J’ai découvert cet auteur et ce livre aux Imaginales avant de me rendre compte que l’auteur avait aussi produit un incontournable comme Le Prestige. Je venais d’assister à une conférence sur l’uchronie pendant la seconde guerre mondiale, un thème qui m’est cher, en tant qu’amateur de wargames et de jeux de simulation. J’ai donc lu ce livre qui traite du second conflit mondial entre le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Le récit démarre par un récit dans un présent de 1999, dans lequel un auteur, Stuart Graton, se voit confier des notes biographiques concernant un aviateur de la RAF, Sawyer, pendant la deuxième guerre mondiale par une personne apparemment petite fille du pilote. La lecture de ce récit nous apprend que cet homme a traversé la guerre dans l’aviation britannique, après avoir été médaillé olympique aux jeux de Berlin en 1936 en aviron avec son frère jumeau. Durant ce séjour à Berlin, les deux anglais de caractère fort différent se sont vus remettre la médaille par Rudolf Hess, second du régime nazi, avant de partir d’Allemagne, avec au passage dans leur voiture une jeune femme juive à expatrier… Celle-ci intéressant fortement un des frères, mais c’est l’autre qu’elle va épouser à son arrivée en Angleterre.
L’amorce du récit est assez classique, puis on apprend petit à petit beaucoup de choses sur le début d’age adulte des deux anglais, avant que le récit ne se complique avec la guerre, et la fameuse bataille d’Angleterre qui vit s’opposer les aviations Anglaises et Allemandes. Un des frères est effectivement pilote dans la RAF, en tant que pilote de bombardier, l’autre travaille à la croix Rouge et aide à secourir les victimes du Blitz Allemand. En fait, on comprend bien que dans chacune des deux vies, à un moment donné, la petite histoire a rencontré la grande Histoire, après un événement de type expérience de mort imminente, voire de mort tout court. Et c’est là que le récit diverge entre l’histoire et l’uchronie, durant une journée au cours de laquelle se passe le vol toujours incompris de Rudolf Hess, un bombardement Anglais sur Hambourg, un Armistice entre l’Angleterre et l’Allemagne… Tout cela dans deux récit parfaitement tissé autour de la vie des deux jumeaux.
Le côté génial de ce livre est de proposer une histoire officielle expliquant ce fameux geste de Hess (se rendre seul en avion au Royaume-Uni), et une version distordue mais totalement crédible dans laquelle ce même Hess utiliserait cet avion pour se rendre à Stockholm pour y ratifier un Armistice. Chacun des jumeaux jouant un rôle bien particulier en rapport avec cet histoire, l’un étant le protagoniste de l’histoire réelle (ou une explication pour cette histoire réelle), l’autre le personnage central de l’uchronie. C’est très bien fait et passionnant, et l’auteur arrive à imbriquer habilement ces deux destinées tellement bien que l’on ne sait pas toujours quand on est dans l’uchronie et quand on est dans l’histoire. Les chapitres sont pourtant clairs, mais on a toujours un doute, ou une réminiscence du texte nous fait germer ce doute.
Les personnages sont donc au centre de l’histoire, et à côté des deux jumeaux, on retrouve Birgit, la femme juive sauvée du nazisme devenue femme d’un jumeau, Rudolf Hess qui apparaît souvent en arrière plan, mais intervient dans 3 scènes importantes, et enfin Winston Churchill, le célèbre premier ministre qui apparaît sous un jour peu flatteur, surtout dans l’uchronie. Le thème du double ou du jumeau est au centre du roman, avec de manière évidente les jumeaux, mais aussi le double de Churchill, et un hypothétique double de Hess (?).
Ce roman est pour moi une très bonne réussite dans l’uchronie, mais avec une volonté de l’auteur de brouiller les pistes autour de l’histoire connue, afin de provoquer chez nous une réflexion sur ce conflit, et sur les décisions lourdes de conséquences qui ont été prises à chaque instant. La lecture est très prenante, et demande une attention pour ne pas perdre le fil, ou comme moi relire les 15 premières pages pour me dire : « ah ok c’est encore plus fort que je pensais, comment je l’avais pas vu venir… » (ps : j’ai du mal à retenir les noms).
Auteur :Christopher Priest
Traductrice:Michelle Charrier
Éditeur : Gallimard Folio SF
Parution: 15/05/2008
Que s’est-il réellement passé dans la nuit du 10 au 11 mai 1941, cette nuit où Rudolf Hess s’est envolé d’Allemagne pour négocier la paix avec la Grande-Bretagne ? Son avion a-t-il été abattu par la Luftwaffe ? Hess a-t-il réussi sa mission sans en informer Adolf Hitler ? C’est à toutes ces questions que tente de répondre l’historien Stuart Gratton. Il va notamment s’intéresser au destin exceptionnel de deux frères jumeaux, Joe et Jack Sawyer, qui ont rencontré Hess en 1936 aux jeux Olympiques de Berlin.
Je l’avais commencé il y a quelques années puis jamais repris. Il faudrait que je le sorte de ma PAL, j’ai d’ailleurs plein de C. Priest dedans !
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J’ai beaucoup apprécié, le début peine un tout petit peu à partir, mais ensuite je me suis bien pris au jeu…
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J’ai détesté, pour ma part. Ce qui fait que je me suis tenu à l’écart de tout ce qu’il a publié d’autre. Ce qui est sans doute une connerie vu l’énorme réputation de l’auteur, mais je ne suis pas franchement pressé de retenter l’expérience.
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Les goûts et les couleurs, ça se discute pas, quoique 😉 Pour ma part je vais en lire d’autres de l’auteur, c’était mon premier !
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J’ai tenté Priest avec Le Prestige et je n’ai vraiment pas accrcohé. cecie et le titre qui me parle le plus, mais j’avoue ma frilosité. Cependant ta critique m’emballe vraiment beaucoup. (promis, je ne dois pas que tu me menaces avec un gros marteau.)
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Célindanaé a beaucoup apprécié le Prestige, je le lirai sans doute dans les prochains temps. Pour la Séparation il faut être un peu intéressé par la période pour mieux en profiter.
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J’ai adoré ce roman, c’était la première fois que je découvrais un texte de l’auteur 🙂 Par contre je termine tout juste ma lecture de L’Adjacent et le constat n’est pas du tout le même 😦 Il faut que je m’attaque au Prestige ! 😉
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Pour moi aussi c’était mon premier Priest, bonne pioche. Le Prestige va aller sur le haut de la pile… avant que les Imaginales ne l’enterrent pour un moment 😉
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C’est le moment de remplumer un peu la PAL 😉
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Il est top ce livre ! Deuxième livre que je lisais de l’auteur, après Le prestige et woaw ! Faut absolument que j’en lise d’autres.
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Décidément l’auteur a l’air un peu clivant, on adore ou on n’adhère pas du tout j’ai l’impression En tout cas ces retours me donnent encore plus envie de lire le Prestige..
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Je retente de poster un commentaire, sans l’envoyer par mail 😀
Donc je disais j’aime ce livre, d’amour !
J’adore Priest, du moins ses livres. Il demande au lecteur de vraiment lâcher prise, tu ne peux pas aimer La Séparation si tu veux que tout ait du sens ou une explication. D’ailleurs ça vaut aussi pour L’Adjacent et bien d’autres. Priest questionne la mémoire et au-delà, la réalité.
Pour découvrir une autre facette de lui, on peut lire Le Monde inverti qui est son tout premier roman. L’un des livres qui possède le plus bel incipit du monde « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. »
J’avais moins aimé Le Prestige, mais je l’ai lu après avoir vu le film et du coup j’avais des images très précises en tête qui ne collaient absolument pas avec le roman (puisque Priest n’a même pas été consulté pour le film – il a écrit un passionnant essai à ce sujet qui a été publié chez Le Bélial dans L’été de l’infini)
Bon j’adore. Je l’ai déjà dit ??
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Merci pour le retour complet. ça me donne vraiment envie de poursuivre avec de nouvelles oeuvres de l’auteur.
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Ça tombe bien, on va aux imaginales tout bientôt 🙂
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