La collection Une-Heure-Lumière des Éditions du Bélial est devenue un pilier de l’imaginaire en France. Elle a vu le jour en janvier 2016 et en est à son soixantième opus. Le dernier numéro en date, Voile vers Byzance de Robert Silverberg, est une réédition. Le roman date de 1985, il a obtenu le prix Nebula en 1986, a été traduit par Pierre-Paul Durastanti et publié en 1987 dans une anthologie chez J’ai Lu. L’édition dans la collection UHL est la première édition française où l’on retrouve uniquement la novella. Une préface de l’auteur complète le roman.

Futur très lointain, au cinquantième siècle, mais on ne sait pas si on compte toujours de la même manière, la Terre a totalement changé. Les habitants sont peu nombreux mais quasiment immortels et vivent dans l’oisiveté, voyageant et profitant des joies de la vie. Ils n’ont plus besoin de travailler et leurs vies sont des voyages illimitées au sein des 5 Cités légendaires composant le monde. Ces cités changent régulièrement et sont recréées de toutes pièces pour le seul plaisir des citoyens. Ainsi, la cité d’Asgard va bientôt laisser sa place à Mohenjo-Daro. Pour animer ces villes, on a recours à des temporaires, des êtres ressemblant aux humains mais dénués de conscience. Ils donnent l’illusion d’une vie ordinaire à ces cités mythiques.

L’histoire est racontée du point de vue de Charles Phillips, un New-Yorkais de 1984 qui se retrouve dans ce monde étrange. Il ignore comment il est arrivé là et ne se rappelle pas grand chose de sa vie en 1984. Une citoyenne, Gioia, l’a pris sous son aile. A ses côtés, il parcourt les cinq dernières villes existantes, s’imprégnant de leurs légendes et de leur histoire. Mais Charles s’interroge sur sa propre existence, sur ses différences avec les citoyens et les raisons pour lesquelles il vit dans ce monde.

Ce qui frappe en premier à la lecture de cette novella, c’est son côté intemporel. On peine parfois à croire que le texte a été écrit il y a 40 ans tellement les thématiques abordées sont actuelles. Les réflexions sur l’immortalité, sur les choix de vie apparaissent tout à fait justes, donnant au roman un aspect de conte philosophique. Les cités antiques apportent aussi une atmosphère particulière teintée de mélancolie. On y trouve enfin le vertige offert par la science-fiction avec le voyage temporel et les années qui n’ont plus vraiment de sens.

Voile vers Byzance est ainsi une très belle lecture, tout en nuances, avec un aspect intemporel. Les thématiques sont actuelles et propices à la réflexion. A ne pas rater!

Autres avis: L’épaule d’Orion, Gromovar, Le Maki, Le Nocher des livres, boojum,

Auteur: Robert Silverberg

Traduction: Pierre-Paul Durastanti

Éditions: Le Bélial’ collection UHL

Parution: 21 août 2025

La Terre, d’ici trois mille ans.
Si le monde est dépeuplé, les ultimes représentants de l’humanité, immortels, vivent dans l’oisiveté, partageant leur quotidien entre visites de cités légendaires recréées de toutes pièces et fêtes fastueuses débridées. Un monde aux mœurs étranges et libres que découvre Charles Phillips, natif du New York de 1984, projeté dans ce futur radicalement autre pour des raisons qui lui échappent. Il y rencontre Gioia, sa guide, et bientôt sa compagne, avec qui il navigue d’Alexandrie à Xi’an en passant par Asgard. Vive et magnifique Gioia, qui tait le plus terrible des secrets dans cette société hédoniste où, pour tromper les errances d’une vie sans fin, on rebâtit les civilisations, passées comme mythiques, avant de les faire retourner au néant. Or, Charles, lui, l’enfant du XXe siècle, n’a rien oublié de ce que signifie la fin…