
La Pierre Jaune est le premier roman de Geoffrey Le Guilcher, journaliste indépendant collaborant avec Le Monde, Mediapart, Le Canard enchaîné ou Les Jours. Le livre a été publié en 2021 en grand format aux Éditions Goutte d’Or. Il est maintenant également disponible en poche chez Folio SF.
Le roman commence comme une enquête policière : en 2024, un agent anglais appartenant à un groupe d’enquête spécialisé dans les infiltrations reçoit la mission d’en savoir plus sur des marginaux anglais responsables de violence en Angleterre. Ceux-ci se sont évanouis dans un camping de la Presqu’île de Rhuys, Morbihan, Bretagne. On voit ainsi le dénommé Jack s’infiltrer dans un groupe mélangeant altermondialistes, pacifistes et activistes plus dangereux, gagnant leur confiance et vivant petit à petit comme eux. Puis survient un événement qui va bouleverser le monde : un attentat qui voit s’écraser un avion de ligne sur l’usine de retraitement atomique de La Hague, provoquant un nuage radioactif colossal qui se met à traverser la France et zoner sur la Manche et l’Angleterre. S’ensuit un exode massif de la population française vers le sud-est, des problèmes à gérer plus insolubles les uns que les autres, et des victimes à court et plus long terme par centaines…
Pourtant, dans le camping de la Pierre Jaune où vivent les marginaux du groupe de Jack, personne n’évacue, et les différentes personnes vont apprendre à vivre avec le risque radioactif, à survivre au milieu des résidences secondaires inoccupées de la presqu’ile de Rhuys. Il faut penser à tout : nourriture, eau, mais aussi tout ce qui concerne la lutte contre les radiations. Le groupe est assez hétéroclite, mais plutôt instruit, on sent que ses membres ont l’intelligence, l’instinct de survie. La mission initiale de Jack va petit à petit s’effacer devant la nécessaire survie, mais aussi de tout ce qu’il découvre et qui va le lier petit à petit à différents membres du groupe, et en particulier une…
Le roman oscille entre les genres du thriller psychologique et catastrophe / fiction. On rentre petit à petit dans une uchronie, avec un côté survie post-apocalyptique. C’est intéressant, on apprend plein de choses qui pourront servir en cas d’épidémie zombie ou catastrophe réelle. L’auteur s’est bien informé sur les conséquences d’un accident nucléaire, c’est bien documenté et on constate que la filière nucléaire française est loin d’être toute blanche si l’on pouvait en douter.
Le point faible du livre réside dans ses personnages, pour lesquels j’ai eu du mal à avoir de l’empathie. Chacun des occupants du camping traîne ses boulets, mais je n’ai pas réussi à comprendre leurs motivations. La plupart font assez clichés, et ont des réactions parfois trop prévisibles, parfois capillotractées. Le cheminement de Jack est à peu près crédible, mais je n’ai pas ressenti grand chose pour lui alors qu’il serait plutôt du genre à être abonné à vdm.com. Les forces de l’ordre que l’on croise dans le livre sont aussi très caricaturales, comme les politiques et autres survivants rencontrés.
La pierre jaune est donc un roman intéressant pour la situation qu’il décrit, son approche de la survie et la prospective sur les conséquences de la catastrophe. Par contre, je n’ai pas réussi à rentrer dans les motivations du groupe, à m’attacher un seul instant aux personnages. Au delà de la critique de la filière nucléaire et de la bourgeoisie propriétaire, je n’ai pas trouvé grand chose à me mettre sous la dent avec ce livre. Pas vraiment d’ennui, mais rien qui m’enchantait non plus à continuer. Je m’attendais à plus punchy, à une enquête plus poussée. Surtout que, venant de terminer la série Tchernobyl peu de temps avant, j’étais en condition pour affronter le nuage radioactif…
Autres avis: Collectif polar, le maki, les pipelettes,
Auteur: Geoffrey Le Guilcher
Édition: Folio SF
Parution: 06/10/2022
Un jour de forte pluie, Jack surgit à la Pierre Jaune, lieu-dit d’un village breton. Cet homme tatoué au strabisme prononcé rend visite à son nouvel ami membre des Jauniens, une communauté d’activistes. À 200 km de là survient un spectaculaire attentat contre l’usine nucléaire de la Hague. Pluies acides, radioactivité, la Bretagne compte parmi les zones à évacuer. Par entêtement, les Jauniens décident de rester sur leur presqu’île. Au nom d’un motif inavouable, Jack les imite. Une étrange survie débute.
La Pierre Jaune est issue d’une hypothèse scientifique admise par l’État français : un attentat contre La Hague serait sept fois plus grave que Tchernobyl. Le personnage de Jack est inspiré de Mark Kennedy, le policier anglais qui a infiltré des milieux anarchistes – notamment en France – durant sept ans.
Oh dommage que ce titre n’est pas retenu ton attention. Et merci pour le lien
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Oui je trouve ça dommage mais je n’ai pas accroché malgré pas mal de choses qui auraient du me plaire. Les personnages ne m’ont pas convaincu.
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ça arrive malheureusement 😉
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Je partage ton opinion, ce roman vaut pour l’interrogation sur le nucléaire et les risques encourus. Dommage que le reste tombe souvent dans le cliché !
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Oui c’est ça, c’est assez bien fait au niveau du déroulement et questionnement, mais pas passionnant.
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Il semble que ce soit un roman où les personnages ne sont qu’un prétexte au propos, ce que je n’aime pas trop mais alors en prime vu le sujet… Je passe. Je n’avais d’ailleurs même pas entendu parler de cette sortie 😅
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Dans ce cas effectivement tu fais bien de passer ton chemin. Si on n’avait pas fini la série Chernobyl juste avant pas sûr que j’aurais eu un intérêt pour le livre non plus…
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Merci pour la découverte même si je vais passer mon tour, les personnages sont importants à mes yeux.
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