L’éducation de Stony Mayhall de Daryl Gregory

L’Éducation de Stony Mayhall est le troisième roman de Daryl Gregory, mais il, s’agit du premier traduit en français. En 2014, il a été publié par les éditions Le Bélial’ comme quasiment tous les romans de l’auteur, hormis La Fantastique Famille Telemachus. Ayant beaucoup aimé les autres romans de l’auteur que j’ai lu, j’ai eu envie de découvrir celui-ci qui revisite la thématique des zombies.

Le roman s’étale sur plusieurs années, entre 1968 et 2011, où tout commence par un flashback en 1968. A Easterly, Iowa, Wanda Mayhall, infirmière et veuve avec 3 filles, découvre en rentrant chez elle le corps sans vie d’une jeune femme et d’un nourrisson. Wanda pense que l’enfant est également mort, mais il va donner des signes d’animation alors qu’il est pourtant mort. Contre toute attente, Wanda va choisir de garder cet enfant et le prénomme John. Pourtant c’est dangereux et c’est un crime d’État depuis qu’une terrible épidémie a frappé le pays et a difficilement été contenue. Les morts-vivants qui n’auraient pas été exterminés sont traqués et détruits par les forces officielles appelées les Fossoyeurs. Ceux qui aideraient les morts-vivants sont enfermés dans des camps d’internement. John Mayhall, surnommé Stony à cause de la couleur grise de sa peau, est à part. Il grandit et devient un enfant puis un ado pas comme les autres. Condamné de par sa nature à une vie clandestine, il voit ses sœurs et Kwang, le fils des voisins coréens, grandir et mener une vie normale.

La grande originalité de ce roman est de modifier les codes du fameux zombie et de renouveler les ressorts dramatiques du genre. Les morts-vivants de Daryl Gregory sont différents de ceux que l’on a l’habitude de voir. Ils sont certes insensibles à la douleur et aux armes, et leur morsure est contagieuse. Mais cela est temporaire, au bout d’un certain laps de temps, ils ne sont plus réellement dangereux et certains arrivent à vivre avec d’autres humains parfaitement normaux. Comme Stony, même si lui est vraiment un cas à part parmi les morts-vivants. Daryl Gregory nous dépeint le quotidien de Stony de manière naturelle, en parlant de sa routine, de sa vie de tous les jours. Il décrit la normalité dans l’anormal de manière totalement captivante. Le mort-vivant est au centre de son roman, mais il n’est pas seulement décrit comme une créature monstrueuse et sanguinaire, même si sa dangerosité est évidente.

Stony est le personnage principal du roman, il a grandi au sein d’une famille humaine tout en ayant bien conscience de son statut à part de mort-vivant, mais il pense être le seul dans ce cas. Son histoire en fait quelqu’un d’attachant, de profondément humain, aimant beaucoup les siens. Les personnages secondaires sont également bien construits et intéressants. Mais c’est surtout Stony qui séduit le lecteur, c’est un personnage inoubliable.

Le récit est construit à la manière d’une uchronie, avec comme point divergeant une épidémie de morts-vivants en 1968 qui va profondément modifié la manière de voir les autres. Le roman a pour thème principal l’altérité, celui dont on a peur et qui peut être son voisin, son collègue. Daryl Gregory fait preuve d’une formidable maîtrise narrative dans ce roman, ponctuant parfois son récit en s’adressant au lecteur comme si tout était vrai, mais aussi de références à l’univers zombies avec un documentaire tourné par Romero sur l’épidémie.

L’Éducation de Stony Mayhall est ainsi un roman marquant à plus d’un titre, il s’affranchit des codes de romans de zombies tout en ajoutant des clins d’œil directement venus de cet univers. Le récit est brillamment construit et particulièrement immersif. Sans aucun doute un des meilleurs romans sur le thème des zombies et un grand livre d’imaginaire.

Autres avis: Yossarian, la yozone, Lutin 82,

Auteur: Daryl Gregory

Édition: Le Bélial’

Parution: 28 août 2014

Traducteur : Laurent PHILIBERT-CAILLAT

« En général, ça finit avec la Dernière Fille, l’unique survivante : une jeune femme en débardeur éclaboussé de sang. Elle lâche sa tronçonneuse, son fusil à canon scié, son pied-de-biche […] et sort en titubant d’une vieille maison. […] L’aube rougeoie sur l’horizon et les goules ont été vaincues (pour le moment, parce que les happy ends ne durent jamais). Peut-être que d’autres survivants finissent par la retrouver et l’emmènent dans une enclave, une forteresse grouillant de soldats, ou à tout le moins de civils bardés de flingues, lesquels la protégeront jusqu’au deuxième volet. Peut-être que cette enclave est située à Easterly, Iowa, à environ cent kilomètres au nord-ouest des ruines de Des Moines. Peut-être que la fille s’appelle Ruby… »

Stony a trois sœurs : Alice, Chelsea, Junie. Et sa mère Wanda, qui l’aime plus que tout. Sans oublier Kwang, son copain de toujours, persuadé que Stony possède un super pouvoir. Parce que Stony est insensible aux flèches que son ami lui plante dans le ventre histoire de rigoler… Il faut dire que Stony ne respire pas. Ne mange pas vraiment. Ne dort jamais. Et pourtant il grandit. Stony ignore ce qu’il est. Il n’a pas pris la mesure de son réel pouvoir. Ça viendra. Reste une interrogation : y en a-t-il d’autres comme lui ? La réponse à cette question emportera tout dans son sillage…

18 commentaires

  1. Je me rappelle qu’il m’avait fait de l’oeil à l’époque, mais il semblait manquer de ce que je raffole tant, c’est de l’action, maintenant peut-être que tu me diras qu’il y en a, ce qui me pousserait peut-être à le découvrir.

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