La controverse de Zara XXIII de John Scalzi

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Je poursuis ma lecture des romans de John Scalzi avec toujours autant de bonheur et autant le dire d’emblée, j’ai adoré celui-ci. La controverse de Zara XXIII est un one-shot de type planet-opera publié chez l’Atalante. Le livre est paru aux États-Unis en 2011 mais est arrivé chez nous seulement en 2018. Dans la préface, John Scalzi explique que ce roman lui a été inspiré par des Hommes de poche de H. Beam Piper publié en 1962. Il a gardé la trame principale du récit mais l’a aussi considérablement changé. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu des Hommes de poche pour profiter pleinement de La controverse de Zara XXIII.

Du planet opera à la sauce juridique

L’histoire se déroule dans le futur sur la planète Zara XXIII, colonisée par la Terre principalement pour les ressources dont elle dispose, ressources devenues extrêmement rares sur Terre. En plus, il se trouve que la planète dispose d’une atmosphère proche de la notre, ce qui est pratique. Le nom de la planète vient de la compagnie qui exploite les planètes : la puissante société Zarathoustra. Celle-ci donne son nom à la planète et à quelques bestioles y vivant. Zara XXIII dispose de plusieurs atouts pour la compagnie: il n’y a pas de vie intelligente répertoriée (des critères bien précis existent pour la définir) et on y trouve des pierres solaires (sortes d’opale extrêmement rares) qui font la fortune de celui qui en trouve un filon. Zara XXIII a ainsi une grande importance pour la compagnie minière Zarathoustra, tout en respectant bien entendu les règles strictes sur l’environnement qui stipulent que l’exploitation doit se faire le moins de dégâts possibles à l’écosystème.

Jack Holloway travaille pour la Zarathoustra en tant que prospecteur minier. Lors de sa dernière mission, il met à jour un énorme gisement de solaires, le rêve pour tout prospecteur. Mais un évènement va bouleverser sa vie, en rentrant chez lui, il découvre une espèce inconnue dans sa cabane dans la forêt: une espèce de chat bipède. Affublé d’une mignontitude à tomber, la créature fait craquer Jack qui va voir que la petite bête n’est pas seule, et désigner cette espèce les « toudous ». Toute la question est de savoir si les toudous sont doués de raison ou sont seulement des animaux.

Plaisir de lecture et réflexion

Le roman se concentre surtout sur la planète Zara XXIII et on sait peu de choses sur l’univers, sur comment les voyages spatiaux se font, sur les autres mondes colonisées. Le départ de la planète se fait par un ascenseur spatial. L’idée de la découverte d’une nouvelle espèce sur une planète n’est pas des plus originales. On la trouve notamment dans Lum’en de Laurent Genefort. Pourtant, cela fonctionne à merveille et on ressent un véritable plaisir de lecture avec ce roman.

John Scalzi construit avec brio son intrigue en imbriquant différents éléments à la manière d’un puzzle. Le style fluide et l’humour de l’auteur font merveille, le roman est un véritable page turner qui se lit presque d’une traite. Cependant, mine de rien, le récit nous fait réfléchir notamment à la préservation de la faune, à l’écologie au travers de la sur-exploitation des ressources, la corruption, la notion de justice. Les hommes n’apparaissent pas forcément sous un jour favorable, seulement guidés par l’appât du gain, prêt à tout pour l’argent et le pouvoir.

Une des autres réussites du roman est ses personnages variés et bien travaillés. Mais c’est surtout le personnage principal, Jack Holloway qui sort du lot. C’est un personnage ambigu, baratineur, grande gueule, nonchalant, égocentrique, manipulateur et pourtant grand cœur. Suivre ses aventures est un régal.

La controverse de Zara XXIII est ainsi un roman remarquable, un page turner qui arrive à nous faire penser à de nombreuses thématiques, un roman intelligent, drôle, brillamment construit, qui mêle lecture détente et réflexion. À découvrir sans hésiter!

Autres avis: Le chien critique, Les lectures du Maki, Lianne, chut maman lit , Ombrebones, Brize,

Bonus: Interview de l’auteur sur Actusf

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Auteur: John Scalzi

Éditeur: L’Atalante

Parution :23/02/2018

Prospecteur indépendant sur une des planètes minières de la toute-puissante compagnie Zarathoustra, Jack Holloway découvre un filon d’innombrables pierres précieuses dont une seule suffira à le mettre quelque temps à l’abri du besoin… si les avocats de son client ne trouvent pas le moyen de l’en déposséder. Le même jour l’alarme de son domicile se déclenche. On s’est introduit chez lui. S’agit-il d’un cambrioleur ? Non ! L’intrus se révèle être une adorable boule de poils d’une espièglerie confondante. Mais sans doute ne vit-elle pas seule sur cette planète… Bientôt, les cadres de la compagnie s’avisent du problème : si le petit peuple à fourrure de Zara XXIII est doué de raison, c’en sera fini de l’exploitation de son sous-sol par une entreprise étrangère. À leurs yeux, la solution est simple : tout faire pour que ne soit pas reconnue cette intelligence. Ainsi débute La controverse de Zara XXIII. Avec son humour coutumier, John Scalzi laisse cette fois encore libre cours à ses idées humanistes dans cette histoire pleine de rebondissements où il dénonce l’âpreté au gain des puissants, l’individualisme de tous et la vulnérabilité des plus faibles.

 

 

 

 

 

16 commentaires

  1. Limite je me suis arrêtée à « de type planet-opera », moment où j’ai ajouté ce livre dans ma liste d’envies. Mais bon, j’ai lu le reste de ton retour, au cas où. Eh bien il est effectivement dans ma liste d’envies 😉
    Je lis peu de SF (comparé aux thrillers et à la fantasy) mais c’est typiquement ce qui pourrait me plaire.

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  2. […] À vrai dire plusieurs romans de John Scalzi auraient pu figurer dans cette liste : Les enfermés, ou encore Le vieil homme et la guerre. J’ai choisi de garder La controverse de Zara XXIII parce que c’est surement celui que j’ai mis le moins de temps à lire, je l’ai dévoré. L’histoire est très prenante et allie SF classique à une intrigue juridique. Le roman offre un énorme plaisir de lecture tout en faisant réfléchir à pas mal de choses. Mon avis détaillé. […]

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  3. […] Autant de points positifs que dans les anciens romans de l’auteur. Mais Scalzi se contente de faire le job, même s’il le fait bien, là où il aurait pu beaucoup mieux faire. Déjà avec des personnages un peu plus travaillés, pas juste une bande de geeks interchangeables. Et puis en ne donnant pas l’impression d’avoir écrit une nouvelle version en moins bien de La controverse de Zara XXIII . […]

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