Un océan de rouille – C.Robert Cargill

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Première parution de l’année 2020 chez Albin Michel Imaginaire, Un océan de Rouille de C.Robert Cargill est un roman post-apocalyptique bourré d’actions. Un roman qui j’espère sera un jour adapté au cinéma car il en a franchement le potentiel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, son auteur C. Robert Cargill étant spécialiste de cinéma et scénariste de plusieurs films dont Sinister et Doctor Strange.

La couverture française du roman fait penser à Terminator et certains côtés du roman également. En effet, une guerre a opposé des machines types intelligences artificielles aux humains. Malheureusement pour l’humanité, John Connor n’était pas là ou alors n’a pas vu le jour. Du coup, le Skynet du cru a gagné, et le dernier humain a été tué dans l’ancienne ville de New York, 15 ans avant le début des événements relatés dans le roman. La guerre a été brève, dévastatrice et a modifié à jamais la face du monde. Cependant, la fin de la guerre n’est pas synonyme de paix pour autant. Les Intelligence-Mondes se battent à leur tout pour obtenir la domination totale. Ces Intelligence-Mondes sont des intelligences artificielles gigantesques. Elles sont aidées de facettes, des robots qui leur sont asservis et jouent le rôle d’extensions pour agir dans le monde. Les 5 unités centrales gigantesques se sont ainsi combattues et il n’en reste plus que deux. Elles n’ont qu’un seul but: faire que tous les robots indépendants restants les rejoignent et fassent d’elle la plus forte du monde. Pour un robot libres, il reste peu de choix, combattre, fuir ou prêter allégeance à une des Intelligence-Mondes.

Voilà l’univers dans lequel évolue Fragile, ancienne robot aide à domicile, vivant indépendamment dans l’océan de rouille. L’océan de rouille est un très grand désert situé entre le Michigan et l’Ohio. C’est surtout l’endroit où les robots vont mourir, une sorte de cimetière des éléphants version robots. Fragile fait commerce des pièces qu’elle récupère sur les robots morts et survit de la sorte dans cette étrange endroit. C’est la narratrice  et personnage principal du roman. Elle a un passé qui l’a marquée, ce pour quoi elle a été programmée n’a plus lieu d’être et elle a dû réapprendre à vivre pendant la guerre et à survivre après celle-ci. C’est un personnage vraiment intéressant et bien construit, tiraillé entre différents sentiments.

Le roman est constitué de deux récits en parallèle: ce qui arrive à Fragile suite à sa mauvaise rencontre avec un autre robot, et comment la guerre entre machines et humains a eu lieu. Le récit consacré à Fragile est rempli d’actions et va à 100 à l’heure. Fragile a été sévèrement endommagée par un autre robot et elle se retrouve mal en point, piégée dans une ville où une Intelligence-Monde arrive. Cette partie du roman a clairement des faux airs de Mad-Max, ça bastonne, ça tire à tout va et ça se lit tout seul. C’est très cinématographique, on visualise très bien les scènes pleines de bruit et de fureur.

Pourtant, ce n’est pas la partie du roman que j’ai préférée. J’ai vraiment beaucoup aimé lire les chapitres retraçant l’histoire du monde et comment l’humanité a fini par disparaitre. La construction de ce conflit, de cet univers est très riche, très bien amenée et contient de nombreuses réflexions sur les intelligences artificielles et notre lien avec elles. Celles-ci étaient devenues prédominantes dans le monde, remplaçant les humains dans beaucoup de taches. L’histoire d’Isaac est particulièrement passionnante et permet de comprendre les problèmes juridiques, philosophiques impliquant les intelligences artificielles. Pour moi, toute cette partie retraçant le passé du monde vaut à elle seule la lecture de ce roman, elle est vraiment originale, bien fichue et remplie de questionnements.

Un océan de Rouille est donc un roman mêlant deux trames narratives, d’un côté un roman de survie dans un monde post-apocalyptique et d’un autre le récit de la fin de l’humanité et du conflit avec les machines. C’est bourré d’actions, c’est très visuel, ça tire, ça explose. Un très bon divertissement qui propose aussi des réflexions sur notre rapport à l’intelligence artificielle qui s’immisce de plus en plus dans nos vies.

Autres avis: Blackwolf (VO), Feydrautha (VO),

Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

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Auteur: C. Robert Cargill

Traduction : Florence Dolisi

Éditeur : Albin Michel Imaginaire

Parution :02/01/2020

Pendant des décennies ils ont effectué les tâches les plus ingrates, ont travaillé sur les chantiers les plus dangereux. Ils nous ont servi de partenaires sexuels, se sont occupés de nos malades et de nos proches en perte d’autonomie. Puis un jour, face à notre refus de les émanciper, certains d’entre eux ont commencé à nous exterminer. Quinze ans après l’assassinat du dernier humain, les Intelligence-Mondes et leurs armées de facettes se livrent un combat sans merci pour la domination totale de la planète. Toutefois, en marge de ce conflit, certains robots, en perpétuelle quête de pièces détachées, vivent en toute indépendance,le plus loin possible des Intelligence-mondes. Fragile est l’un d’eux. Elle écume l’océan de rouille à la recherche de composants à troquer et elle défendra sa liberté jusqu’à la dernière cartouche, si nécessaire.

23 commentaires

  1. Bon, je comptais le lire près de sa sortie mais vu que je croule sous les bouquins et que c’est plus « fun » que « extra » je vais gentiment attendre (et pis la nouvelle Hell Creek m’a un peu refroidi)

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    • J’ai bien aimé la nouvelle, c’est pas le texte du siècle, c’est certain mais c’est original et voir des dinosaures zombies c’est fun.
      Le roman est très différent et mixte à la fois un côté action, divertissement à un autre axé réflexion.

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  2. […] Ma chronique : Quelques décennies après la disparition de l’humanité et de presque toute forme de vie, des robots se font la guerre sur Terre. Au terme de longs combats, il reste deux UMI (Unités Mondiales des Intelligences, des IA gigantesques) qui luttent pour régner sur toute la planète avec l’aide de facettes, robots qui ont téléchargé leur personnalité dans l’UMI et se sont fondues en elles : les facettes ne sont plus que les bras armés des UMI et n’ont plus de conscience propre.Mais il reste des robots libres, qui s’enfuient à l’arrivée des UMI, de ville en ville. Sur le territoire américain, Fragile est d’un d’eux : ancien Aidant — robot conçu pour assister les humains — elle survit grâce au trafic de composants qu’elle déniche dans des ruines ou en manipulant des robots en fin de « vie » pour ensuite les désosser. Personnalité un peu voyou, un peu asociale, mais pas dénuée de sentiments — ce qu’elle refuse de reconnaître — elle se trouvera prise malgré elle au cœur de ce conflit.Lors de la sortie du livre, je m’en étais détournée. L’idée même d’une histoire se déroulant sur une Terre où l’humanité était morte me semblait déprimante. Grosse erreur !On découvre ici un Far West de robots, avec ses rebelles, ses communautés, ses personnages hors norme, son danger tapi dans chaque recoin, ses tireurs d’élite, ses êtres solitaires, dans un environnement propice à la méfiance mutuelle, aux combats de grande ampleur, aux espérances et aux désillusions… écrits dans un style souvent ironique et mordant qui donne beaucoup de sel à cette histoire.Le roman est construit avec une série d’analepses (flash-back) ; Fragile vit le présent et se souvient de la chute de l’humanité, pas à pas. La thématique du souvenir poursuit l’héroïne tout au long du récit, à mesure que son corps lui fait défaut et qu’elle désespère de trouver des composants de remplacement pour survivre, comme n’importe quel humain.Les robots, ici, sont très anthropomorphiques, ce qui n’empêche pas l’auteur de reprendre le thème des intelligences artificielles, vues comme froides et protototalitaires, ni d’exploiter les faiblesses des robots pour forger une histoire convaincante. Les UMI surpuissantes et poussées par leur hubris envahissent inexorablement les terres, tandis que les robots libres refusent que leur esprit soit dilué dans ces IA et sont farouchement attachés à leur indépendance. Le lecteur se plaît à associer les défauts de chacun d’eux à des caractéristiques très humaines, alors que ces robots libres sont contraints par leur état même de robots : s’ils possèdent des capacités physiques supérieures aux espèces organiques et sont dotés de puissances de calcul stupéfiantes, ils sont soumis au délabrement ou à la destruction de composants que plus personne ne fabrique, et ils sont réduits à la traque de pièces détachées. En un sens, ils se savent mortels et cherchent à échapper le plus longtemps à la mort physique ou à l’annihilation par l’absorption d’une UMI.Le roman a parfois été comparé à Mad Max ou Terminator. C’est en partie vrai, mais cela ne rend pas justice à la plume qui ne manque pas de verve ni aux personnages caustiques.De l’action, un peu d’émotion, un scénario et des personnages riches : une très bonne lecture !Autres chroniques dans la blogosphère : Just A Word, le Chien critique, FeydRautha – L’épaule d’Orion (VO), Albedo – Lutin, Yogo – Le Maki, Xapur, l’Ours inculte, Les chroniques du chroniqueur, Célinedanaë, […]

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