Les Agents de Dreamland de Caitlin R. Kiernan

La 25ème parution de la collection Une heure lumière, Les agents de Dreamland, est signée Caitlin R. Kiernan, une autrice d’origine irlandaise vivant depuis longtemps aux USA. La traduction de ce roman est signée Mélanie Fazi, tout comme la nouvelle Noirs vaisseaux apparus au sud du paradis publiée dans le n°99 de la revue Bifrost. La nouvelle se déroule dans le même univers mais se situe après ce roman. Caitlin R. Kiernan a entre autre travaillé avec Neil Gaiman et a beaucoup travaillé comme scénariste de comics.

Le roman débute en juillet 2015 avec la rencontre des deux protagonistes principaux, le signaleur et Immacolata Sexton, qui a lieu dans un café de Winslow dans l’Arizona. Tous les deux sont des agents spéciaux appartenant à une mystérieuse agence fédérale secrète. Le signaleur travaille pour la Compagnie aux États-Unis, tandis que Immacolata Sexton appartient à la branche britannique de la Compagnie. Leur rencontre en Arizona est liée à un massacre perpétré dans un ranch en plein désert californien. Les lieux des crimes ont révélés des faits horribles et mystérieux qui pourraient avoir des répercutions sur toute l’humanité.

Voilà le point de départ de l’histoire. Cependant, celle-ci va vite se compliquer car l’autrice suit plusieurs fils narratifs se déroulant à des dates différentes. On suit le signaleur, puis Immacolata Sexton, et enfin Chloé, survivante du massacre du ranch. C’est un peu difficile à suivre au départ surtout à cause des dates et de la chronologie qu’il faut reconstituer. Surtout que les chapitres ont également des points de vue de narrateurs différents.

Pourtant, on se laisse prendre au récit grâce à l’ambiance qui en ressort. En effet, le roman se déroule dans l’univers lovecraftien et Caitlin R. Kiernan s’en sort admirablement pour faire ressortir cette atmosphère si spécifique à cet univers. Certaines scènes sont vraiment marquantes, terrifiantes et tout à fait dans l’esprit de Lovecraft. Les références à Lovecraft sont d’ailleurs disséminées tout au long du roman mais de façon subtile. Au point que l’on peut tout comprendre sans rien connaitre au maitre de Providence.

Les personnages sont à peine plus développés que dans les textes de Lovecraft. Le signaleur est un agent qui a de la bouteille, qui a vu beaucoup de choses, certainement trop. Immacolata est une femme très mystérieuse dont on ignore les origines et qui semble dotée de pouvoirs dépassant le commun des mortels. On ressent leur désespoir, leur horreur face à ce qu’ils vivent. Et on la ressent doublement, le roman est à la fois très visuel mais laisse également beaucoup de place à l’imagination de son lecteur. A ce niveau là le roman est une brillante réussite.

Les agents de Dreamland est ainsi une novella exigeante par sa construction en puzzle mais très réussie par son atmosphère sombre, désespérante. L’écriture de Caitlin R. Kiernan a une grande puissance évocatrice et le récit arrive à être glaçant tout en faisant travailler l’imagination de son lecteur.

Autres avis: Feydrautha,  Apophis, Quoi de neuf sur ma pile, Artemus dada, Xapur,

Autrice: Caitlin R. Kiernan

Traduction: Mélanie Fazi

Édition: Le Bélial’

Parution: 27 août 2020

Winslow, Arizona. Deux agences du renseignement y ont dépêché leur meilleur élément. Il y a le Signaleur, un homme désabusé, brûlé aux secrets défense d’un nombre d’administrations qu’il ne peut même plus compter. Et il y a Immacolata Sexton, un mythe vivant, une femme à la réputation proprement terrifiante — si elle n’était pas humaine, le Signaleur n’en serait pas plus étonné que cela… Leur mission ? Enquêter sur une secte dont on vient de retrouver les membres à l’état de cadavres horriblement mutilés au cœur du désert. Une femme en a réchappé. Persuadée d’être investie d’une mission sacrée, elle représente peut-être une bombe à retardement pour l’humanité toute entière… Car dans les tréfonds ténébreux du Système solaire, la sonde New Horizons s’approche de Pluton. Or, nul ne sait ce qu’elle va vraiment trouver aux abords de la planète naine…

Cette chronique fait partie du challenge S4F3 de Lutin 82

Et du challenge “Le Projet Maki” de Yogo

projetmaki

19 commentaires

  1. […] Ma chronique : Comment parler de cette novella ? De nos jours au fin fond des États-Unis, le Signaleur rencontre Immacolata Sexton dont on ne sait pas grand-chose, des morts sordides adviennent à plusieurs décennies d’écart, les participants d’un film de science-fiction des années 30 meurent peu après la sortie de ce même film, des champignons détruisent des corps, un livre de l’Antiquité recèle un mystère ; et surtout, surtout, ce texte nous offre une prose nébuleuse et décousue, comme s’il avait été écrit sous LSD.L’auteure nous décrit un univers fantastique qui s’enfonce peu à peu dans l’horreur, mais en multipliant des évocations sibyllines voire des allers-retours dans le temps au sein d’un même paragraphe, sans jamais donner les clefs de compréhension. Le passé et l’avenir s’entremêlent, ajoutant à la confusion : un nombre invraisemblable d’allusions à des événements sont listées sans qu’on perçoive le lien entre eux.Même si à la fin de l’histoire j’ai compris de quoi il en retourne, je suis hermétique à ce type de narration cryptique.Après avoir terminé cette novella, j’ai lu des critiques positives : j’en conclus donc qu’elle plaira aux amateurs du genre « lovecraftien ».Pour ma part je n’avais pas deviné, en choisissant ce livre, qu’il s’inscrivait dans cette tradition.Autres chroniques dans la blogosphère, en général favorables : Apophis, Gromovar, Feydrautha, Lutin, Xapur, Le Chroniqueur, Nevertwhere, Boudicca, Lorhkan, Célindanaé. […]

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