Quatre ans et vingt-six Heures-Lumières plus tard…

L’opération Une Heure-Lumière 2020 avec son hors-série a débuté le 3 septembre. Pour rappel, le hors-série 2020 contenant entre autre un texte de Kij Johnson est offert pour l’achat de deux titres ou plus de la collection en version papier. C’est l’occasion de reparler de cette collection qui a vu le jour en janvier 2016 et dont le 26 ème titre vient de paraitre.

Les éditions Le Bélial ont été créées en 1996 par Olivier Girard. Elles se consacrent aux littératures de l’imaginaire avec une nette préférence pour la la science-fiction. Le Bélial est aussi l’éditeur de la revue Bifrost, il avait d’ailleurs été créé dans ce but au départ. Puis à partir de 1998, l’éditeur a entrepris la publication de romans. Le nom et le logo de la maison d’édition font référence au démon Bélial. Leur catalogue propose des auteurs fondateurs de la SF mais aussi des auteurs plus modernes. Ils publient environ une quinzaine de titres par an.

La collection « Une heure-lumière » fait partie des éditions Le Bélial’. Elle est dédiée à la novella, qui est une forme d’œuvre littéraire dont la longueur se situe habituellement entre la nouvelle et le roman. Le format de la collection est celui des poches (12 cm x 18 cm avec de grands rabats de 8 cm), avec une identité graphique marquée, signée Aurélien Police, et des couvertures cartonnées. Les prix tournent entre 8.90 à 10.90 euros pour le papier et entre 3,99 et 5.99 pour le numérique. Entre 4 et 6 livres sont publiés chaque année dans cette collection. Dans la collection se côtoient aussi bien des textes contemporains que des plus anciens d’auteurs comme Robert Heinlein ou Gardner Dozois. Le format novella est paradoxalement beaucoup plus présent à l’étranger qu’en France, bien qu’il semble avoir enfin tendance à être un peu plus publié.

Voici le descriptif de la collection sur le site du Bélial’:

« Une heure-lumière, c’est la distance que parcourt un photon dans le vide en 3600 secondes, soit plus d’un milliard de kilomètres. Une distance supérieure à celle séparant Jupiter du Soleil. Ce qui nous emmène déjà très loin…

Faire voyager loin le lecteur, voilà précisément l’ambition de la nouvelle collection du Bélial’, Une Heure-Lumière.

Une Heure-Lumière, ce sont des romans courts et de facture élégante : assez brefs pour être lus d’une traite, mais riches en sense of wonder, faisant la part belle à une science-fiction ambitieuse, celle du vertige et de l’émerveillement.

Une Heure-Lumière, c’est une collection proposant des textes inédits des meilleurs auteurs français et anglo-saxons : Nancy Kress, Paul J. McAuley, Vernor Vinge, Thomas Day, Greg Egan, Ken Liu…

Une Heure-Lumière, ce sont aussi des textes récompensés par les prix littéraires les plus prestigieux : Hugo, Nebula, Locus…

Une Heure-Lumière, ce seront cinq à six romans par an. Avec les étoiles pour objectif. « 

Le format du roman court est à mon sens parfait pour plusieurs raisons. Il permet de découvrir un auteur, de se faire une idée de son style, son univers. Il évite des longueurs, et va au cœur du sujet. Il permet pour les lecteurs moins habitués au genre de découvrir des thématiques sans se lancer dans de grosses sagas.

La collection Une heure lumière comptabilise 26 titres. Voici une sélection selon les genres et thèmes abordés afin de se faire une meilleure idée de sa variété:

  • Pour ceux ou celles qui aiment voyager dans l’espace:

Retour sur Titan de Stephen Baxter vous emmènera sur le plus grand satellite naturel de Saturne pour un voyage étourdissant dans un futur très lointain.

Le sultan des nuages de Geoffrey A. LANDIS vous offre un voyage inattendu vers Vénus et ses cités dans les nuages.

Cérès et Vesta de Greg Egan vous fera découvrir 2 astéroïdes colonisés par l’homme, qui vivent en interdépendance. L’occasion de découvrir l’auteur spécialisé en hard science-fiction.

  • Pour découvrir de nouveaux mondes:

Poumon vert de Ian R. Macleod se déroule sur la planète Habara qui fait partie des Dix Mille et Un Mondes et où les mâles semblent très peu représentés.

Helstrid de Christian Léourier nous fait découvrir une planète très hostile Hesltrid mais où les ressources en minerai sont énormes.

Acadie de Dave Hutchinson se situe sur La Colonie, une constellation d’habitats spatiaux dont le président est Duke.

  • Si vous aimez l’anticipation en SF:

Le choix de Paul J. McAuley propose un futur proche où le réchauffement climatique a entrainé la montée des eaux et où des extraterrestres ont apporté aux humains des nouvelles technologies. Un très beau texte très humaniste.

Issa Elohim de Laurent Kloetzer se déroule dans un futur proche marqué par les dérèglements climatiques et le terrorisme, dans une tonalité plus fantastique.

Le regard de Ken Liu offre une enquête sous fond de cyberpunk avec une femme détective privée comme personnage principal.

L’enfance attribuée de David Marusek présente un futur marqué par les modifications génétiques et technologiques.

Vigilance de Robert Jackson Bennett propose un futur dystopique en parlant du vaste problème des armes à feu aux États-Unis.

  • Sur le thème des voyages dans le temps:

Le temps fut de Ian McDonald conjugue brillamment voyage dans le temps et histoire au travers de récits imbriqués. Un récit émouvant et prenant.

L’homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu parle de voyage dans le temps sous fond de conflit entre la Chine et le Japon. Le plus gros succès de la collection amplement mérité.

  • Sur tout ce qui a trait à la technologie:

Waldo de Robert A. Heinlein est un récit publié pour la première fois en 1942 mais non traduit auparavant en France. Elle parle de science et de magie.

Cookie Monster de Vernor Vinge mêle thriller et haute-technologie dans une grande entreprise high-tech.

Les 24 vues du mont Fuji par Hokusai de Roger Zelazny est une étonnant mélange de technologie, voyage et peinture.

  • Sur le thème des extra-terrestres:

Le Nexus du docteur Erdmann de Nancy Kress se déroule dans un cadre original avec des personnages très âgés. L’aspect extra-terrestres n’est pas prédominant mais fait partie du récit.

Le fini des mers de Gardner Dozois propose une histoire autour de quatre vaisseaux extraterrestres arrivant sur Terre. Le texte date de 1973.

  • Dans un registre fantastique/horreur:

Abimagique de Lucius Shepard, roman mystérieux et envoutant à la narration à la seconde personne du singulier.

Les meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson propose un roman angoissant sur le thème du double. Un récit parfaitement maitrisé et angoissant.

La survie de Molly Southbourne de Tade Thompson suite du précédent, et tout aussi réussi.

Les attracteurs de Rose street de Lucius Shepard nous offre une histoire de fantômes dans le Londres de l’époque victorienne.

  • Dans un registre horreur lovecraftienne:

La ballade de Black Tom de Victor Lavalle propose une réécriture de la nouvelle de Lovecraft L’Horreur à Red Hook. Un des textes les plus réussis de cette collection.

Les agents de Dreamland de Caitlín R. Kiernan est un texte très sombre dans l’univers lovecraftien. L’écriture de l’autrice est très visuelle créant une atmosphère angoissante.

  • Enfin les deux derniers titres restants sont à part du reste:

Dragon de Thomas Day est la toute première parution de la collection UHL. C’est une lecture difficile à cause de sa thématique liée au tourisme sexuel en Asie du Sud Est mais terriblement prenante. La construction du roman est remarquable tout comme l’écriture de l’auteur. Un roman coup de poing d’un auteur qui se fait rare.

Un pont sur la brume de Kij Johnson est le seul roman de fantasy de la collection. Il raconte la construction d’un pont au dessus d’un fleuve constitué de brume qui héberge des créatures étranges. Un très beau récit immersif.

Cette collection Une heure lumière est ainsi très variée et propose des romans qui peuvent toucher un large public. Elle est ainsi parfaite à la fois pour initier à la science-fiction des nouveaux lecteurs, pour découvrir de nouveaux auteurs ou tout simplement pour voyager dans les étoiles.

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