Chroniques du Pays des Mères d’Élisabeth Vonarburg a été publié en 1992. Le roman a obtenu de nombreux prix et a été traduit en anglais sous le titre In Mothers’ Land. Cette traduction a reçu le prix spécial du jury du prix Philip K. Dick. Le roman a été acclamé par différents écrivains dont Ursula K. Le Guin et a atteint une grande renommée. Le livre a été édité en poche en 1996 puis est devenu par la suite très difficile à trouver. Les éditions Mnémos ont ainsi décidé de le rééditer en novembre 2019 et de l’accompagner d’une préface de Jeanne A. Debats.
Une société matriarcale
Le roman se situe dans le même univers qu’un autre roman de l’autrice, Le Silence de la cité mais plusieurs siècles plus tard. Une série de catastrophes et de désastres environnementaux ont ravagé la Terre. De nombreuses années après, la société se reconstruit et un pouvoir matriarcal plutôt pacifique a vu le jour. Mais une maladie inconnue a vu le jour, frappant les jeunes enfants. Les naissances de jeunes garçons sont également de plus en plus rares au point que ceux-ci sont élevés presque uniquement pour leur capacité de reproduction. La société est devenue féminine dans sa structure, sa hiérarchie et même son vocabulaire. Ces problèmes de fertilité ont entraîné une structure de la société assez particulière. Les « Mères » peuvent enfanter avec des mâles et sont choisies depuis leur enfance, suivant ainsi une éducation spéciale. L’insémination artificielle est également pratiquée.
Lisbeï est prédestinée à devenir « Mère » à Béthély mais elle va avoir un destin très différent que celui qui lui était prévu. La jeune femme que l’on suit depuis son enfance s’avère stérile et va choisir de partir explorer le monde plutôt que rester dans sa région natale. La vie de Lisbeï sera liée à l’histoire du monde, à la découverte de faits historiques et archéologiques. Le récit de sa vie est fait à la troisième personne mais également par le biais d’échanges épistolaires de différents personnages du roman et des journaux intimes de Lisbeï. Ce récit permet de comprendre les évolutions de la société et de connaitre les différentes régions. La connaissance du passé du monde reste parcellaire mais tout à fait crédible. Fait très important dans la société, le langage s’est adapté à la féminisation de la société. On attend par exemple une enfante, on monte un chevale. Élisabeth Vonarburg s’attache à décrire son univers habilement, en donnant un compte-rendu anthropologique de la société. L’univers décrit est vraiment unique, la société matriarcale qui est exposée a un fonctionnement et une religion qui lui sont propres.
Un roman porté par la réflexion
Au travers de l’histoire de Lisbeï, c’est un récit initiatique qui nous est conté, l’histoire de la reconstruction de toute la société par les femmes. L’autrice propose ainsi une réflexion sur le langage, sur les genres qui apparaissent liés à la culture, à l’histoire d’une société. Dans une société matriarcale, le langage devient féminisé au contraire de nos sociétés. Au travers de cette société qui est l’inverse de la notre, Élisabeth Vonarburg pointe du doigt l’absurdité de la domination, et déstructure une vision genrée des relations humaines. Elle nous offre ainsi un roman profondément humaniste, qui fait réfléchir à beaucoup de questions, un roman riche de renouveau et de questionnements.
Le ton du récit est mélancolique, c’est l’histoire d’une vie, d’une épopée. L’autrice prend son temps pour décrire son univers, ses personnages. Et c’est parfois trop long. L’histoire de Lisbeï est par moments longuette, elle s’écoule lentement. La religion a également une part assez importante dans le monde. La relation entre Tula et Lisbeï est belle, triste mais prend beaucoup de place dans l’histoire, alors que certains faits sont racontés parfois trop rapidement ou éludés.
Chroniques du Pays des Mères est ainsi un roman porté par la réflexion, par la découverte d’un univers miroir inversé du notre. Élisabeth Vonarburg décrit une société matriarcale et pacifiste par le biais du récit de la vie d’une femme dont le destin va être bouleversé. Des longueurs mais cela reste un beau roman avec de belles idées.
Autres avis: Blackwolf, Vert, Lune, Lutin 82, Elhyandra, Orion, Post tenebras lire, Yuyine, Livrement,
Autrice: Élisabeth Vonarburg
Éditeur : Mnémos
Parution :08/11/2019
La stupidité des hommes a jadis ruiné la planète Terre. La sensibilité des femmes permettra-t-elle de la réparer, ou plutôt de la laisser se réparer ? C’est la question que se pose Lisbeï au cours d’une longue vie aventureuse qui va la mener du Pays des Mères, où les sexes vivent séparés, vers un avenir encore incertain où ils parviendront peut-être à se retrouver. Ce beau roman, qui a reçu plusieurs prix (dont, pour sa traduction américaine, le prix spécial Philip K. Dick), réconciliera avec la science-fiction les femmes qui l’ignorent encore. Quant aux hommes, il leur donnera à réfléchir. Passionnément.
Je suis en plein milieu. C’est bien mais c’est effectivement long. Très long.
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Oui et c’est dommage je trouve
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Je l’ai eu pour mon anniversaire, j’espère qu’il me convaincra autant que toi malgré ses failles ^^
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Superbe roman. Pas forcément facile d’accès (je trouve qu’il y a des passages assez chelous) mais je l’ai lu 2 ou 3 fois et à chaque fois j’en retire de nouvelles choses. Et puis bon les héroïnes qui aiment l’histoire forcément ça m’accroche ^^
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Oui mais j’ai trouvé que certaines longueurs alourdissaient un peu le rythme.
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[…] Ma chronique : J’ai été ravie de gagner ce livre grâce à un concours organisé sur Twitter par l’éditeur Folio SF et le podcast C’est plus que de la SF, pour fêter la sortie en version poche ! En effet, j’avais beaucoup entendu parler de ce roman qui m’intriguait.Plusieurs centaines d’années après « le Déclin », une société peu technologique s’est reconstruite autour des femmes, car à cause d’un mystérieux virus rares sont les garçons qui naissent. Cet univers très féminin, même dans le langage (le neutre est féminin et non plus masculin), met à l’écart les hommes et a réinventé une mythologie, une tradition et des préjugés. Dans un contexte où beaucoup d’enfants meurent jeunes de la Maladie, les femmes sont contraintes d’enfanter régulièrement, alors que nous sommes dans un matriarcat.Lisbeï, élevée pour devenir Mère (cheffe d’une des Familles), se révèle stérile et voit sa vie bouleversée : contrairement à ses sœurs, elle a la liberté de partir et de se former dans une Famille accueillant un système universitaire. De nature curieuse et n’hésitant pas à se poser des questions, elle va très vite s’intéresser au passé qui la passionne.Ce pavé est à la fois très dense et prend son temps : c’est toute la vie de Lisbeï qui nous est retracée, de son plus jeune âge à la garderie jusqu’à ses derniers instants. Ses interrogations et ses réflexions intimes nous en apprennent beaucoup sur un univers où l’Histoire a été construite par des mythes, mais qui évolue lentement et parfois avec réticence. Plus on avance dans le livre, plus on a envie d’avoir les réponses à des énigmes sur la formation de la religion et des coutumes figées, comme dans un roman policier où la victime serait la vérité.Société plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, le Pays des Mères se divise entre croyants plus ou moins extrémistes et progressistes parfois prudents, entre tradition et souhait de découvrir le passé et le monde, dans un contexte culturel où le désir de survie des Familles met la fertilité au-dessus de tout. La Maladie et ses variantes, l’obsession des Lignées, et la peur des zones polluées engendrent un environnement contraignant pour les êtres humains qui ont perdu la liberté de choisir leur destin s’ils sont fertiles. Le passé — réinventé — et ses conséquences sont souvent un frein à l’avenir de cette humanité rescapée.Ce roman foisonnant est une vraie expérience de lecture qui offre des sujets de réflexion nombreux.Autres chroniques dans la blogosphère : Tigger Lilly, Tachan, FeydRautha, Lutin – Aldebo, Lune, Xapur, Nevertwhere, Just A Word, Célinedanaë, […]
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