Le Cabinet de curiosités de Guillermo del Toro

Le Cabinet de curiosités de Guillermo del Toro est une série américaine disponible sur Netflix depuis le 25 octobre. Il s’agit d’une anthologie, c’est à dire que les 8 épisodes sont indépendants et peuvent être vus séparément, un peu comme pour des nouvelles, mais avec une thématique commune : les contes horrifiques. Les 8 épisodes relatent des histoires d’horreur, et Guillermo del Toro est auteur sur deux épisodes. Le cinéaste mexicain introduit chaque épisode brièvement de la même façon que le faisait Alfred Hitchcock dans Alfred Hitchcock présente. Parmi les différents réalisateurs, on trouve Catherine Hardwicke, Vincenzo Natali ou encore David Prior. Figurent également 2 adaptations de nouvelles de Lovecraft : Le Modèle de Pickman et La Maison de la sorcière.

L’introduction et le générique mettent en scène un cabinet de curiosités dont Guillermo del Toro ouvre les tiroirs et en extirpe des objets en relation avec le thème de l’épisode. Ce procédé est presque ce qu’il y a de plus réussi dans cette série, avec de très belles images, une musique qui met en place une ambiance. En effet, les 8 épisodes sont vraiment inégaux et laissent une impression d’être passé à côté de quelque chose qui aurait pu être beaucoup mieux. Sur les 8 épisodes, 2 sont vraiment d’un bon niveau, le reste oscille entre le moyen et le mauvais. Pourtant, j’attendais beaucoup de cette série, sans doute trop, et la présence d’adaptations de Lovecraft associées à Guillermo del Toro laissaient présager de bonnes choses.

Les deux premiers épisodes ont de faux accents lovecraftiens, avec des livres maudits, des cultes étranges, des monstres à tentacules. Malheureusement, ils ont aussi en commun un personnage principal détestable dont le destin importe peu aux yeux des spectateurs. Ils se laissent regarder passivement, (sauf si on est claustrophobe pour le second) mais n’ont aucun suspense véritable, ni intérêt.

Le troisième vient relever le niveau et relancer l’envie de poursuivre la série. Il met en scène un médecin légiste ( remarquablement interprété par F. Murray Abraham) appelé à l’aide par un vieil ami médecin légiste pour comprendre un étrange accident dans une mine. La réalisation de David Prior est très efficace, l’ambiance angoissante à souhait, la fin un peu trop gore mais un excellent épisode tout de même.

Le quatrième épisode relate l’histoire d’une femme solitaire qui se sent laide en comparaison de ses collègues de travail utilisant toute une célèbre crème pour la peau. elle va se laisser tenter, mettant tous ses espoirs dans cette fameuse crème. L’épisode manie l’humour noir, mais avec beaucoup trop de clichés et de longueurs pour être véritablement réussi.

tout cramer pour repartir sur des bases seines….

Les épisodes 5 et 6 sont les adaptations de Lovecraft. Le 5 reprend l’histoire du Modèle de Pickman assez fidèlement au départ, puis la fin vient tout gâcher en sombrant dans l’horreur gratuite. L’acteur principal n’est vraiment pas inspiré et semble s’ennuyer plus qu’autre chose. C’est dommage parce que l’atmosphère horrifique des peintures était assez bien retranscrite au départ. La suggestion aurait beaucoup mieux collée pour cette adaptation. La Maison de la sorcière est une nouvelle marquante de Lovecraft, avec une histoire glaçante. Et cette adaptation est plus mollassonne qu’autre chose, rajoutant des éléments inutiles au récit. Walter Gilman (campé par Rupert Grint alias Ron dans Harry Potter) a été le témoin de la mort de sa sœur jumelle quand il était enfant. Depuis, il cherche à tout prix à la faire revenir, quitte à aller vivre dans la maison de la sorcière Keziah Mason. Cette partie est traitée trop rapidement, le scénario laissant de la place aux motivations de Gilman. On peine à reconnaître le texte de Lovecraft sous le sentimentalisme ambiant. L’épisode 7 ne vient hélas pas relever le niveau malgré la présence à son casting de Peter Weller de Robocop. L’histoire d’une expérience psychique via des substances psychotropes peine à décoller et ressasse des clichés de film d’horreur. On est plus proche d’une mauvaise scène de Kubrick avec des relents loupés de Carpenter, bref franchement raté !

Heureusement, l’ultime épisode vient relancer l’intérêt de la série en lorgnant du côté de Shirley Jackson. Dans les années 50, deux ornithologues, Nancy et Edgar Badley, vont sur une ile pour étudier le comportement de sturnidés. Ils logent dans une vieille et grande maison isolée. Le couple a récemment perdu leur fille et la maison va susciter d’étranges visions chez Nancy. L’épisode joue sur la suggestion et l’angoisse, mettant peu à peu les éléments en place. La réalisation est efficace, les acteurs très bons et les paysages superbes. Un excellent épisode pour conclure en laissant un bon sentiment pour une série somme toute très moyenne.

Le casting de la série est globalement bon (hormis pour l’épisode 5), l’aspect visuel plutôt réussi mais la série a tendance à privilégier le gore à la suggestion et ne fait jamais véritablement peur. Elle n’est finalement pas le coup de cœur que j’attendais. Seuls 2 épisodes sont véritablement réussis et valent le coup d’être vus, ce qui est assez peu. Néanmoins, chacun dans son genre relève vraiment ce cabinet de curiosités.

Autres avis: Thomas constellations,

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