autres êtres, encore inconnus, plus insidieux et plus proches de nous qu’on ne le croit ? Ou peut-être le véritable monstre n’est-il que l’ombre qui sommeille en chacun de nous…
Créatures de la nuit rassemble des nouvelles où se mêlent plumes confirmées et voix émergentes, issues pour ces dernières de l’atelier d’écriture du festival Étrange Grande. Cette édition rend un hommage tout particulier à Anne Rice, maîtresse incontestée des ténèbres et marraine de nos peurs les plus intimes.