Away, trois raisons de regarder….ou pas

Away est une série télévisée américaine créée par Andrew Hinderaker. Elle est diffusée depuis le 4 septembre 2020 sur Netflix. Elle compte une saison de 10 épisodes compris entre 44 et 57 minutes. Pour le moment, la chaine n’a pas encore annoncé officiellement de renouvellement ou d’annulation concernant l’avenir de la série qui mélange science-fiction et drame.

• De quoi ça parle? :

La série suit l’histoire de la première expédition à destination de Mars. La commandante de l’expédition est l’astronaute américaine Emma Green (interprétée par Hilary Swank). La mission durera trois ans, période où elle sera loin de son mari et de sa fille adolescente.

Les points positifs:

– le rôle des femmes dans la mission: la mission est dirigée par une femme et compte deux femmes à son bord sur les 5 astronautes au départ pour Mars. De plus, les deux femmes sont des mères de famille et épouses ayant fait le choix de partir pendant 3 ans, qui comprennent les voyages plus le temps passé sur la planète rouge. Certes, la philosophie des deux femmes est différente et elles vont réagir de manière opposée à l’éloignement. Cependant, on ne peut que souligner cet aspect de mettre les femmes à l’honneur. La première femme à avoir été dans l’espace est la cosmonaute russe Valentina Terechkova en 1963. Pourtant durant les 20 années suivantes, seuls des hommes ont été dans l’espace et il faudra attendre 1982 pour y voir à nouveau une femme puis 1983 pour que ce soit une américaine. Du côté européen, il faudra attendre 1996 avec Claudie Haigneré, première Française et Européenne à aller dans l’espace. L’aspect famille et enfants est souvent mis en avant pour expliquer le fait que les hommes soient beaucoup plus nombreux que les femmes en tant qu’astronautes. Cependant, la série montre que ce facteur touche autant les hommes que les femmes au travers du personnage de Misha Popov qui a une relation tendue avec sa fille à cause de ses absences dues à son métier.

– la série remet le rêve de la conquête spatiale à l’honneur: il faut avouer que voir les images dans l’espace et celles de la planète rouge contient son lot d’émotions. Les scènes dans l’espace et celles finales sur Mars sont très belles. Quand on pense que l’on a fêté l’année dernière les 50 ans des premiers pas de l’homme sur la lune, on se dit que Mars semble encore bien loin.

– la série prend en compte l’aspect humain dans les missions de ce genre. Quand on parle des expéditions spatiales vers notre planète voisine, on pense souvent en priorité à l’aspect technique et technologique. L’aspect humain vient par la suite alors qu’il a une grande importance. Le voyage pour aller vers Mars dure environ 8 mois dans la série, 8 mois enfermé dans un vaisseau, avec toujours les mêmes personnes, des conditions sanitaires particulières, une rupture avec ses proches pendant longtemps. Toutes ces considérations sont des contraintes importantes dans les futurs vols pour Mars. Sur les aspects humains, la série est assez réaliste et on éprouve de l’empathie pour ses personnages. Les vols vers Mars auront autant des enjeux sociaux et humains que scientifiques.

• Les points négatifs:

– les aspects larmoyants et catastrophes sont beaucoup trop mis en avant. Dès le premier épisode, l’aspect dramatique prend très vite le dessus avec le mari de Emma Green qui est victime d’un AVC au moment du départ de la navette. Dans le genre pas de bol, ça s’annonce mal pour la mission. Mais ce ne sera pas tout. Le sort s’acharne sur l’expédition, victime de plusieurs problèmes techniques. Ces catastrophes sont là pour créer du suspense mais trop c’est trop. De plus, au début de la série, on a le droit à de nombreuses scènes de téléphone larmoyantes entre les astronautes et leur famille. Là aussi c’est déjà beaucoup trop. On en viendrait presque à souhaiter que la navette explose, histoire d’en finir avec les scènes tire larmes et les flash-backs inutiles. D’ailleurs, les scènes au téléphone m’ont clairement posé problème. Les liaisons téléphoniques semblent toujours fluide et sans aucun décalage de temps, malgré l’éloignement. De plus, on a l’impression que les astronautes n’ont rien d’autre à faire que de passer des appels ou d’envoyer des SMS.

– c’est long, très long. On a parfois l’impression d’avoir vu passer des épisodes sans que rien n’ait avancé. Les larmoiements, crises entre membres de l’équipage et autres problèmes techniques essayent vaguement de combler le vide mais franchement, il y a bien 3 ou 4 épisodes en trop. Surtout qu’à force de vouloir placer le côté humain en avant, certains éléments de l’histoire apparaissent franchement illogiques. Le cosmonaute russe est âgé, certainement trop pour partir sur Mars malgré ses états de service parfaits. Le biologiste britannique n’est jamais parti dans l’espace et pour sa première fois, il va sur Mars. Les communications sans décalage de temps s’ajoutent à un côté scientifique vraiment très « light » qui dessert le propos de la série.

– la série a un côté américain typique assez horripilant. Dans les séries américaines, on retrouve très souvent certains stéréotypes et Away n’y échappe pas. Au premier rang, la religion. Il est question d’expédition spatiale mais il faut à tout prix caser Dieu dans l’histoire et ce à plusieurs reprises. Franchement c’est horripilant et mal venu. Les membres d’équipage sont également très stéréotypés: le russe est râleur et ne fait pas confiance au commandant tout comme la chinoise qui en plus n’a aucun humour. Les deux qui remettent en question l’autorité de la commandante américaine Green sont bien entendu les « méchants chinois et russes ». On voit ce qui va se passer arriver à l’avance, tout est prévisible, un peu comme s’il y avait des cases à cocher.

• Le mot de la fin:

Away raconte un voyage mouvementé vers la planète Mars et pourtant on est plus proche du soap opera que du space opera. Les images sont belles, l’humain est placé au centre de l’histoire mais le sous titre de certains épisodes aurait pu être  » Dans l’espace personne ne vous entendra ronfler ». Trop de larmes, trop de catastrophes, trop de téléphone, de sentimentalisme nuisent clairement au voyage et on a qu’une envie que la navette atterrisse pour que ce soit terminé.

22 commentaires

  1. C’est marrant, mais j’ai presque l’impression de lire une critique de The fated sky, la suite de Vers les étoiles de Mary Robinette Kowal. Certains des points négatifs que tu décris concernant cette série s’appliquent mot pour mot à ce livre. Notamment le côté caricatural d’astronautes de certaines nationalités ou l’invraisemblable série de catastrophes qui frappe l’expédition.

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  2. Au global je suis d’accord avec ce que tu dis, en bien et en mal, mais de mon côté je me suis bien amusée et j’ai kiffé certaines scènes. Quand je serai lassée d’avoir vu des tas de séries sur le même sujet, peut-être ça me gonflera, en attendant ça fait le job sur la plage horaire repas/détente. Quand je voudrai voir un chef d’oeuvre, je regarderai for all mankind ^^

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