Le triomphe des ténèbres – Eric Giacometti et Jacques Ravenne

triomphe

Très intéressé par la période de la seconde guerre mondiale, surtout lorsque l’œuvre prend la forme d’une uchronie ou d’une vision secrète de l’Histoire, ce livre avait déjà toute sa toile de fond pour accrocher mon attention. On navigue ainsi depuis la fin de la guerre civile espagnole jusqu’à mai 1941 et l’invasion de l’URSS par l’armée allemande. Il s’agit du premier tome d’une trilogie intitulée le « Soleil Noir » publiée auparavant aux éditions JC Lattes et réédité chez Le livre de poche. Le roman mélange histoire et enquête ésotérique.

Au début de l’histoire, un département très spécial du parti nazi, l’ahnenerbe, cherche et trouve ce que son directeur pense être une croix gammée spéciale, empreinte d’un pouvoir permettant de dominer le monde. C’est son pouvoir qui va permettre à la Wermacht de détruire les armées françaises, polonaises, belges hollandaises et norvégiennes en 1939-1940. De ce fait, les nazis partent ensuite à la recherche d’autres croix gammées reliques, qui semblent avoir été cachées afin de resurgir pour faire triompher la race aryenne… Mais dans les sphères anglaises, seul pays à s’opposer aux Allemands à cette date, tout est fait pour retrouver cet objet avant les nazis.

Derrière ce pitch assez délirant, se cache en fait la fascination de certaines sphères du parti nazi pour l’occulte, et la croyance à tout prix dans la supériorité de la race aryenne et de son destin. Et cela d’autant plus lorsque cela rejoint certaines histoires ou légendes, comme celle de l’empereur Barberousse ou celles colportées par des occultismes depuis le moyen âge, qui ont notamment produit le Thule Borealis Kulten, un des ouvrages occultes de référence à la base de sociétés secrètes dans lesquelles baignaient de nombreux responsables nazis, et pas des moindres !

Mais revenons au roman, qui couvre donc la course pour découvrir la seconde svastika, ou croix gammée aux supposés pouvoirs. D’un côté, le directeur de l’anhenerbe Weistort, épaulé par un français « collabo parce que pas mieux », Tristan, sorte d’Indiana Jones baladé de prisons en arènes, mais très fort en intuition et s’y connaissant en beaucoup (trop ?) de choses, et par une très belle archéologue  Erika von Essling, ralliée au service des SS à cause des relations de son père plus que par convictions. Face à eux, des résistants rescapés de la guerre d’Espagne, et un groupe d’agent britanniques du SOE, dirigés par l’agent Malorley.

Le démarrage du roman est centré au départ sur la recherche et l’identification d’un château dans lequel la relique devrait avoir été cachée pour le côté allemand, et côté anglais sur la formation de l’équipe et l’autorisation de la mission par les plus hautes sphères. Nul est besoin de dire qu’il est difficile de convaincre Churchill d’aller chasser un objet magique avant que des illuminés nazis ne s’en emparent ! C’est très classique côté anglais, mais pour les nazis cette enquête s’avère être un jeu de piste très intéressant, où l’on comprend vite que l’hérésie cathare va venir brouiller les pistes.

La seconde partie du roman traite des fouilles dans un fameux château, et de l’opération militaire secrète des résistants et anglais. Elle est beaucoup plus centré sur l’action. Durant tout le roman, l’intrigue est entrecoupée de passages historiques sur le destin de 2 figures du nazisme : Rudolf Hess et Heinrich Himmler, de leur vision de l’occultisme nazi, et de leurs folies très différentes. On assiste ainsi au délire de Hess pour l’astrologie, qui va le pousser à faire son fameux vol diplomatique vers le Royaume-Unis, ainsi que le parcours de Himmler vers la solution finale.

Le roman propose un bon moment de lecture, mais j’émets 2 réserves tout de même : les personnages sont par trop caricaturaux et pas très attachants. Ainsi, la mort des personnages secondaires comme principaux ne m’a inspiré aucune émotion. ils sont froids, et trop peu humains. Si l’on s’en doutait pour les nazis, les résistants et agents de ce tome sont tombés sans m’émouvoir. Autre point faible pour moi, mais qui pourra être  un avantage pour d’autres lecteurs : le roman présente des rebondissements, mais auxquels on s’attend quasiment tout le temps. Même le cliffhanger final ne m’a pas surpris, je l’attendais dès la moitié du livre…

À noter à la fin du tome une série de chapitres sur les sources, et des éclaircissements historiques qui précisent bien la réalité de cette course aux objets occultes et au savoirs secrets des nazis. Très clair.

Ce premier tome propose donc une intrigue intéressante, qui plaira aux personnes intéressées par l’occultisme qui veulent lire quelque chose dans la période historique de la seconde guerre mondiale. Pour ceux qui ont déjà lu un peu cette période, je conseillerais également la tétralogie des origines, de Stéphane Przybylski, pour ce qui concerne le côté occultisme nazi, ou la Séparation de Christopher Priest, très convaincant sur le comportement de Hess, le côté occulte en moins.

Autres avis: appuyez sur la touche lecture

Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

livreAuteurs :Eric Giacometti

Jacques Ravenne

La Saga  du Soleil noir

1938. Dans une Europe au bord de l’abîme, une organisation nazie, l’Ahnenerbe, pille des lieux sacrés à travers le monde. Elle cherche des trésors aux pouvoirs obscurs destinés à établir le règne millénaire du Troisième Reich. Son maître, Himmler, envoie des SS fouiller un sanctuaire tibétain dans une vallée oubliée de l’Himalaya. Il se rend lui-même en Espagne, dans un monastère, pour trouver un tableau énigmatique. De quelle puissance ancienne les nazis croient-ils détenir la clé ? À Londres, Churchill découvre que la guerre contre l’Allemagne sera aussi celle, spirituelle, de la lumière contre les ténèbres.

Tristan, le trafiquant d’art au passé trouble ; Erika, une archéologue allemande ; Laure, l’héritière des Cathares… : dans le premier tome de cette saga, l’histoire occulte fait se rencontrer des personnages aux destins d’exception avec les acteurs majeurs de la Seconde Guerre mondiale.

 

4 commentaires

  1. J’avoue que de mon coté je n’aime pas trop la seconde guerre mondiale. Ce sentiment date surement de mes années lycée ou j’avais l’impression qu’on passait notre vie à en parler et à lire dessus.
    Du coup je passe à coté, sans parler des réserves que tu émet et qui ne me donnent pas vraiment envie non plus.

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    • C’est une période qui m’a toujours intéressé au niveau simulation historique, avec toujours l’idée de savoir ce qui se serait passé si… C’est mon esprit wargamer grand format qui parle ! Au niveau services secrets et histoire occulte c’est une période qui offre aussi beaucoup d’opportunités.
      Mais dans un registre purement imaginaire c’est clair que ce roman n’est pas celui qui me viendra à l’esprit en premier. C’est plus un thriller mâtiné de Indiana Jones très classique, mais bien documenté.

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