La ville peu de temps après de Pat Murphy

Pat Murphy est une autrice américaine assez peu connue en France. Pourtant, elle a remporté de nombreux prix et a même cofondé le prix James Tiptree, Jr avec Karen Joy Fowler. L’éditeur Les moutons électriques a eu la bonne idée de publier ce roman de l’autrice La ville peu de temps après qui date de 1989. La traduction est signée Patrick Marcel.

Le monde a du faire face à une pandémie virulente, une épidémie foudroyante de peste qui a détruit la plupart de la population, laissant quelques survivants éparpillés sur le globe. Le récit va s’intéresser à une communauté de survivants résidant au sein de la ville de San Francisco. Pat Murphy dresse le portrait de cette communauté ayant choisi de laisser libre cours à l’art pour guider leur vie dans ce monde post apocalyptique. On croise ainsi un grapheur, un tatoueur, une romancière désirant raconter l’histoire de la ville, un mécano ingénieur hors pair, et un amoureux de l’histoire et des livres…Tous ces personnages ont décidé de se lancer dans la construction d’un nouveau monde sur les ruines du précédent. Le temps aidant, la plupart ont oublié leur passé, leur histoire, ce qu’était le monde d’avant. Au travers l’art et leurs œuvres, ils espèrent insuffler de la joie dans la ville, lui redonner vie peu à peu. Le début du roman oscille ainsi entre post-apocalyptique et utopie. L’autrice propose quelques flashbacks sur l’épidémie, et comment elle a été vécue par les protagonistes de son histoire, ce qui permet de mieux cerner son univers. Le concept développé par la communauté apparait comme idéal, comme une utopie où tout le monde vit à égalité, sans qu’il y ait de véritable pouvoir détenu par quelqu’un.

Cependant, les habitants de San Francisco ne sont pas les seuls survivants de ce monde d’après : En effet, le général Miles, surnommé quatre étoiles par les habitants de San Francisco, rassemble ses troupes dans les villes voisines. Lui semble se rappeler du pays dans lequel il vivait avant la catastrophe mondiale, et il prône la hiérarchie militaire et l’idéologie patriotique. Il veut reformer les États-Unis sous sa bannière. Sa vision est totalement opposée à celle des artistes de San Francisco. L’utopie face à la force armée vont ainsi devoir s’affronter.

Ainsi deux visions que tout oppose vont s’affronter: d’un côté l’art associé au pacifisme, et de l’autre celle de l’union par la force dans le but de redonner gloire à un passé mort, mais pas encore enterré pour tous. Les militaristes veulent vivre dans le passé en reconstruisant le monde tel qu’il était, et surtout ne pas laisser la voie à une autre forme de société ou aux changements quels qu’ils soient. Alors que les habitants de San Francisco veulent construire un avenir coloré, innover, créer sans cesse. En choisissant de repeindre le pont du Golden Gate Bridge, véritable symbole de San Francisco, ils choisissent de changer leur ville puis le monde. Et leurs actes vont avoir une influence sur la cité elle-même, qui va peu à peu reprendre vie. Pat Murphy arrive à donner corps à cette ville, lui donner même une personnalité, une âme. J’ai beaucoup aimé la manière dont l’autrice traite la cité en en faisant un personnage à part entière. C’est fait en douceur, sans que l’on sache vraiment ce qui est réel ou non, ni les véritables actions de la cité.

Le roman a des airs de conte poétique, d’utopie positive. C’est un peu déconcertant au départ, dans la mesure où on a assez peu d’informations sur pas mal d’éléments de l’univers, de ce qui se passe ailleurs. Mais on est très vite pris par la plume de l’autrice, par les personnages. L’accent est mis sur la bienveillance, sur le choix de bâtir un autre monde, en douceur, en apprenant à vivre de nos différences et de nos imaginaires, sur le désir d’accepter la diversité d’être de l’autre.

La ville peu de temps après est ainsi une belle réussite, un roman avec de l’espoir dans un contexte très difficile, un récit qui mêle utopie et post apocalyptique. Les Moutons électriques ont eu une riche idée en traduisant ce roman.

Autres avis : Just a word, Chut maman lit,

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Autrice: Pat Murphy

Traduction: Patrick Marcel

Édition: Les Moutons électriques

Parution: 19/03/2021

Après une pandémie qui n’a laissé qu’une maigre population, San Francisco est surtout peuplée d’artistes, rêveurs, de rebelles qui ont reconstruit une société libre et utopiste. De l’autre côté de la Baie, un militaire veut écraser ses sales hippies — mais la Ville elle-même aidera à le combattre, car elle exsude sa propre magie.

Cette chronique fait partie du challenge estival S4F3

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